Politique

Accusations de partialité contre la mission onusienne en Libye


La Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) fait face à une vague de critiques acerbes, l’accusant de manquer de neutralité et de favoriser le gouvernement d’unité nationale dirigé par Abdel Hamid Dbeibah. Cette position est perçue par ses détracteurs comme un obstacle aux efforts de résolution globale et un facteur de prolongation de la crise politique complexe que traverse le pays.

Bien que la mission ait tenté d’apparaître comme un médiateur impartial dans son dernier communiqué – affirmant son ouverture à toutes les parties et son engagement en faveur du dialogue pacifique – cette déclaration a suscité une vive polémique. Elle y dénonce des « campagnes d’incitation et de rumeurs » visant à saboter ses efforts pour préparer des élections nationales et unifier les institutions.

Le gouvernement désigné par la Chambre des représentants, dirigé par Oussama Hammad, a jugé ce communiqué fallacieux, l’accusant de déformer délibérément les revendications du peuple libyen et de tenter de présenter la mobilisation populaire contre le gouvernement Dbeibah comme une action hostile, ce que le gouvernement a fermement réfuté.

Mardi dernier, des dizaines de manifestants ont pris d’assaut le siège de la mission onusienne à Janzour, à Tripoli, exigeant son départ et la fin du mandat du gouvernement d’unité nationale. Cette action traduit une colère croissante dans la rue libyenne face à l’impasse politique persistante et à la détérioration des conditions de vie.

En réaction, la mission a exprimé sa préoccupation face à ce qu’elle a qualifié d’ »incitation publique » de la part de certaines figures politiques, affirmant que cela dépassait les limites de la liberté d’expression et constituait une incitation à attaquer son personnel et ses biens – des actes jugés inacceptables et contraires au droit international.

La mission a néanmoins réaffirmé son plein respect du droit des Libyens à manifester pacifiquement, soulignant qu’elle a, comme par le passé, accueilli des représentants des manifestants et engagé un dialogue ouvert avec certains de ceux qui avaient envahi ses locaux, dans une tentative d’apaisement des tensions.

Cependant, ces déclarations n’ont pas suffi à calmer les critiques, qui se sont intensifiées après la réponse officielle du Premier ministre désigné, Oussama Hammad, l’accusant de « dénaturer délibérément » les revendications populaires et de « tenter d’orienter l’opinion publique internationale de manière biaisée et tronquée ».

Hammad a affirmé que les performances de la mission au cours des dernières années n’avaient conduit à aucune avancée réelle, contribuant plutôt à la complexification de la situation politique en soutenant des processus fragiles ne reflétant pas les aspirations des Libyens. Il a dénoncé une « manipulation des faits » et une « tentative de diabolisation de l’expression populaire légitime ».

Il a également mis en garde contre ce qu’il considère comme une « ingérence non professionnelle » dans les affaires internes, estimant que cela constitue une atteinte à la souveraineté libyenne. Il a appelé la mission à respecter son mandat et à s’abstenir de toute prise de position politique partisane.

Malgré ces accusations, la mission des Nations Unies a réaffirmé dans son communiqué qu’elle continuerait de soutenir un processus politique dirigé exclusivement par les Libyens, visant à réaliser les aspirations du peuple en matière de stabilité et de démocratie. Elle a rappelé que ses locaux et son personnel bénéficient d’une protection légale en vertu des conventions internationales, notamment celle de 1946 sur les privilèges et immunités des Nations Unies.

Elle a également exhorté toutes les parties libyennes à respecter ces accords, à s’exprimer de manière pacifique et à résoudre les différends par le dialogue constructif, loin de la violence et de l’incitation.

Ces développements reflètent une perte croissante de confiance d’une partie importante des Libyens envers le rôle de la mission onusienne, dans un climat de frustration lié à l’échec des initiatives internationales répétées à mettre fin aux divisions politiques et à organiser des élections longtemps reportées.

Des observateurs estiment que cette tension met en lumière une crise de confiance non seulement entre les différentes factions libyennes, mais aussi entre la population locale et les acteurs internationaux impliqués dans le processus politique, accusés de fermer les yeux sur les dépassements du gouvernement Dbeibah, qui reste au pouvoir malgré la fin de son mandat légal.

Dans ce contexte, les appels à une réévaluation du rôle de la mission se multiplient dans les milieux politiques et médiatiques, réclamant davantage de neutralité et l’évitement de toute ingérence perçue comme un soutien à une partie contre une autre.

En parallèle, le gouvernement désigné affirme sa volonté de collaborer avec tout partenaire international constructif, à condition que cette coopération respecte la souveraineté nationale et les intérêts suprêmes du peuple libyen, qui endure depuis plus d’une décennie les conséquences du conflit, de la division et du blocage politique.

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page