Anniversaire de l’assassinat de Hariri : Le Liban se remémore la blessure et envisage une nouvelle étape
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Il y a 20 ans, le jour de la Saint-Valentin, le Liban s’est paré d’un rouge inhabituel, celui du sang plutôt que de l’amour, et a pleuré son Premier ministre le plus célèbre.
En effet, le 14 février 2005, le Liban a vécu l’assassinat de son ancien Premier ministre, Rafic Hariri, artisan de la paix et sauveur du pays après la guerre civile. Cet attentat à la bombe a été attribué à la milice du Hezbollah.
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Ce jour-là fut une épreuve difficile pour le pays, qui faisait écho aux crises des deux dernières années : guerre avec Israël, effondrement économique et crise politique. Toutefois, une lueur d’espoir est apparue récemment avec l’élection du président Joseph Aoun le mois dernier.
Comment l’assassinat s’est-il produit ?
Il y a exactement 20 ans, un kamikaze a fait exploser un camion chargé de plus d’une tonne de TNT au passage du convoi de Rafic Hariri.
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Le cortège du Premier ministre a emprunté une route près de l’hôtel Saint-Georges à Beyrouth. Ce qu’aucun Libanais ne savait alors, c’est que ce serait le dernier passage du leader, marquant un tournant décisif dans l’histoire politique et économique du pays.
L’explosion massive a été entendue dans toute la capitale, donnant l’impression qu’un tremblement de terre venait de secouer la ville. Elle a laissé un cratère de 10 mètres de large et de 2 mètres de profondeur, à l’emplacement duquel a été érigé par la suite un mémorial en l’honneur de Hariri.
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Le choc fut immense face à l’attentat qui coûta la vie à Rafic Hariri, une figure indissociable de la reconstruction du Liban après la guerre civile (1975-1990) et de son réseau d’alliances internationales mises au service du pays.
Qui était Rafic Hariri ?
L’ancien Premier ministre n’était pas un homme politique de formation ni issu d’une famille aisée de Beyrouth. Né dans un milieu modeste, il a gravi les échelons en tant qu’entrepreneur prospère avant de devenir l’un des dirigeants les plus influents du Liban.
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Après des études de comptabilité à l’Université arabe de Beyrouth, Hariri a débuté comme comptable dans une petite entreprise libanaise avant d’émigrer en Arabie saoudite pour y travailler comme enseignant. Quelques années plus tard, il s’est orienté vers le secteur de la construction.
À la fin des années 1960, il a saisi une opportunité déterminante qui l’a propulsé du statut d’employé à celui de magnat des affaires.
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En 1969, il fonde une petite société de sous-traitance nommée Ciconest. Bien que cette entreprise ait connu des difficultés, il s’est associé à la société française Oger, remportant un contrat de construction d’un hôtel en Arabie saoudite.
Ce projet a marqué le début de son ascension. Il a ensuite racheté Oger, qui est devenue la principale entreprise de construction sollicitée par la famille royale saoudienne pour ses projets d’infrastructure.
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Hariri a également fondé la chaîne de télévision Future TV et investi dans plusieurs secteurs, développant ainsi son influence économique et politique. Son rôle clé l’a conduit à être nommé émissaire personnel du roi Fahd d’Arabie saoudite au Liban.
Son engagement dans la reconstruction du pays après la guerre civile et ses réformes économiques ambitieuses lui ont permis d’accéder au poste de Premier ministre à plusieurs reprises.
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Diplomate chevronné, Hariri a joué un rôle essentiel dans la négociation de l’Accord de Taëf en 1990, qui a mis fin à 16 ans de guerre civile. En 1992, il est devenu le premier chef du gouvernement libanais de l’après-guerre.
Durant son second mandat, en 2000, il a incité le Conseil de sécurité de l’ONU à adopter la résolution 1559 exigeant le retrait de toutes les forces étrangères du Liban.
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Mais son action ne s’est pas limitée à la politique. Hariri a mis en place des réformes économiques majeures, notamment en introduisant les obligations européennes, qui ont stabilisé la livre libanaise et permis au pays d’emprunter les fonds nécessaires à sa reconstruction.
L’un de ses projets les plus emblématiques fut Horizon 2000, un programme visant à moderniser le Liban après la guerre. Il a également favorisé la privatisation de certains secteurs industriels, ce qui a permis au pays de décrocher d’importants contrats internationaux.