Grand Maghreb

Al-Michri dément la tenue d’une nouvelle session pour élire le président du Haut Conseil d’État


Khaled al-Michri affirme sa légitimité à la tête du Haut Conseil d’État, se fondant sur un arrêt de la Cour suprême, face à Mohamed Tekala soutenu par le gouvernement de Dbeibah.

Khaled al-Michri, engagé dans un bras de fer avec Mohamed Tekala au sujet de la présidence du Haut Conseil d’État (HCE), a démenti l’existence d’un accord au sein du Conseil visant à convoquer une nouvelle session élective, insistant sur la légalité de son élection, confirmée, selon lui, par un arrêt rendu par la Cour suprême libyenne, dans un contexte de crise politique intense entre les partisans de l’éviction du Premier ministre Abdelhamid Dbeibah et ses alliés.

Dans un communiqué publié sur sa page officielle Facebook, le bureau de presse du HCE a nié les informations faisant état d’un consensus entre les membres pour convoquer une nouvelle session élective, qualifiant ces affirmations de « totalement infondées » et sans aucune base officielle. Le communiqué précise que le Conseil œuvre actuellement à finaliser l’élection de son bureau actuel, dans le but de restaurer son fonctionnement politique et législatif.

Al-Michri a réitéré son attachement à ce qu’il appelle « la légitimité juridique et judiciaire », affirmant que la Cour suprême a rendu un jugement définitif validant son élection à la tête du HCE. Il a ajouté que toute tentative de contester cette légitimité ou de créer des alternatives constitue une violation du droit et une atteinte à l’indépendance de l’institution.

Des observateurs estiment que ce recours à la légitimité judiciaire révèle non seulement la détermination d’al-Michri à conserver son poste, mais également la volonté d’un courant politique plus large de préserver l’équilibre institutionnel en Libye face aux tentatives d’expansion du pouvoir de Dbeibah.

Ce conflit autour de la présidence du HCE n’est que la surface visible d’un clivage politique profond qui divise la Libye depuis plusieurs mois. Mohamed Tekala bénéficie du soutien affiché du gouvernement d’unité nationale basé à Tripoli, tandis que Khaled al-Michri est perçu comme une figure d’un camp politique œuvrant à renverser le gouvernement en place et à instaurer une nouvelle autorité exécutive.

Ce clivage reflète les divergences d’approches entre acteurs libyens soutenus par des puissances régionales et internationales, concernant l’avenir du processus politique et la nature du pouvoir exécutif censé conduire la Libye vers des élections.

L’origine de la crise remonte à août 2024, date à laquelle les élections internes du HCE ont provoqué une scission entre al-Michri et Tekala, révélant l’éclatement du Conseil en blocs rivaux.

Ces dernières semaines, un rapprochement stratégique entre le président du Parlement Aguila Saleh et Khaled al-Michri a donné lieu à des convergences visant à écarter le gouvernement d’unité nationale et à former un nouvel exécutif appuyé par les deux parties.

Une rencontre entre Saleh et al-Michri le 7 juillet dernier a confirmé cette orientation. Les deux hommes y ont discuté des mécanismes d’un processus politique unifié en vue de la mise en place d’un gouvernement chargé d’organiser des élections présidentielles et législatives simultanées, marquant ainsi une volonté de mettre fin à la transition entamée en 2021.

Pour plusieurs analystes, cette alliance annonce une recomposition des rapports de force au sein de la scène politique libyenne, au-delà du clivage traditionnel entre l’est et l’ouest, avec l’éviction de Dbeibah comme objectif central.

Les opposants au Premier ministre accusent ce dernier de chercher à renforcer son emprise sur les institutions clés, notamment le HCE, considéré comme un acteur influent dans les négociations avec le Parlement et la communauté internationale.

Dbeibah fait face à de nombreuses critiques l’accusant de retarder volontairement les élections, malgré ses engagements passés devant l’ONU.

Selon plusieurs analystes, le renforcement de son réseau d’alliés institutionnels vise à bloquer toute tentative politique de le destituer, surtout dans un contexte où des pourparlers régionaux et internationaux sur la transition s’intensifient.

La Libye reste ainsi plongée dans une impasse politique, marquée par une guerre larvée autour de la légitimité du pouvoir exécutif et législatif, alors que la communauté internationale appelle à la reprise du processus électoral.

Pendant ce temps, les aspirations des Libyens à la stabilité et à la normalité demeurent otages des jeux de pouvoir entre factions rivales.

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