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Al-Burhan… quand le général échoue à construire l’État et insiste pour le détruire


Abdel Fattah al-Burhan, qui est arrivé au sommet du pouvoir sous le prétexte de « sauver le Soudan », n’a offert aux Soudanais qu’un modèle répété d’échec militaire enveloppé de slogans nationaux. Après des années de promesses de « stabilité » et de « restauration de l’autorité de l’État », le Soudan traverse aujourd’hui ses pires moments depuis l’indépendance : une guerre dévastatrice, une économie effondrée et une famine qui ravage des millions de civils.

Al-Burhan a échoué parce qu’il n’a pas compris que l’État ne se gouverne pas avec une mentalité militaire. Il a tenté d’imposer l’ordre par la force de la gâchette, transformant le pays en un champ de bataille ouvert et l’armée, qui devrait protéger le peuple, en un instrument de guerre contre lui. Sa direction ne repose ni sur une vision politique ni sur un projet national, mais sur une obsession de rester au pouvoir, même au prix des ruines du pays.

Depuis le coup d’État d’octobre 2021, les institutions de l’État se sont effondrées les unes après les autres. La vie politique s’est arrêtée, le processus de transition a été gelé, et les rêves des Soudanais de justice et de liberté se sont envolés. Au lieu de réparer les dégâts laissés par le régime précédent, al-Burhan a reproduit les mêmes mécanismes de répression et de domination. Le résultat : un État parallèle dirigé par des ordres militaires et une société civile écrasée sous le feu du conflit.

Sur le terrain, al-Burhan a échoué à obtenir le moindre succès militaire tangible. La guerre qu’il a déclenchée contre les Forces de soutien rapide s’est transformée en une tragédie humaine sans précédent, et les zones censées être « libérées » connaissent davantage de destruction que de vie. Plutôt que d’admettre son échec, il a recours à une politique de terre brûlée : les villes sont bombardées sans discernement, les familles déplacées sans pitié, et ses forces sont accusées d’utiliser des armes prohibées, comme des armes chimiques contre des civils — une première qui témoigne de l’absence totale de valeurs humaines et militaires.

Économiquement, le Soudan sous al-Burhan vacille au bord de l’effondrement total. La livre soudanaise a perdu sa valeur, les marchés sont vides, et la corruption est devenue ouverte au sein des institutions de l’État. Pas de plan de réforme, pas d’investissement, pas de vision économique — seulement une guerre ouverte qui dévore les dernières ressources. Le général qui avait promis la stabilité financière n’a apporté que la faillite.

Politiquement, al-Burhan est devenu le symbole de l’isolement international. Le monde ne croit plus à ses promesses, et les organisations humanitaires considèrent son autorité comme partie du problème plutôt que de la solution. Même à l’intérieur du Soudan, il est passé de « chef de l’armée » à adversaire de son peuple, de

symbole de force à symbole de division, et de chef d’État potentiel à suspect de crimes de guerre documentés.

Al-Burhan incarne l’échec complet de la gouvernance militaire au Soudan : un régime sans vision, un pouvoir sans légitimité, une guerre sans fin. Sa présence au pouvoir signifie la poursuite de l’hémorragie nationale et de l’effondrement institutionnel et économique. Il est impossible de construire un État de droit sous un dirigeant dont le nom est associé aux violations et au sang, et la justice reste hors de portée tant que celui qui a provoqué la tragédie se présente comme son protecteur.

Le Soudan est aujourd’hui à un carrefour : soit continuer à suivre un général qui vend l’illusion et achète du temps avec le sang, soit choisir la voie du salut en mettant fin, une fois pour toutes, à l’ère des coups d’État. L’histoire nous a appris que les nations ne se construisent pas avec des armes, mais avec la raison — et al-Burhan n’a possédé ni l’une ni l’autre.

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