Politique

Al-Qaïda et Daech dans le Sahel africain : le triangle de la mort s’étend


Une nouvelle frontière du terrorisme progresse vers les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, une région reposant sur des sables mouvants et menacée par un élargissement du cercle du danger en 2026.

C’est l’une des principales conclusions d’une étude menée par l’organisation non gouvernementale ACLED, spécialisée dans le suivi des victimes des conflits à travers le monde, et consacrée aux crises à surveiller au cours de l’année à venir.

L’organisation relève l’enracinement d’un « nouveau front » dans les zones frontalières du Bénin, du Niger et du Nigeria, devenues d’une importance stratégique majeure aussi bien pour les groupes terroristes opérant au Sahel que pour ceux actifs au Nigeria.

Selon l’organisation américaine, les groupes armés ont intensifié leurs opérations au cœur de la région sahélienne. À eux seuls, l’an dernier, plus de 10 000 morts ont été recensés au Burkina Faso, au Mali et au Niger.

Parallèlement, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, affilié à Al-Qaïda, ainsi que l’organisation État islamique dans la région du Sahel, ont élargi le champ de leurs activités aux zones frontalières du nord du Bénin, du Niger et du Nigeria, où ils ont renforcé leur présence.

Dans ce contexte, le nord du Bénin, limitrophe du Burkina Faso, du Niger et du Nigeria, a connu l’année la plus meurtrière de son histoire, avec une hausse d’environ 70 % du nombre de morts par rapport aux onze premiers mois de 2024.

Cette dégradation sécuritaire s’est manifestée de manière flagrante lors de l’attaque survenue en avril dernier dans le parc national du W, au nord du pays, qui a fait plus de 50 morts parmi les soldats.

Dans cette zone, les groupes terroristes ont intensifié leurs opérations transfrontalières à partir de l’est du Burkina Faso.

Le « triangle de la mort »

ACLED a également indiqué que la zone des trois frontières, connue sous le nom de « triangle de la mort » et considérée comme l’« épicentre du conflit », connaît désormais une présence avérée de groupes terroristes dans l’ouest du Nigeria, ce qui signifie une extension de l’extrémisme au-delà de ses limites traditionnelles.

Le « triangle de la mort » désigne la région où se rejoignent les frontières du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Les organisations terroristes en ont fait un bastion ou une base arrière à partir de laquelle elles lancent des attaques contre les trois pays.

Le rapprochement croissant entre les groupes terroristes du Sahel et ceux du Nigeria constitue un tournant décisif, dans la mesure où des théâtres d’opérations jusque-là distincts s’entremêlent progressivement pour former une vaste zone de violence s’étendant du Mali à l’ouest du Nigeria. La zone des trois frontières est ainsi devenue le véritable foyer du conflit.

Intensification des attaques

Malgré des pertes humaines comparables à celles enregistrées en 2024, le projet de données sur les événements et la localisation des conflits armés (ACLED) fait état d’une intensification des modes opératoires.

Au Mali, une série d’attaques contre des convois de carburant, entamée en septembre dernier, a conduit à un quasi-blocus économique, provoquant une escalade de la violence dans les régions de Kayes, Sikasso et Ségou, à des niveaux sans précédent depuis le début du suivi statistique en 1997.

Dans le même temps, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans et l’organisation État islamique au Sahel ont intensifié les campagnes d’enlèvements, en particulier contre des ressortissants étrangers.

En 2025, le projet ACLED a recensé 22 enlèvements au Mali et 8 au Niger.

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