Grand Maghreb

Bachagha accuse Dbeibah de corruption financière et menace de lui couper les revenus pétroliers


Le gouvernement libyen nommé par la Chambre des représentants et dirigé par Fathi Bachagha, Samedi, a accusé le gouvernement d’unité nationale dirigé par Abdel Hamid Dbeibah d’avoir commis des infractions financières qualifiées de « graves », et a menacé de bloquer les revenus pétroliers des comptes de la Société qui gérait le secteur, ce qui constituerait une nouvelle étape qui aggraverait l’impasse politique et entraverait les efforts de l’envoyé de l’ONU, Abdoulay Bathelli, pour mettre fin à la crise dans le pays.

Une lettre du Ministre de la planification et des finances du Gouvernement nommé par le Conseil des représentants, Oussama Hammad, adressée au Procureur général, au Président de la Commission de contrôle administratif, au Président de la Cour des comptes et au Président de la Commission de lutte contre la corruption, a été publiée sur la page Facebook officielle du Ministère.

La lettre précise: « Nous vous notifions les irrégularités financières commises par le chef du gouvernement d’unité nationale sortant (en référence à Dbeibah) le 28 décembre et qui s’ajoutent à d’autres violations commises à l’encontre des forces libyennes ».

Hammad indique dans sa lettre que « Dbeibah a viré (rapatrié) plus de 16 milliards de dinars et 500 millions de dinars (environ 3,2 milliards de dollars) de crédits du Titre III sans titre légal ».

C’est ce que les militants ont révélé deux jours avant que Dbeibah ne fasse transférer une partie du budget général de 2022 à 2023.

Hammad a ajouté que « ce que les Ours ont fait, c’est d’échapper à la restitution de la somme au compte de réserve général à la fin de l’année, comme l’exige la législation ».

Il a ajouté que « la National Oil Corporation a joué un rôle central en contrevenant à la loi en alignant les comptes du Ministère des finances du Gouvernement d’unité nationale sur les revenus pétroliers déposés auprès de la Banque étrangère de la Libye ».

Hammad a menacé de prendre « un certain nombre de mesures d’escalade pour stopper le flux des recettes tirées des ventes de pétrole et de gaz vers le compte bancaire de la Fondation afin de préserver ces fonds du gaspillage », sans plus de détails.

Il a demandé « l’ouverture d’une enquête judiciaire et administrative approfondie sur le sujet, l’ouverture d’une procédure pénale et disciplinaire contre le chef du Gouvernement d’unité nationale sortant et tous ses complices dans les faits mentionnés, et la mise en cause de la responsabilité juridique et des conséquences des violations ».

Le 29 septembre dernier, le ministre des Finances a demandé au gouvernement Bachagha, gouverneur de la Banque de Libye du gouvernement d’unité nationale à Tripoli, Saddik Al Kabir, de « transférer les recettes prévues par la loi budgétaire aux comptes du ministère des Finances dès qu’elles auront été déposées en premier et ne seront pas transférées sur des objets parallèles », en référence au ministère des Finances du gouvernement de Dbeibah à Tripoli.

Les observateurs considèrent que le conflit entre les Gouvernements de Bachagha et Dbeibah sur les revenus pétroliers est le plus grave et constitue une étape avancée, dans la mesure où ce sont les revenus pétroliers qui sont dépensés pour l’éducation, la santé et tous les aspects de la vie en Libye.

Depuis le 17 avril dernier, le secteur pétrolier libyen a été le théâtre d’une vague de blocus de champs et de ports pétroliers par des groupes tribaux du sud, du centre, du sud-ouest et de l’est, protestant contre le fait que Dbeibah n’ait pas pris le contrôle du gouvernement de Bashagha.

En Libye, le gouvernement dirigé par Bachagha, mandaté par la Chambre des représentants de Tobrouk (est), est en conflit avec le gouvernement de Dbeibah reconnu internationalement, qui refuse de céder le pouvoir à un gouvernement mandaté par un nouveau parlement élu.

Les deux gouvernements sont aux prises avec des problèmes de recettes publiques, en particulier l’argent du pétrole dont le pays dépend pour financer son budget, tandis que les efforts des Nations unies pour obtenir un consensus libyen sur une règle constitutionnelle prévoyant des élections pour résoudre la crise sont au point mort.

La communauté internationale s’accorde à reconnaître que le maintien de l’indépendance de la compagnie pétrolière et une répartition équitable de ses revenus, qui représentent 90 % du budget général de l’État, sont des éléments essentiels pour résoudre la crise libyenne.

Toutes les recettes de l’État, en particulier le pétrole, qui sous-tend le budget général de l’État, étaient distribuées à la banque centrale de Tripoli, mais, depuis juillet dernier, les recettes pétrolières ont été portées aux comptes de la banque extérieure, ce qui est presque gelé par le conflit.

Le gel de ces recettes s’est fait selon un plan des États-Unis, exposé par l’Envoyé spécial des États-Unis en Libye, l’ambassadeur Richard Norland, qui prévoyait le gel des recettes pétrolières de la Libye jusqu’à la création d’un comité libyen chargé de superviser le décaissement équitable de ces recettes en Libye, conformément au principe de la transparence dans la gestion des ressources financières de la Libye, de façon à ce qu’aucune des parties au conflit ne profite de ce plan.

Bien que ce plan américain ne rencontre pas l’approbation des Libyens, il a déjà été appliqué et les revenus pétroliers ont été saisis par la Libyan Foreign Bank, mais son accès au gouvernement de Dbeibah, malgré le gel qui lui a été imposé, soulève de nombreuses questions.

Le plan américain était d’éviter que ces fonds ne parviennent à l’un des gouvernements rivaux jusqu’à ce que la commission soit formée, mais ils arrivent pour le gouvernement de Dbeibah, qui les utilisera à son profit, et n’arrivent à rien dans des zones non contrôlées par Dbeibah, comme l’Est ou le Sud.

Les cercles politiques libyens considèrent que le projet américain de geler les revenus pétroliers de la Banque étrangère de la Libye a d’emblée été une mauvaise idée, d’autant plus que cette dernière est dirigée par Mohammed Ali Abdallah Addarrat, un membre éminent du Front national du salut de la Libye, une organisation islamique très proche de l’organisation des Frères de Libye.

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page