Appel à une coalition internationale contre les Houthis : des experts estiment qu’une action collective est indispensable pour la dissuasion

Après l’échec des approches visant à « contenir » la menace persistante des Houthis, l’option de former une coalition militaire internationale pour les dissuader est désormais perçue comme une nécessité.
C’est ce qu’a affirmé la direction de la légitimité yéménite depuis la tribune des Nations unies, dans une tentative d’inciter la communauté internationale à redéfinir les Houthis comme une menace terroriste existentielle nécessitant une confrontation militaire globale et directe.
L’appel lancé par le président du Conseil de direction, Rashad Al-Alimi, lors de son discours à l’Assemblée générale de l’ONU, souligne que l’éradication des Houthis n’est plus seulement une affaire interne, mais une condition indispensable à la stabilité mondiale.
Al-Alimi a déclaré : « Il est temps de lancer une coalition internationale qui libère le Yémen du terrorisme, reconstruise son État national et protège la région et le monde contre une menace croissante et transfrontalière. »
Il a insisté sur la nécessité d’agir collectivement et de manière décisive afin « d’imposer la paix » tant attendue au Yémen, soulignant que « la politique de containment a offert aux Houthis le temps et les ressources pour développer leur arsenal militaire ».
Cet appel survient un an après que le Conseil présidentiel a adopté une « stratégie globale de dissuasion » reposant sur trois piliers :
- un facteur interne représenté par le Conseil présidentiel,
- un facteur régional à travers la coalition arabe,
- un facteur international avec la création d’une coalition mondiale contre les Houthis.
Un timing sensible
L’appel du président du Conseil présidentiel à former une coalition internationale contre les Houthis intervient, selon l’analyste politique yéménite Omar Hassan, « au bon endroit et au bon moment ».
Il estime que choisir la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU pour formuler cette demande était pertinent, et que le timing est « critique », car la communauté internationale exprime actuellement son exaspération face aux agissements des Houthis.
Cet appel coïncide avec une dynamique internationale visant à adopter des mesures plus strictes à l’encontre des milices, allant des sanctions au blocus maritime, et qui pourrait évoluer vers l’option militaire souhaitée par le gouvernement légitime.
Selon Hassan, « l’initiative du Conseil présidentiel semble capitaliser sur l’évolution de la position internationale vis-à-vis des Houthis ». Il ajoute que le gouvernement yéménite « tente de presser la communauté internationale et les acteurs influents à soutenir le Yémen à ce stade ».
Le chercheur observe par ailleurs qu’« une conviction grandissante au sein de la communauté internationale considère que rechercher la paix avec les Houthis relève de l’illusion », et que le monde « se tourne désormais vers l’activation des leviers de puissance pour gérer la menace, notamment après leurs attaques transfrontalières et en mer Rouge ».
De ce fait, le Conseil présidentiel estime qu’il existe une opportunité propice pour pousser en faveur d’une coalition militaire qui appuie le Yémen dans sa lutte pour restaurer l’État.
Soutenir la légitimité
Le professeur de sciences politiques à l’université de Taëz, Dr Abdelkader Al-Khuli, a déclaré que « la création d’une coalition internationale rassemblant les grandes puissances telles que les États-Unis et les pays de l’Union européenne, aux côtés des États arabes, ouvrirait la voie à la libération du Yémen, imposerait la paix régionale et isolerait davantage l’Iran ».
Il a souligné qu’une telle coalition permettrait de fournir « un soutien militaire, des formations spécialisées et des armes avancées au gouvernement yéménite, afin de lui permettre de sécuriser ses côtes et de reprendre les territoires et institutions confisqués par les Houthis ».
Selon lui, la coalition internationale contribuerait également « à renforcer les capacités sécuritaires de la légitimité, à restaurer la confiance populaire dans les institutions, à relancer les exportations de pétrole et de gaz, et à dissuader toute attaque des Houthis ».
En outre, elle « consoliderait la diplomatie du Conseil présidentiel dans les forums internationaux, exposerait les violations des Houthis et renforcerait l’unité du front intérieur yéménite, condition essentielle pour parvenir à une paix durable ».