Une attaque européenne contre les Frères
L’organisation des Frères, ainsi que d’autres groupes extrémistes, a reçu un coup fort de Vienne et de Berlin, avec l’adoption par le Parlement autrichien d’une nouvelle loi contre le terrorisme et l’extrémisme visant à renforcer les efforts des autorités pour interdire les activités des organisations terroristes et poursuivre leurs bailleurs de fonds, et en parallèle avec l’adoption par l’Allemagne d’une loi fédérale interdisant l’utilisation de symboles et de slogans appartenant aux Frères, à l’État islamique, aux terroristes et à d’autres organisations terroristes et extrémistes.
L’Autriche et l’Allemagne prennent part à une action européenne et mondiale pour combattre tous les groupes extrémistes, quels que soient leurs références idéologiques et religieuses, parce qu’ils menacent dangereusement la paix et la sécurité et parce qu’ils servent d’incubateur aux crimes terroristes et aux idées extrémistes. À cette fin, les États européens s’emploient de concert à gagner cette bataille qui, depuis un certain temps, a placé les Frères dans le champ de bataille de l’attaque, car c’est sur cette base que repose le mal. La plupart des États européens, dont la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Espagne et l’Autriche, ont connu des attentats terroristes ces dernières années, qui ont fait prendre conscience de la nécessité d’agir sur le plan législatif pour mettre un terme aux activités extrémistes, geler leurs ressources financières et suivre leurs éléments, et piéger les réseaux de radicalisation et les plates-formes pernicieuses de l’extrémisme afin de mettre un terme à toute activité criminelle future.
La guerre mondiale contre le terrorisme, en dépit de ses réalisations militaires et sécuritaires sur de nombreux fronts, continue et change selon les contextes, les circonstances et les méthodes. La manœuvre juridique austro-allemande constitue une nouvelle arme dans la bataille. L’interdiction des groupes extrémistes en Europe a pour objectif de les priver de leur liberté d’action, d’expression et de planification et de les écarter de prétextes tels que l’asile et la recherche d’emploi, alors que l’objectif principal de ces groupes est de recruter des jeunes issus des communautés arabes et musulmanes. Ce n’est pas un hasard si les Européens ont récemment découvert qu’une grande partie des criminels d’attentats terroristes qui rejoignent des groupes extrémistes comme Al-Qaïda, Daesh et Al-Nosra sont des immigrés recrutés par des « associations » dirigées par des terroristes qui se comptent sur « l’Islam politique » et sont mêlés au crime et à l’extrémisme. L’Action européenne vise également à protéger les musulmans qui sont devenus une partie intégrante de l’histoire du continent et de sa civilisation. La préservation de l’ordre social exige la défense des valeurs de la coexistence et de la tolérance, ainsi que le rejet de la haine et du racisme sous toutes leurs formes.
L’Autriche et l’Allemagne s’alignent sur la stratégie de lutte contre l’extrémisme de l’Union européenne de fin d’année dernière, qui vise à renforcer la surveillance des activités des organisations condamnées pour terrorisme et à interdire leurs symboles. Il est évident que les mesures prises à Vienne et à Berlin s’inscrivent dans le cadre d’une démarche qui a été lancée dans certains États il y a quelque temps, au cours de laquelle le Hezbollah libanais et le Mouvement des loups gris de la Turquie, entre autres, ont été interdits. Les actions devraient se poursuivre à l’horizon tant qu’il y aura une ferme conviction que la lutte contre l’extrémisme de la pensée est plus complexe et plus élusive que la confrontation militaire et sécuritaire, comme l’Europe l’a fait il y a des décennies dans la lutte contre le nazisme et le fascisme et qu’elle a pu la gagner par la modération et la loi.