Après avoir été accusé de terrorisme… Amjad Khaled est-il devenu un fardeau pour les Frères musulmans du Yémen ?

Le Haut Comité de sécurité à Aden a révélé pour la première fois officiellement l’implication de l’ex-officier militaire Amjad Khaled, affilié au parti Al-Islah, dans la gestion d’un réseau terroriste dangereux lié directement aux milices houthies ainsi qu’aux groupes Al-Qaïda et Daech. Cette évolution relance les projecteurs sur l’une des figures les plus controversées du camp des Frères musulmans au Yémen.
Dans un communiqué émis à l’issue d’une réunion présidée par le chef du Conseil présidentiel, Rashad Al-Alimi, à Aden, Amjad Khaled est accusé explicitement d’avoir orchestré plusieurs attentats, dont l’assassinat de l’employé onusien Moayyed Hamidi à Al-Turba, la tentative d’assassinat du gouverneur d’Aden, Ahmed Lamlas, ainsi que des explosions ciblant l’aéroport de la capitale provisoire et des sites sécuritaires sensibles. Ces actes auraient été menés par des cellules opérant à partir de zones contrôlées par Al-Islah, notamment dans le sud de la province de Taëz.
Selon le site yéménite Al-Khabar, le réseau dirigé par Khaled serait en lien direct avec de hauts responsables houthis, dont le chef d’état-major des milices, Mohammed Abdel Karim Al-Ghamari, et le vice-directeur du service de sécurité et de renseignement, Abdel Qader Al-Shami. Cela suggère une coopération militaire et de renseignement entre les Frères musulmans et les Houthis — une allégation toujours niée publiquement, mais que les faits sur le terrain confirment de plus en plus.
Ancien commandant de la garde présidentielle sous l’égide directe du vice-président d’alors, le chef islamiste Ali Mohsen Al-Ahmar, Amjad Khaled avait fui Aden après sa prise de contrôle par le Conseil de transition, pour se replier à Al-Turba sous la protection d’Al-Islah. Il y aurait réorganisé ses forces et offert une couverture logistique et sécuritaire à des cellules extrémistes responsables d’assassinats et d’attentats contre l’État.
Malgré une condamnation à mort prononcée contre lui et plusieurs de ses proches en avril 2024, et en dépit de multiples appels à son arrestation, Khaled continue à se déplacer librement dans les zones tenues par Al-Islah. Des sources sécuritaires affirment même que le parti joue de cette carte comme levier dans les luttes d’influence au sein du gouvernement yéménite et dans ses négociations avec le Conseil présidentiel.
Récemment, Khaled est apparu dans une vidéo menaçant de divulguer les « secrets des Frères musulmans », affirmant détenir des enregistrements et documents compromettants sur d’anciennes tractations entre lui et le parti. Cette menace explicite a mis le parti dans l’embarras, d’autant plus que celui qui était autrefois décrit comme le « bras militaire d’Al-Islah à Aden » devient désormais un fardeau difficile à contrôler ou à défendre.
Une source sécuritaire a déclaré que les hommes de Khaled circulent encore entre Al-Turba et les régions voisines, et que le parti cherche à les redéployer de manière à maintenir leur influence sécuritaire, tout en évitant des poursuites qui pourraient exposer davantage les liens entre sa branche armée et les groupes terroristes.
Alors que le comité sécuritaire d’Aden affirme poursuivre les démarches pour arrêter Khaled via Interpol et en coordination avec les pays voisins, des questions se posent sur les réelles intentions du Conseil présidentiel, compte tenu de la présence en son sein de figures proches des Frères musulmans susceptibles de freiner une résolution judiciaire contre cet homme devenu le maillon le plus dangereux entre les Houthis, les groupes extrémistes et le parti Al-Islah.