Anniversaire du 25 janvier : comment 14 ans de divisions ont perturbé l’esprit des Frères musulmans ?
Pour la première fois depuis 14 ans, l’anniversaire du 25 janvier en Égypte arrive et la confrérie des Frères musulmans est incapable d’adopter une position sur l’événement qui les a conduits au pouvoir.
La confusion qui frappe la confrérie reflète la profondeur de la crise qu’elle traverse après avoir perdu tout lien avec la réalité égyptienne, tout en étant emportée par les changements politiques dans la région et dans le monde.
-
Les médias rappellent les crimes des Frères musulmans et leur tentative de « brûler l’Égypte »
-
Un expert révèle les plans et noms des centres de recherche des Frères Musulmans visant la région et l’Égypte
Les activistes proches des Frères musulmans qui occupent une place de choix dans les médias sur les réseaux sociaux n’ont pas réussi à saisir la réalité de la confrérie, et se sont empressés de lire la scène régionale comme si elle était favorable.
Le renversement du régime de la famille al-Assad en Syrie, selon ces activistes, représentait une opportunité illusoire pour remettre l’horloge de l’Égypte à l’heure de Damas, comme l’ont expliqué des experts.
Cependant, il semble que les durs de l’intérieur des Frères musulmans aient compris que la crise est plus profonde que de parier sur une nouvelle illusion qui pourrait balayer ce qui reste d’eux.
-
Rumeurs des Frères Musulmans atteignent Raba’a et al-Nahda… L’Égypte dément
-
Les Frères musulmans exploitent la question palestinienne pour ternir l’image de l’Égypte
Certains membres de la confrérie ont lancé un appel à ce qu’ils ont appelé « la Révolution des articulations », affirmant que l’objectif de cet appel était de tester la préparation à la manifestation en Égypte, après environ 11 ans d’échecs des appels à manifester.
Selon les auteurs de cet appel, la soi-disant Révolution des articulations ne serait pas un mouvement de protestation traditionnel, mais simplement une sortie des partisans de cet appel dans les rues à un moment donné de l’anniversaire de la révolution égyptienne, sans brandir de slogans de protestation ou organiser de manifestations dans aucune des zones du Caire.
Au cours des dernières semaines, les partisans de ce qu’on appelle la « Révolution des articulations » ont intensifié leur activité sur les réseaux sociaux pour créer un élan en vue de servir cet appel et gagner de nouveaux partisans. Khaled al-Serti a proposé de tester la réceptivité à cet appel.
-
Les crimes des Frères musulmans « ne tomberont pas dans l’oubli »… Ainsi, l’Égypte déjoue les plans de vente du Sinaï par le groupe
-
Chercheur dans les mouvements islamiques : Les Frères musulmans ont trahi l’Égypte et la cause palestinienne
Il semblait que les dirigeants des différents fronts en conflit au sein de la confrérie aient mieux compris l’absurdité de cet appel, en choisissant de ne pas le soutenir ou de ne pas y participer afin d’éviter un nouvel échec. Aucune des factions divisées des Frères musulmans (le front d’Istanbul dirigé par Mahmoud Hussein, le front de Londres dirigé par Salah Abdelhak, et le front du bureau général / le courant du changement) n’a soutenu cet appel à manifester.
La concurrence organisationnelle entre ces factions n’a pas échappé au contexte des événements récents. Le front du bureau général / courant du changement, composé principalement des groupes proches de l’ex-membre du bureau d’orientation Mohamed Kamal, a invité les membres des fronts d’Istanbul et de Londres à les rejoindre et à travailler dans ce qu’ils ont appelé une « vision stratégique révolutionnaire » pour atteindre les objectifs des Frères musulmans, tout en ajoutant qu’ils accueillaient tous les membres et dirigeants de la confrérie.
