Politique

La Libye en 2025 : des avancées politiques limitées et une impasse persistante entravant le processus électoral


À l’approche de la fin de l’année 2025, la Libye se trouve confrontée à une réalité politique complexe, marquée à la fois par de timides signes de progrès et par des blocages récurrents.

L’année a été caractérisée par une tentative de relance du processus constitutionnel et électoral, face à des divisions profondément enracinées qui ont continué d’entraver toute transition effective vers la stabilité. Entre réunions sporadiques, pressions internationales renouvelées et mobilisation populaire croissante, la Libye semble évoluer dans un cercle fermé où les élections restent reportées, les autorités fragmentées et l’espoir populaire suspendu à une percée qui n’a pas encore eu lieu.

Un consensus entre la Chambre des représentants et le Haut Conseil d’État

Le 23 février 2025, des membres de la Chambre des représentants libyenne et du Haut Conseil d’État ont tenu une réunion consultative au Caire, qui s’est conclue par des accords qualifiés de « positifs », visant à briser l’impasse politique et à renforcer le cadre institutionnel.

Le communiqué final a insisté sur la nécessité de maintenir le processus politique sous l’égide des institutions officielles de l’État, ainsi que sur l’importance de poursuivre la coordination entre les deux conseils par le biais de mécanismes communs.

Des observateurs ont vu dans cette initiative un « signal symbolique » de la possibilité de parvenir à des compromis internes après des années de divisions, ravivant un certain espoir de réunification des institutions législatives.

Les élections municipales : un acquis local dans un contexte instable

Tout au long de l’année 2025, la Haute Commission électorale nationale a poursuivi l’organisation des élections des conseils municipaux.

Le 16 août 2025, la deuxième phase des élections municipales a été achevée, suivie de la troisième phase en octobre 2025.

Malgré leur caractère local, ces élections ont été considérées comme une étape importante dans un environnement politique fortement perturbé. Elles ont contribué à renforcer la confiance dans la gouvernance locale et à préparer le terrain pour une dynamique politique plus large à l’échelle nationale.

Soutien international : une présence constante et des progrès lents

Le soutien international au processus politique libyen est resté soutenu. Le 26 juillet 2025, la Mission d’appui des Nations unies en Libye a annoncé la tenue de nouvelles réunions avec les parties libyennes, notamment le comité 6+6, dans une tentative de surmonter la « force majeure » ayant entravé l’organisation des élections.

Le 12 août 2025, la mission a dévoilé un plan visant à unifier l’exécutif en amont de la tenue des élections.

Malgré ces efforts, les avancées sur le terrain sont demeurées extrêmement limitées en raison des profondes divergences et de la polarisation aiguë entre les institutions de l’Est et de l’Ouest du pays.

La Haute instance des présidences : pas vers l’unité ou approfondissement de la division ?

Le 21 novembre 2025, Tripoli a accueilli une réunion réunissant le président du Conseil présidentiel, Mohamed Al-Menfi, le président du Haut Conseil d’État, Mohamed Takala, le chef du Gouvernement d’unité nationale sortant, Abdelhamid Dbeibah, ainsi que le membre du Conseil présidentiel Abdallah Al-Lafi. À l’issue de cette rencontre, la création de la « Haute instance des présidences » a été annoncée en tant qu’organe de coordination regroupant les trois pouvoirs, avec pour objectif d’unifier la méthodologie de prise de décision.

Cette initiative a suscité une vive controverse. Si certains y ont vu une tentative de réorganiser la décision nationale, d’autres ont estimé qu’elle risquait d’approfondir les divisions et de complexifier davantage le paysage politique en l’absence d’un cadre constitutionnel clair.

Une mobilisation populaire massive en faveur des élections

L’année 2025 a été marquée par une série de manifestations, dont la plus notable a eu lieu le 28 novembre 2025 dans le cadre du « Hirak de la nation », qui a gagné les villes de l’Est, du Sud et de l’Ouest du pays, appelant à l’organisation rapide d’élections présidentielles et à la fin des phases transitoires qui durent depuis plus d’une décennie.

Les manifestants ont scandé le slogan « La Libye est une et indivisible, non à une nouvelle phase de transition », illustrant l’exaspération croissante de la population face à la persistance de l’impasse politique.

Le président de la Chambre des représentants, le conseiller Aguila Saleh, a publié un communiqué affirmant que ces manifestations exprimaient « la volonté des Libyens, source de toute légitimité », soulignant la nécessité d’accélérer l’organisation des élections. Il a révélé qu’environ trois millions d’électeurs attendaient ce scrutin et a appelé la commission électorale à appliquer immédiatement la loi sur l’élection du président.

Une entrave persistante au processus électoral

Le président du parti « Libye Al-Karama » et professeur de sciences politiques, le docteur Youssef Al-Farsi, a affirmé que la Libye faisait face à une « entrave réelle » au processus électoral de la part d’acteurs internes, en particulier dans l’Ouest du pays, « qui ne souhaitent pas aller vers des élections ».

Il a ajouté que la récente mobilisation nationale avait transmis un message clair en faveur de véritables élections présidentielles, appelant la mission onusienne à se conformer aux revendications du peuple.

Al-Farsi a estimé que la création de la Haute instance des présidences constituait « une décision erronée, dépourvue de fondement constitutionnel ou juridique », qualifiant la situation de « politiquement et économiquement instable ».

Il a également souligné que les Nations unies avaient tardé à gérer le processus politique, manquant de clarté et de transparence.

Il a enfin appelé le Conseil de sécurité à imposer des sanctions contre les parties entravant le processus, estimant qu’il s’agissait d’une étape nécessaire pour ouvrir la voie à des élections capables de sortir le pays du « tunnel obscur ».

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