« Assez » : un cri palestinien venu de Gaza

Dans la cour de l’hôpital Nasser, à Khan Younès, au sud de la bande de Gaza, des femmes en larmes se sont rassemblées autour de corps enveloppés dans des linceuls blancs.
Non loin d’elles, des hommes récitaient la prière funéraire pour d’autres victimes des frappes israéliennes survenues à l’aube de ce mercredi.
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Au petit matin, plusieurs dépouilles ont été transportées, certaines enveloppées dans des couvertures épaisses, dans des véhicules privés ou des ambulances.
Parmi elles se trouvait le corps de la petite Aysel Adnane Abou Salah, âgée d’à peine un an et demi, selon l’hôpital Nasser. À l’entrée de l’établissement, un jeune homme tenait la dépouille de l’enfant, le visage couvert de poussière, le crâne ouvert.
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À ses côtés, un homme portait un sac blanc marqué du logo de l’UNRWA (Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens), contenant les restes humains déchiquetés de victimes de la frappe aérienne israélienne ayant visé la maison de la famille Abou Salah, dans la région agricole d’Abssan al-Kabira.
L’armée israélienne avait pourtant ordonné, lundi, l’évacuation de cette zone. Mais selon Shawqi Abou Salah, un parent de la famille, « elle était pauvre, elle n’avait pas les moyens de fuir vers les zones de déplacement désignées par l’armée à Al-Mawasi ».
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« Quel est leur crime ? »
Une femme témoigne : « La famille Abou Salah vivait dans un immeuble de trois étages. À chaque étage, une famille composée d’un père, d’une mère et de leurs enfants. Tout a été effacé. Quel était leur tort ? Qu’ont-ils fait ? Ce n’étaient que des enfants, le plus âgé avait cinq ans. »
Le service de la protection civile de Gaza a déclaré que des dizaines de frappes israéliennes ont touché Khan Younès, y compris les tentes des déplacés, croyant à tort y être en sécurité.
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Israël a intensifié ses frappes aériennes et ses opérations terrestres sur Gaza, affirmant vouloir contrôler l’ensemble du territoire.
Ces attaques font des dizaines de morts chaque jour, avec 120 décès recensés pour la seule journée du 16 mai.
« Il ne me reste plus personne »
Soutenue par un groupe de femmes, Feryal Abou Salah pleurait avec déchirement : « Maman, pas un, ni deux… il ne me reste plus personne. Inna lillahi wa inna ilayhi raji’un… Hasbiya Allah wa ni‘ma al-wakil. »
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Dans un autre coin de la cour de l’hôpital, des femmes et des enfants s’étaient assis sur le trottoir.
L’une d’elles, entièrement vêtue de noir et tremblante, racontait : « Le frère de mon mari, père de sept enfants, est allé dormir chez un ami. Ils ont détruit la maison sur lui. »
Elle s’est ensuite écriée : « Assez, assez ! Qu’attendez-vous ? Que vous buviez encore plus de sang ? Vous regardez ce massacre comme un spectacle… »
Dans la pièce où étaient déposés les corps des membres de la famille Abou Salah, des hommes tentaient de calmer un proche, inconsolable, qui criait des paroles incompréhensibles.
L’armée israélienne n’a pas répondu aux demandes de commentaires de l’Agence France-Presse.
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Bilan humain catastrophique
Le conflit a éclaté après une attaque surprise du Hamas contre le sud d’Israël le 7 octobre 2023, causant la mort de 1218 personnes, en majorité des civils, selon un bilan de l’AFP basé sur des chiffres officiels israéliens.
Depuis le début de la guerre, 53 655 personnes ont été tuées à Gaza, d’après le dernier décompte du ministère de la Santé du Hamas, dont au moins 3 509 depuis la reprise des frappes israéliennes le 18 mars dernier.
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