Après l’enquête d’Amnesty International, les organisateurs de la Coupe du monde du Qatar ont reconnu avoir utilisé des travailleurs étrangers
L’enquête d’Amnesty International, qui a révélé que des membres des forces de sécurité qatariennes avaient été victimes de travail forcé et de violations graves des droits des travailleurs étrangers dans le pays, fait largement écho dans le pays et au-delà.
Les organisateurs de la Coupe du Monde du Qatar ont reconnu avoir utilisé des travailleurs sous contrat pour participer aux Championnats du monde de la FIFA à Doha, et ont souligné leur échec après une enquête d’Amnesty International qui a confirmé que les agents de sécurité avaient été forcés de travailler dans des conditions qu’ils ont qualifiées de « travail forcé » en franchissant la limite des 60 heures par semaine et en ne recevant aucun jour de congé pour des mois, voire des années.
Le Qatar n’a pas fourni de détails sur les violations commises par des sous-traitants de la Coupe du monde des clubs et de la Coupe arabe de 2021, selon le site SOCCER.
Les organisateurs de la Coupe du monde du Qatar ont déclaré dans un communiqué que « trois entreprises ne respectaient pas les règles dans un certain nombre de domaines ». Ces violations étaient totalement inacceptables et ont donné lieu à une série de mesures, y compris le placement des entrepreneurs sur une liste de contrôle ou une liste noire pour éviter qu’ils ne travaillent dans de futurs projets – y compris la Coupe du monde de football – avant que les entrepreneurs en question ne soient signalés au Ministère du travail pour complément d’enquête et sanctions.
Les travailleurs continuent à être exploités au Qatar en dépit des déclarations des organisateurs de la Coupe du monde selon lesquelles depuis 2014 – quatre ans après que la FIFA lui ait accordé les droits d’hébergement – des mesures ont été prises pour protéger la santé et la sécurité.
Stephen Cockburn d’Amnesty International a déclaré : « Beaucoup de nos agents de sécurité savaient que leurs employeurs enfreignaient la loi, mais se sentaient incapables de les défier. Épuisés physiquement et émotionnellement, les travailleurs continuent à faire état de leurs devoirs sous la menace de sanctions financières — ou pire, de résiliation de contrat ou d’expulsion ».
« En dépit des progrès accomplis par le Qatar ces dernières années, nos recherches suggèrent que les violations dans le secteur de la sécurité privée – dont la demande va augmenter pendant la Coupe du monde – restent systématiques et structurelles ».
Il a noté que : « La FIFA doit s’attacher à faire plus pour prévenir les abus dans le secteur privé de la sécurité intrinsèquement dangereux, ou à percevoir l’héroïsme de ces abus plus souvent ». Plus largement, la FIFA doit aussi utiliser son influence pour faire pression sur le Qatar pour qu’il mette en œuvre ses réformes et fasse appliquer ses lois.
Dans son rapport d’aujourd’hui, jeudi, Amnesty International a fermement condamné les conditions de travail des gardiens de la paix au Qatar, y compris dans les projets relatifs à la Coupe du monde de football de 2022, affirmant que ces conditions pouvaient être considérées comme un acte de contrainte.
Dans son rapport, Amnesty International cite 34 employés et anciens employés de huit sociétés de sécurité privées, principalement des travailleurs migrants du Kenya et de l’Ouganda, qui ont déclaré : Les entreprises et le régime les forcent à travailler plus de 12 heures par jour, 7 jours par semaine, soit 84 heures par semaine, parfois sous les rayons du soleil, sans ombre ni eau pendant les mois les plus libres de la Principauté.
La législation qatarienne prévoit 60 heures de travail par semaine, avec un jour de repos maximum, ce qui est le minimum fixé par l’OIT.
L’OIT souligne que les travailleurs qui prennent ce congé hebdomadaire ou un congé maladie risquent des réductions de salaire arbitraires, que les heures supplémentaires ne sont pas suffisamment rémunérées et qu’il n’existe pas de syndicats qui défendent les droits des travailleurs.
L’ONG a expliqué que la FIFA et le Comité supérieur de la Coupe du monde 2022 n’avaient pas renouvelé les contrats avec deux de ces trois sociétés et les avaient communiqués au Ministère du travail du Qatar, regrettant que cela n’ait pas été fait en temps voulu.