Beled Hawo : tensions croissantes entre le Jubaland et le gouvernement somalien — initiative surprise et fragilité persistante

La ville de Beled Hawo, située dans la région de Gedo, au sud-ouest de la Somalie, revient au premier plan de la scène politique et sécuritaire, après l’annonce par les forces de l’État du Jubaland de sa prise de contrôle.
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Cette évolution militaire inattendue survient dans un contexte de tensions croissantes entre l’État fédéré du Jubaland et le gouvernement central somalien.
Alors que l’administration du Jubaland a qualifié cette opération de démarche visant à rétablir la sécurité locale, le gouvernement fédéral a dénoncé un « mouvement illégal », accusant cette initiative de viser les institutions de l’État et de mettre en péril la stabilité régionale.
Ce développement relance les débats sur les différends persistants entre les deux parties concernant l’influence et le contrôle dans le sud du pays, dans un contexte marqué par l’absence de consensus politique sur la gouvernance de la région de Gedo. Certains appellent à désamorcer la crise par le dialogue et la recherche de solutions pacifiques.
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Le Jubaland prend le contrôle
Mardi, les forces du Jubaland ont annoncé avoir pris le contrôle total de la ville de Beled Hawo, à l’issue de violents affrontements contre des unités de l’armée nationale somalienne.
Dans un communiqué relayé par des médias locaux, l’administration du Jubaland a déclaré que « les forces de sécurité de l’État ont imposé leur autorité sur les installations administratives et sécuritaires de la ville », ajoutant que l’opération avait permis l’arrestation « d’éléments perturbateurs de la sécurité ».
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Selon des sources médiatiques locales, les affrontements ont éclaté après l’arrivée, par hélicoptère militaire somalien, d’Abdirashid Janan — récemment nommé par le gouvernement fédéral à la tête de l’Agence nationale de renseignement et de sécurité — ce qui a intensifié les tensions entre les troupes fédérales et celles loyales à l’administration du Jubaland.
En réaction, le ministère fédéral de la Sécurité intérieure a accusé, dans un communiqué officiel, le président du Jubaland, Ahmed Mohamed Islam (Madobe), d’être à l’origine de ces affrontements armés visant les institutions de l’État, notamment le siège de l’immigration et de la nationalité, ainsi que des sites militaires de l’armée nationale.
Le ministère a condamné ces attaques et affirmé qu’il poursuivrait les responsables en justice.
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Crise politique persistante
La crise politique entre le gouvernement fédéral et l’État du Jubaland remonte à l’élection tenue par ce dernier, au terme de laquelle Ahmed Madobe a été réélu pour un troisième mandat, le 25 novembre 2024.
Le gouvernement fédéral a refusé de reconnaître le résultat, le qualifiant d’« inconstitutionnel », invoquant la limitation à deux mandats imposée par la constitution régionale. Il a également critiqué les conditions dans lesquelles s’est déroulé le scrutin. Cela a conduit à une impasse politique et à une rupture de la coopération sécuritaire entre les deux parties, en particulier dans la région de Gedo, zone stratégique à la frontière kényane.
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La prise de contrôle de Beled Hawo par le Jubaland envoie un signal clair : l’État fédéré conserve sa capacité à administrer ses zones stratégiques. De l’autre côté, des sources bien informées en Somalie soulignent la fragilité du contrôle exercé par le gouvernement fédéral, en dépit du soutien régional et international dont il bénéficie.
Cette évolution ravive les craintes d’un retour à des affrontements armés entre les autorités fédérales et les administrations régionales, dans un contexte de vide institutionnel marqué par l’absence d’un accord politique structurant les rapports entre le pouvoir central et les États membres, selon plusieurs observateurs.