L’Australie étudie l’hypothèse d’un lien iranien avec l’attaque armée de Sydney
La diplomatie iranienne s’est empressée de condamner l’attaque, d’autant plus que Téhéran avait déjà été accusé par les autorités australiennes de planifier des attaques contre la communauté juive.
Les autorités australiennes ont lancé une vaste enquête à la suite d’une attaque armée meurtrière ayant visé un événement religieux juif à Sydney durant le week-end. La police a qualifié l’incident d’acte terroriste, faisant état de 12 morts et de plusieurs blessés. L’enquête se concentre actuellement sur l’identification des responsables, dans un contexte de questions croissantes sur l’existence éventuelle de liens extérieurs, dont l’Iran, comme l’ont indiqué des responsables de la communauté juive.
Selon la police de l’État de Nouvelle-Galles du Sud, des hommes armés ont ouvert le feu sur un rassemblement organisé à l’occasion de la fête de Hanoucca, dimanche, dans le quartier de Bondi Beach, provoquant un mouvement de panique et un lourd bilan humain. Le commissaire de police Mal Lanyon a déclaré que les forces de sécurité étaient intervenues rapidement sur les lieux. L’un des suspects a été tué lors de l’affrontement, un autre a été hospitalisé dans un état critique, tandis que les investigations se poursuivent afin de déterminer si un troisième suspect a participé à l’attaque.
Dans le cadre de l’enquête, le journal The Times of Israel a cité Jeremy Leibler, président de la Fédération sioniste d’Australie, affirmant que le ministère australien des Affaires étrangères examine l’hypothèse d’une implication iranienne potentielle. Selon lui, le simple fait que cette piste soit étudiée à un niveau officiel témoigne de l’existence d’éléments incitant les autorités à ne pas l’écarter.
Malgré ces déclarations, les autorités australiennes ont souligné qu’aucune preuve concluante n’a, à ce stade, établi l’implication d’un acteur étranger. Le commissaire de police a appelé à la prudence et à éviter toute conclusion hâtive, précisant que les équipes d’enquête explorent plusieurs pistes, notamment les antécédents des auteurs, leurs motivations et d’éventuels réseaux de soutien.
De son côté, le ministère iranien des Affaires étrangères a rapidement condamné l’attaque. Son porte-parole, Esmaeil Baghaei, a déclaré dans un communiqué officiel que Téhéran rejette la violence et le terrorisme sous toutes leurs formes, considérant que le ciblage de civils et les massacres sont condamnables où qu’ils se produisent. Le communiqué n’a toutefois pas évoqué les accusations indirectes relayées par certaines parties.
Par ailleurs, un responsable de la sécurité israélienne a indiqué au quotidien Israel Hayom que l’État hébreu suit de près l’évolution de la situation et mène une enquête parallèle afin de déterminer la nature de l’attaque et les responsables, notamment en raison des craintes d’une implication étatique ou de groupes armés transnationaux. Des médias israéliens ont rapporté que l’Iran serait le principal suspect en cas de confirmation d’une empreinte étatique, tout en examinant des liens possibles avec des groupes tels que le Hezbollah, le Hamas ou d’autres organisations actives dans la région.
Ces soupçons s’inscrivent dans un contexte de tensions persistantes depuis plusieurs années entre l’Australie et l’Iran. Canberra avait déjà classé le Corps des gardiens de la révolution islamique parmi les entités soutenant le terrorisme, sur la base d’évaluations des services de renseignement faisant état de tentatives de préparation d’attaques contre des cibles juives sur le territoire australien. Le gouvernement australien avait également pris, par le passé, des mesures diplomatiques strictes, allant jusqu’à l’expulsion de l’ambassadeur iranien et à la suspension de l’activité de son ambassade à Téhéran.
Sur le plan intérieur, l’attaque a provoqué un profond choc au sein de la communauté juive australienne. Jeremy Leibler a exprimé son inquiétude quant aux conséquences à long terme de l’attentat, soulignant que les craintes liées à la montée de l’antisémitisme existaient déjà et pourraient conduire certaines familles à envisager de quitter le pays. Il a qualifié l’attaque de l’une des plus meurtrières visant des Juifs dans le monde ces dernières années.
Il s’agit de l’attaque la plus violente de ce type à Sydney depuis la prise d’otages du café Lindt en 2014, un événement encore fortement ancré dans la mémoire collective australienne. Les autorités ont confirmé que deux policiers figuraient parmi les blessés lors de leur intervention face aux assaillants.
Dans ses dernières réactions officielles, le Premier ministre australien Anthony Albanese a condamné l’attaque avec la plus grande fermeté, affirmant que son gouvernement mobiliserait tous les moyens nécessaires pour traduire les responsables en justice et garantir la sécurité de tous les citoyens et résidents, indépendamment de leur appartenance religieuse ou ethnique.
