À cause des abus turcs, les réfugiés syriens craignent que l’aide internationale ne soit bloquée par la Turquie
Des millions de Syriens attendent désespérément l’aide de l’ONU dans leur pays, craignant un arrêt des flux si la Turquie envahit de nouvelles zones dans le nord de la Syrie, et craignant que la Russie n’utilise le droit de veto pour stopper l’aide transfrontalière.
Le site américain Monitor a confirmé que les camions humanitaires des Nations Unies s’alignent entre des oliviers sur une route reliant la province turque de Hatay au Nord-Ouest de la Syrie, en attendant l’entrée du point de passage de Bab Al-Hawa, le dernier point de passage permettant l’acheminement de l’aide des Nations Unies vers Idleb, contrôlé par les extrémistes pro-turcs. Bab Al-Hawa pourrait être fermé le 10 Juillet, lorsque la résolution des Nations Unies sur l’aide transfrontalière en Syrie prendra fin, ce qui pourrait aggraver les souffrances de plus de 4 millions de personnes vivant dans les camps de réfugiés du Nord-Ouest de la Syrie, et craint une nouvelle invasion turque.
Dans une déclaration commune publiée le 13 Juin, un groupe d’ONG syriennes a averti que le veto de la Russie au Conseil de sécurité de l’ONU était dangereux sur la décision d’étendre l’accès humanitaire aux régions du nord-ouest de la Syrie, au milieu d’une crise sociale croissante dans la région alors que le pouvoir d’achat des civils s’effondrait. Le 20 Juin, l’ambassadrice américaine auprès des Nations Unies, Linda Thomas-Greenfield, a déclaré lors d’un exposé de l’ONU sur la situation humanitaire en Syrie que l’extension du mandat actuel du mécanisme d’aide par le point de passage de Bab Al-Hawa était une « décision de vie ou de mort ». Les populations qui vivent dans le nord-ouest de la Syrie « pourraient mourir de malnutrition ou de manque d’eau, si la Russie devait opposer son veto au mandat d’assistance transfrontalière des Nations Unies, ou si la Turquie décidait d’ouvrir un nouveau front de guerre dans le nord de la Syrie ».
Abu Mohammed, un pseudonyme, un des directeurs du camp de réfugiés d’al-Ghab pour les personnes déplacées dans la campagne d’Idleb, écrit : Le camp compte plus de 300 familles, qui vivent toutes pour l’essentiel grâce à l’aide de l’ONU. Si le point de passage de Bab Al-Hawa est fermé, il y aura une catastrophe majeure, car elles ont reçu quelques jours plus tôt une aide pour le nettoyage et des outils pour la réparation des routes par le passage de Bab Al-Hawa.
Yusuf Hamoud, une personne déplacée du Rif Idleb et soutien d’une famille vivant dans le camp d’al-Ghab, a déclaré : Si la décision de fermer le point de passage se concrétise, c’est une condamnation à mort, et ma famille et moi-même perdrons la source de pain, d’eau, de nourriture et de médicaments, ajoutant que les familles seront totalement encerclées. Après que des citoyens ont été chassés de chez eux et ont perdu leurs enfants et petits-enfants, l’Iran, la Russie et la Turquie cherchent maintenant à les priver de leurs droits les plus fondamentaux. « J’ai amputé ma jambe à cause de la guerre et je ne peux pas travailler, vivant de l’aide que nous recevons et ayant des enfants en bas âge, je ne peux pas me forcer à accepter le fait que ma femme sera obligée de travailler pendant que je serai assis les mains vides, si le poste frontière est effectivement fermé, je mourrai de faim avec ma femme et mes enfants.
Dans le même ordre d’idées, les coordonnateurs de la réponse syrienne, une ONG humanitaire basée à Idleb, qui aide les personnes déplacées dans le Nord-Ouest de la Syrie, ont déclaré dans un communiqué publié sur sa page Facebook le 13 Juin : Plus de 4,3 millions de civils, dont 1,5 million vivent dans des camps au nord-ouest de la Syrie, gardent le silence, font face à la peur d’une interruption de l’aide, et environ 800 camions humanitaires sont fournis chaque mois à plus de 4 millions de personnes dans le Nord-Ouest de la Syrie. Selon les Nations Unies, plus de 80 % de la population du Nord-Ouest de la Syrie dépend de ce mécanisme d’aide.