Politique

Affrontements dans le nord du Mali entre séparatistes touaregs et forces gouvernementales appuyées par la Russie


Le nord du Mali a été le théâtre, vendredi, d’intenses affrontements entre la Front de Libération de l’Azawad (FLA), un mouvement séparatiste touareg, et les forces armées maliennes soutenues par le Corps Africain, une force militaire parrainée par la Russie. Ces combats s’inscrivent dans un contexte de montée spectaculaire des tensions sécuritaires dans une région où l’autorité de l’État central s’effrite depuis plusieurs mois.

Les heurts ont éclaté dans la région de Kidal, traditionnel bastion des mouvements indépendantistes de l’Azawad. D’après des sources locales et des déclarations officielles des deux camps, les affrontements ont été d’une extrême violence, causant de lourdes pertes humaines et matérielles.

Dans un communiqué publié vendredi, le FLA affirme avoir tué « des dizaines de membres du Corps Africain », une force militaire qui a remplacé le groupe Wagner et qui est désormais placée sous l’autorité directe du ministère russe de la Défense. Le mouvement a également revendiqué la destruction de 21 véhicules militaires, dont des blindés et des pick-up armés, en précisant que 15 corps ennemis avaient été abandonnés sur le champ de bataille.

De son côté, l’état-major malien a reconnu dans un communiqué qu’un convoi logistique avait été pris en embuscade dans la matinée de vendredi, précisant que l’attaque avait eu lieu lors d’une opération offensive contre ce qu’il qualifie de « groupe armé terroriste ». Dix combattants ennemis auraient été tués, selon le communiqué militaire.

Intervenant dans les médias, Mohamed El-Mouloud, porte-parole du FLA, a évoqué une « bataille d’envergure ayant infligé des pertes significatives à l’adversaire », ajoutant que la FLA menait une « lutte pour la dignité et la défense de la terre ». Le groupe séparatiste a déploré la mort de trois de ses combattants et sept blessés, tout en soulignant que le bilan reste provisoire.

Le Corps Africain, force remplaçante du groupe Wagner, continue d’apporter un soutien militaire et logistique à plusieurs gouvernements africains, dont celui du Mali, dans le cadre de la lutte contre les groupes terroristes et séparatistes. Sa présence traduit une réorganisation stratégique de l’influence militaire russe sur le continent africain, alors que Wagner s’est officiellement retiré du Mali selon des sources diplomatiques.

En 2023, l’armée malienne avait reconquis plusieurs zones contrôlées jusque-là par les rebelles touaregs, dont la ville de Kidal, symbole historique et stratégique du conflit. Toutefois, les affrontements récents illustrent que la situation reste instable et volatile.

Un responsable local, sous couvert d’anonymat, a déclaré que « les combats étaient particulièrement féroces, avec des pertes des deux côtés », tout en appelant à la prudence face à l’absence de couverture médiatique indépendante et aux difficultés d’accès au terrain.

Ces événements interviennent dans un contexte national profondément fragilisé depuis 2012, date du déclenchement de l’insurrection dans le nord du Mali, qui a favorisé l’émergence de groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique, en plus de revendications autonomistes alimentées par des décennies de marginalisation.

Fondé en 2024, le Front de Libération de l’Azawad est une coalition de groupes armés, principalement touaregs, réclamant une autonomie élargie, voire une indépendance de facto, vis-à-vis du gouvernement central à Bamako. L’intensification des combats pourrait marquer un tournant majeur dans l’évolution du conflit malien, déjà compliqué par le retrait progressif des forces onusiennes et la montée en puissance du soutien russe.

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