-
Trois rumeurs des Frères musulmans démenties par l’Égypte…
-
L’Egypte prend des mesures pour contrer l’influence des Frères musulmans en Europe de l’Est
Cet appel révèle l’accroissement de la division au sein des Frères musulmans. En effet, le front du bureau général / courant du changement avait reçu un appel de la part des dirigeants du front de Londres (Salah Abdelhak) pour les rejoindre, et les deux équipes ont mené une longue série de négociations pour trouver un cadre et une méthode permettant aux membres du front du bureau général de se réintégrer dans la confrérie et de fusionner avec le front de Londres.
Les partisans de la confrérie comptaient sur l’arrivée du chef par intérim (front de Londres Salah Abdelhak) pour mettre fin à la question de la division et rétablir l’unité. Les membres du front du bureau général ont reçu des promesses à ce sujet du chef du département politique, Helmi al-Jazar, mais aucun accord n’a été trouvé en raison de divergences organisationnelles. Les dirigeants du front du bureau général ont demandé à revenir dans la confrérie aux mêmes niveaux et rangs organisationnels qu’ils occupaient auparavant, ce qui n’a pas été accepté.
-
Activité suspecte des Brigades des Frères musulmans, l’Egypte se tient à l’affût
-
Division – la lutte pour l’intérieur de l’Égypte marque la fin des Frères Musulmans
Après l’échec de l’accord entre les fronts de Londres (Salah Abdelhak) et du bureau général / courant du changement, ce dernier a décidé de travailler seul et de contacter ses partisans, y compris certains membres présents en Syrie et impliqués dans des groupes armés sur place.
Le front du bureau général estime que le moment actuel ne permettra pas à un appel à la révolution de type 25 janvier 2011 de réussir. Ils pensent que les conséquences seraient négatives et que toute tentative de mouvement serait écrasée, et que la solution alternative consiste à former un courant politique regroupant les jeunes de la confrérie et ses partisans, en visant à atteindre ses objectifs selon un plan qui profiterait de la fluidité régionale et internationale.
-
Les Frères musulmans dirigent-ils actuellement la scène en Syrie ? Un penseur politique répond
-
Quelle est la relation entre la fondation des Frères musulmans en Égypte, en Irak, en Syrie et le projet du Grand Israël ?
En revanche, le front d’Istanbul (Mahmoud Hussein) refuse d’engager tout mouvement ou manifestation pour le moment et estime qu’il faut se concentrer sur la reconstruction de son propre organisation et la réaffirmation de ses principes idéologiques. C’est pourquoi il a lancé récemment ce qu’il appelle le « Projet de fermeté », visant à redéfinir et réaffirmer les principes et choix idéologiques et politiques de la confrérie.
Le front d’Istanbul a tenté d’attirer une partie de la jeunesse des Frères musulmans pour surpasser ses concurrents traditionnels, les fronts de Londres (Salah Abdelhak) et du bureau général / courant du changement. Ils ont nommé Ahmed Atef comme responsable des étudiants de la confrérie et ont promis de renforcer la position des jeunes au sein de l’organisation, une méthode traditionnelle utilisée par la direction de la confrérie en période de crise.
-
Pourquoi les Frères musulmans ont-ils rejeté le document de lutte contre la violence envers les femmes ?
-
Comment les Frères musulmans exploitent la cause palestinienne
Quant au troisième front, le front de Londres (Salah Abdelhak), il n’a pas explicitement soutenu l’appel à manifester pour l’anniversaire du 25 janvier, mais n’a pas non plus attaqué ceux qui le soutiennent, car il estime qu’un quelconque mouvement pourrait servir ses objectifs. Ils avaient déjà proposé une réconciliation politique avec le gouvernement égyptien, proposition rejetée par Le Caire, et estiment qu’un mouvement pourrait mettre la pression sur le gouvernement égyptien et le pousser à réfléchir à une proposition de réconciliation avec les Frères musulmans après 12 ans de conflit.
Malgré les divergences de points de vue entre les fronts rivaux des Frères musulmans, leurs bases traditionnelles et le reste de leurs membres ont rejeté l’idée de relancer les appels à la manifestation, considérant que cela leur porterait préjudice avant tout.