L'Europe

Entre Londres et Gaza… ainsi a géré Mechaal les accords secrets des Frères musulmans


L’universitaire et homme politique palestinien Ibrahim Abrash a décrit le dirigeant du mouvement Hamas, Khaled Mechaal, comme la personnalité « la plus dangereuse » au sein de l’organisation des Frères musulmans et sur la scène palestinienne, le considérant comme l’architecte de politiques visant à remplacer l’identité nationale palestinienne par des agendas organisationnels transfrontaliers.

Dans un article analytique publié sur le site Amad, Abrash estime que le Hamas, sous la direction de Mechaal, n’agit pas comme un mouvement de libération nationale, mais comme une branche ou un outil servant les objectifs du groupe des Frères musulmans, dont les ambitions dépassent la géographie palestinienne.

Il souligne que ce projet recoupe, dans son essence, des visions internationales visant à façonner ce qu’on appelle le « nouveau Moyen-Orient », où la cause palestinienne et les habitants de Gaza sont sacrifiés au profit de gains politiques et organisationnels étroits.

Abrash s’appuie sur des déclarations antérieures de responsables du mouvement qui ont minimisé l’importance de la terre palestinienne au regard de l’idéologie, affirmant que la direction de l’extérieur — avec à sa tête Mechaal — a exploité l’élan émotionnel et patriotique des habitants de Gaza et des membres du mouvement à l’intérieur, pour en faire un « combustible » dans des confrontations servant les centres de décision des Frères musulmans à Londres et dans d’autres capitales régionales.

L’analyse révèle également le rôle joué par Machaal dans l’ingénierie de la carte dirigeante au sein du Hamas, notant qu’il a contribué à propulser au premier plan des figures originaires de Gaza, telles qu’Ismaïl Haniyeh et Yahya al-Sinwar — non pas à travers de véritables processus démocratiques, mais dans le cadre d’un plan de répartition des rôles.

Selon Abrash, l’objectif de placer des dirigeants « originaires de Gaza » au premier plan était de leur faire porter directement la responsabilité de la destruction et du chaos ayant frappé la bande, du fait des politiques de confrontation, tandis que la véritable direction, à l’étranger, restait à l’abri de toute reddition de comptes.

Abrash s’arrête également sur les récentes déclarations de Khaled Mechaal appelant Washington à négocier directement avec le Hamas sur l’avenir de la bande de Gaza, comparant cette démarche à celle d’Abou Mohammad Al-Jolani en Syrie. Il considère que Mechaal cherche à présenter les « lettres de créance » du mouvement en tant que « partenaire politique » capable de contrôler la situation sur le terrain et de protéger les frontières, en échange d’une reconnaissance internationale garantissant la survie de l’organisation au pouvoir, même si cela se fait au détriment de l’armement que le mouvement a longtemps présenté comme un choix stratégique.

Abrash conclut que la stratégie de Mechaal vise, en fin de compte, à se substituer à l’Organisation de libération de la Palestine — non pas pour établir un État stable, mais afin que l’organisation joue un rôle fonctionnel dans les arrangements régionaux à venir.

Il met en garde contre le fait que la poursuite de cette approche signifie la perpétuation d’une division planifiée et la destruction des perspectives d’un État palestinien indépendant, tandis que la tragédie de Gaza est exploitée pour collecter des milliards de dollars dont le citoyen palestinien ne voit aucune trace sur le terrain.

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