Des pourparlers entre l’Egypte et la Turquie au bord de l’échec… Sissi a-t-il tranché la question ?
Au cours de la semaine dernière, le Président égyptien Abdoul Fattah al-Sissi a tenu deux séances de discussions séparées et très importantes, comme l’ont décrit les observateurs, en raison de la nature des sujets discutés sur l’axe régional du pays, l’un avec la Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de la Libye, Najla Mangoush, et l’autre avec le Premier Ministre grec Kyriákos Mitsotákis.
Les observateurs ont estimé que les déclarations faites à l’issue de la rencontre confirmaient dans leur substance l’attachement de l’Égypte à la résolution de la crise libyenne et le retrait rapide des mercenaires du pays, ainsi que sa position inébranlable à l’égard des partenaires à l’heure actuelle de la Méditerranée orientale, qui se reflétait largement dans les accords conclus entre l’Égypte et la Turquie et suggéraient que les négociations avaient échoué.
Au cours de la réunion qu’il a tenue le lundi avec le Premier Ministre grec, le Président égyptien a souligné l’existence de positions communes et la constance de leurs intérêts dans la région de la Méditerranée orientale.
Selon le porte-parole de la présidence égyptienne, la réunion a été marquée par un échange de vues sur les questions régionales d’intérêt commun, compte tenu de la solidité des positions communes et des intérêts communs des deux pays dans la région de l’Est méditerranéen, tout en soulignant que le Forum du gaz de la Méditerranée orientale est l’un des instruments les plus importants dans ce cadre, qui ouvrira des perspectives de coopération et d’investissement entre les États de la région dans le domaine de l’énergie et du gaz.
Il y a quelques jours, le Président égyptien a reçu la Ministre des affaires étrangères de la Libye, soulignant la nécessité de faire sortir les mercenaires comme première étape dans la résolution de la crise dans le pays.
Al-Sissi a souligné que l’Égypte avait une position ferme sur la question libyenne, son intégrité territoriale et la volonté du peuple libyen, sans ingérence extérieure.
La Directrice du Centre égyptien pour les études démocratiques libres (CDA) Dalia Ziada estime que les premiers pourparlers sur la réconciliation entre l’Égypte et la Turquie semblent être confrontés à une véritable menace d’échec, due à l’absence d’accord entre les deux parties sur des questions fondamentales qu’aucune d’entre elles ne peut ignorer, sous l’effet des appels de félicitations à l’Aïd et d’autres gentillesses diplomatiques, principalement la position des Frères musulmans et la présence militaire turque en Libye.
Ziada a déclaré à Sky News Arabia indique qu’il y a plusieurs indices qui indiquent clairement que les pourparlers ont été interrompus et que nous pourrions voir une régression dans les relations entre les deux pays dans les jours à venir si la situation n’était pas résolue.
La première de ces indications est le discours du politicien à la conférence de presse qui a suivi sa rencontre avec le Premier Ministre grec. Il a souligné la position constante de l’Égypte sur le conflit de la Méditerranée orientale, la nécessité pour tous les États de respecter le droit international et les conventions des Nations Unies, en particulier les principes de non-ingérence et de respect de la souveraineté et des eaux territoriales d’autres États.
Al-Sissi a souligné la solidarité de l’Égypte avec la Grèce contre toute pratique qui violerait sa souveraineté.
Bien que le Président égyptien n’ait pas explicitement désigné la Turquie, il n’en demeure pas moins évident pour tous ceux qui suivent le dossier, et porteurs d’un message fort à l’endroit de la Turquie, fort en contraste avec la position plus souple adoptée par l’Égypte sur la question de la Méditerranée au cours des trois derniers mois.
Elle note : « En outre, hier, Al-Sissi a rencontré la Ministre des affaires étrangères de la Libye, Najla Mangoush, qui a pour position de rejeter fermement la présence militaire turque en Libye. Sissi a loué sa position comme une ‘position patriotique’ et lui a dit que nous vous soutenons dans votre appel à expulser les mercenaires et les forces étrangères de Libye. » »
Et elle poursuit : « En outre, la deuxième série de pourparlers diplomatiques exploratoires entre l’Égypte et la Turquie au niveau des vice-ministres des Affaires étrangères devait avoir lieu ces jours-ci mais n’a pas eu lieu et a peut-être été ajournée ou annulée. »
Elle ajoute que « la plupart du temps, c’est l’opposition générale que l’on a pu constater en Turquie à l’égard des décisions judiciaires rendues à l’encontre des dirigeants des Frères musulmans dans l’affaire du sit-in de Rabaa, ce qui va à l’encontre du principal principe sur lequel l’Égypte insiste pour établir de nouvelles relations avec la Turquie, celui de la non-ingérence dans les affaires intérieures de l’Égypte » .
Elle conclut en disant que tous ces indicateurs nous apprennent très clairement une chose : Malheureusement, les pourparlers entre l’Égypte et la Turquie sont au bord de l’échec.