Politique

Blocage dans les négociations sur Gaza : la carte du retrait relance les tensions


Les négociations indirectes visant à obtenir un cessez-le-feu à Gaza connaissent un ralentissement important en raison des désaccords profonds sur la cartographie du retrait des troupes israéliennes, selon deux sources palestiniennes proches du dossier.

Le cœur du litige : une cartographie disputée

Ce samedi, les deux sources ont indiqué à l’AFP que les discussions souffrent d’un blocage sérieux en raison de l’insistance d’Israël sur une « carte de repositionnement militaire », et non d’un réel retrait. Celle-ci maintiendrait les forces israéliennes sur environ 40 % du territoire de Gaza, une condition inacceptable pour le Hamas.

L’un des interlocuteurs a précisé : « Les négociations de Doha sont au point mort : Israël propose une carte de repositionnement, pas un retrait ; elle maintiendrait une présence militaire sur plus de 40 % du territoire de Gaza, ce que le Hamas refuse catégoriquement. »

Un second responsable déclare : « Israël continue de temporiser et de faire capoter l’accord, dans le but de poursuivre une guerre d’extermination. »

Zones de contrôle contestées

D’après la carte proposée, Israël souhaiterait maintenir son contrôle militaire sur toutes les zones au sud de l’axe Morag à Rafah, y compris la région dite de “Phildadelphie”, le long de la frontière égyptienne sur plus de 13 km.

Le plan inclut également un maintien de la présence dans la majorité des terres de Beit Hanoun au nord, ainsi que dans des zones orientales profondes, à une distance de 1 200 à 3 000 mètres de la frontière orientale du territoire.

Le négociateur palestinien soulignait la gravité de cette carte : « Cela revient à légitimer un quasi-occupation de près de la moitié du territoire, confinant Gaza à des zones isolées, dépourvues de passages et de libertés de circulation, telles des “camps nazis”. »

Risques de déplacement forcé

Il avertit qu’une telle carte pourrait entraîner le confinement de centaines de milliers de déplacés dans une zone étroite à l’ouest de Rafah, avec un risque de déportation vers l’Égypte ou d’autres pays, une perspective que le Hamas rejette catégoriquement.

Rôle des médiateurs et temporisation stratégique

Les médiateurs qatariens et égyptiens ont selon lui suggéré de reporter les négociations sur le retrait jusqu’à l’arrivée de l’émissaire américain Stefan Witkoff à Doha. Ils ont promis de maintenir la pression diplomatique pour rapprocher les positions.

Avancées tangentielles

Au-delà du retrait, le responsable souligne des progrès limités concernant l’acheminement d’aide humanitaire et la question des échanges de prisonniers, mais rappelle que sur les retraits, aucune réponse israélienne n’a été obtenue : « Le ministre israélien négociateur ne dispose d’aucune réponse, et ne négocie pas réellement, car il n’en a pas l’autorité. »

Le bilan humain se détériore

Parallèlement aux pourparlers, la tragédie humanitaire à Gaza continue. Vendredi, les services de protection civile ont fait état d’au moins 30 nouveaux morts dus aux frappes israéliennes, alors que la guerre entre dans son 22ᵉ mois.

Selon l’ONU, environ 800 Palestiniens ont été tués en tentant d’accéder à des aides alimentaires depuis la fin mai, notamment aux abords des centres de distribution gérés par Gaza Humanitarian Foundation. Des tirs israéliens auraient frappé des civils en attente de vivres.

Israël a répondu en déclarant avoir cherché à limiter les altercations entre sa force militaire et la population. L’armée a aussi affirmé avoir démantelé récemment une cellule terroriste à Khan Younès, saisi des armes, et éliminé un haut responsable du Jihad islamique, Fadel Abu Al-Atta, dans le quartier de Chujaiya, responsable de plusieurs attaques du 7 octobre 2023.

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