Affaire de « mort sous la torture » : La Tunisie refuse de libérer le « cerveau des Frères musulmans »
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Le processus de reddition des comptes encercle les Frères musulmans tunisiens, dans une démarche visant à rendre justice aux victimes des violations et des atrocités qui ont marqué plus de dix années de gouvernance du mouvement.
Ce mardi, la justice tunisienne a refusé de libérer l’ancien ministre de la Justice et dirigeant du mouvement Ennahdha, Noureddine Bhiri, connu comme le « maître des accords douteux » du mouvement et son « cerveau stratégique », dans le cadre de l’affaire du décès de l’ancien député Jelani Daboussi.
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La dixième chambre d’accusation de la Cour d’appel de Tunis a décidé de rejeter la demande de libération de Bhiri et d’autres accusés et de les renvoyer devant la chambre criminelle pour être jugés dans cette affaire, liée à la suspicion de mort sous la torture de Daboussi.
Le 22 juin dernier, la justice tunisienne avait émis un mandat de dépôt contre Bhiri dans cette affaire. Daboussi, un ancien député sous la présidence de feu Zine El Abidine Ben Ali, aurait subi de graves sévices pendant sa détention.
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Les autorités judiciaires ont inculpé Bhiri et d’autres cadres des Frères musulmans pour « constitution d’une organisation criminelle en vue de commettre un assassinat avec préméditation », après l’ouverture d’une enquête en janvier 2022.
Parmi les autres accusés figurent l’ancien ministre de la Santé Abdelatif Mekki, son conseiller Mondher Ounissi, ainsi que les cadres du mouvement Mustapha Yahyaoui et Sayed Ferjani. Un médecin de la prison de Mornaguia et l’ancien directeur de l’établissement pénitentiaire, Imed Duraidi, sont également impliqués.
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Les faits de l’affaire
L’affaire repose sur la suspicion d’implication des accusés dans la torture de Jelani Daboussi alors qu’il était en détention sous le régime des Frères musulmans, en raison de son opposition au mouvement. Ces sévices auraient conduit à sa mort après sa libération en 2012.
Le fils de Daboussi avait affirmé que la famille avait déposé une plainte auprès du procureur général dès le 7 mars 2013, dénonçant les actes de torture et de mauvais traitements infligés à son père et à lui-même en prison, sous l’ordre des ministres de la Justice et de la Santé de l’époque, ainsi que de Mondher Ounissi.
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Dans un communiqué, le fils de la victime avait dénoncé le fait que l’affaire était restée classée sans suite, la justice étant alors sous contrôle du mouvement Ennahdha. La famille avait donc décidé d’internationaliser l’affaire.
Il a ajouté : « Nous avons déposé une autre plainte devant la Cour de Paris, car mon père possédait la nationalité française, ainsi qu’une troisième plainte contre l’État tunisien auprès des Nations Unies. »
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Il a également accusé l’État d’avoir commis un crime en empêchant l’exécution d’un jugement de la Cour de cassation qui avait innocenté son père des charges portées contre lui, suite à des pressions politiques exercées par le ministre de la Justice de l’époque.
Le 14 février 2023, un juge d’instruction du tribunal de première instance de Tunis a ordonné l’incarcération de Bhiri, arrêté dans le cadre d’une vaste opération ciblant des dirigeants politiques des Frères musulmans, leurs alliés, des magistrats influents et des hommes d’affaires proches du mouvement.
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Son arrestation s’inscrit dans une enquête pour complot contre la sûreté de l’État et tentative de renversement du régime.
Bhiri fait également l’objet d’accusations liées à la destruction de documents prouvant l’implication du mouvement Ennahdha dans les assassinats politiques des opposants Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi en 2013.