Abdelkarim Al-Ansi : Les Houthis exploitent les mosquées pour asseoir leur projet sectaire à l’approche du Ramadan

La milice houthie poursuit son escalade dans l’exploitation des mosquées dans les zones sous son contrôle au Yémen, dans le cadre d’un plan méthodique visant à instrumentaliser les lieux de culte pour la diffusion de son idéologie sectaire, en particulier à l’approche du mois de Ramadan.
Selon des sources locales, le groupe a intensifié ses activités dans les mosquées, imposant des prêches et des cours religieux à caractère idéologique servant son agenda. Il a également évincé les imams et les prêcheurs qui ne lui sont pas favorables, obligeant ceux qui restent à promouvoir ses slogans et à inciter les fidèles à participer à diverses activités, notamment des campagnes de recrutement et de collecte de fonds.
Des rapports de défense des droits humains indiquent que les Houthis ont transformé de nombreuses mosquées en centres de mobilisation et d’endoctrinement sectaire, suscitant un large mécontentement au sein des cercles religieux et de la société. Cette situation alimente les craintes d’une montée du sectarisme durant le mois sacré.
Cette escalade s’inscrit dans la volonté des Houthis d’imposer leur domination idéologique sur la société yéménite, en utilisant les tribunes religieuses comme un outil de renforcement de leur influence et de propagation de leur discours politique et confessionnel.
L’analyste politique yéménite Abdelkarim Al-Ansi met en garde contre la poursuite par la milice houthie de l’exploitation des mosquées et des occasions religieuses pour servir son agenda sectaire au Yémen. Il souligne que le groupe cherche à transformer les lieux de culte en plateformes de diffusion de son idéologie et de recrutement de combattants, ce qui représente une menace grave pour le tissu social et l’unité religieuse du pays.
Al-Ansi explique que les Houthis intensifient leurs activités dans les mosquées à l’approche du Ramadan, forçant les imams et prêcheurs à adopter un discours conforme à leur idéologie. Toute opposition à cette orientation est sévèrement réprimée, avec des sanctions allant de l’emprisonnement à l’expulsion, voire à l’élimination physique dans certains cas.
Il ajoute que la milice ne se contente pas d’imposer des prêches religieux conformes à ses orientations, mais transforme également les mosquées en centres de propagande politique, en incitant à la haine contre ses opposants et en organisant des campagnes de collecte de fonds sous divers prétextes, alors que ces fonds sont en réalité destinés à soutenir son effort de guerre.
Al-Ansi souligne également que les Houthis utilisent les mosquées comme un levier pour imposer leur vision idéologique à la société yéménite, profitant des grandes occasions religieuses, comme le Ramadan, pour renforcer leur mainmise sur le domaine religieux et exploiter la quête spirituelle des fidèles. Il affirme que ces pratiques constituent une menace sérieuse pour la coexistence religieuse au Yémen, où divers courants religieux coexistaient pacifiquement depuis des décennies.
Il précise que ces actions ne sont pas des initiatives isolées, mais s’inscrivent dans une stratégie planifiée visant à effacer l’identité religieuse pluraliste du Yémen et à la remplacer par une identité sectaire conforme à l’agenda des Houthis. Ces politiques risquent d’aggraver les divisions internes et d’alimenter les conflits confessionnels dans l’avenir.
Selon Al-Ansi, le mois de Ramadan, qui est normalement une période de rapprochement et de tolérance entre musulmans, devient dans les zones contrôlées par les Houthis une occasion de renforcement du sectarisme. Les fidèles y sont contraints d’assister à des prêches et des leçons religieuses imposées, véhiculant l’idéologie houthie et incitant à l’hostilité contre les autres forces politiques du pays.
Il appelle la communauté internationale et les organisations de défense des droits humains à prendre position face à ces pratiques, soulignant que le silence du monde encourage les Houthis à poursuivre leur projet sectaire sans entraves. Il exhorte également les forces nationales et sociales du Yémen à s’unir pour contrer ce plan et restaurer la fonction originelle des mosquées, loin de toute politisation et instrumentalisation militaire.
Enfin, Al-Ansi conclut en affirmant que la lutte contre le projet houthi ne se limite pas à un affrontement militaire, mais constitue également une bataille intellectuelle, culturelle et religieuse. Il appelle à un effort national concerté pour préserver l’identité religieuse tolérante du Yémen et empêcher la milice d’imposer par la force son idéologie exclusive.