Un tournant dans la position de Pretoria sur le dossier du Sahara : un coup dur pour le Front Polisario
Le président sud-africain a salué la résolution 2797 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui adopte l’initiative marocaine d’autonomie comme seul cadre viable pour le règlement, marquant un tournant décisif en faveur de la proposition marocaine.
Dans un revirement inédit et remarquable au niveau de la position officielle de Pretoria sur le conflit du Sahara marocain, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a accueilli avec enthousiasme la dernière résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur ce conflit artificiel, soutenant de manière forte et explicite la proposition d’autonomie sous souveraineté marocaine comme seule solution réaliste et base exclusive pour les négociations.
Lors d’un discours prononcé au congrès de son parti, le Congrès national africain (ANC), Ramaphosa a déclaré que son pays « contribue à l’instauration de la paix dans plusieurs régions du monde, y compris au Sahara » et que la dernière résolution du Conseil de sécurité « confirme la crédibilité et l’efficacité de l’initiative marocaine, incitant ainsi l’Afrique du Sud à soutenir une solution politique qui mette fin à ce dossier ».
Cette position, par sa franchise et la clarté de ses messages, constitue le plus grand revirement de l’histoire de la politique étrangère sud-africaine vis-à-vis du conflit artificiel créé par le Polisario et l’Algérie. Elle représente un progrès inattendu vers une reconnaissance implicite de la fin de l’option séparatiste que l’Afrique du Sud soutenait depuis des décennies. Le pays, qui était aux côtés de l’Algérie en première ligne pour défendre la position du Polisario au nom du « droit à l’autodétermination », parle aujourd’hui de la nécessité de clore ce dossier et considère l’initiative marocaine comme la solution la plus réaliste.
Ce développement intervient dans un contexte de dynamiques internes fortes en Afrique du Sud, notamment l’influence de personnalités économiques et politiques ayant des intérêts solides avec le Maroc, comme le milliardaire Patrice Motsepe, investissant près de deux milliards de dollars dans le secteur des assurances au Maroc, et l’ancien président Jacob Zuma, dont le nouveau parti défend activement le renforcement des relations avec Rabat et le soutien à la souveraineté marocaine sur le Sahara.
Ces évolutions économiques et politiques ont préparé le terrain à un discours plus pragmatique, dépassant l’héritage idéologique qui avait gouverné la position de Pretoria pendant de longues années. De plus, les changements géopolitiques récents, notamment les reconnaissances internationales croissantes de la souveraineté marocaine sur le Sahara et l’ouverture de consulats dans les provinces méridionales, ont rendu l’option séparatiste sans perspective ni soutien légal ou politique.
L’un des aspects les plus significatifs de cette nouvelle position sud-africaine est qu’elle retire le principal soutien politique sur lequel s’appuyait le Front Polisario. L’Algérie, qui a parrainé le Polisario depuis sa création, comptait sur Pretoria pour former un front de soutien au sein de l’Union africaine et dans les instances internationales. Avec ce changement, l’Algérie perd un partenaire stratégique, longtemps considéré comme le bras continental le plus puissant en faveur de la thèse séparatiste.
Ce retrait politique public constitue un double revers : d’une part, le Polisario perd un de ses soutiens majeurs, et d’autre part, l’Algérie se retrouve de plus en plus isolée sur le continent concernant ce conflit artificiel. Cela marque l’effritement des derniers remparts qui maintenaient l’option séparatiste en vie, malgré l’absence de tout horizon politique.
Les nouvelles données montrent que l’Afrique du Sud commence à réfléchir de manière plus rationnelle et à intégrer les transformations géopolitiques qui font de l’initiative d’autonomie non seulement la solution réaliste mais la seule applicable. Ramaphosa a affirmé que la résolution 2797 « a confirmé la force du plan d’autonomie et enterré définitivement l’option du référendum ». Cette déclaration constitue en soi une reconnaissance explicite que l’option « droit à l’autodétermination » telle que promue par le Polisario appartient désormais au passé.
Le contexte international actuel, en Europe, aux États-Unis et en Afrique, soutient fortement l’approche marocaine basée sur le réalisme, la stabilité et le développement. L’ouverture de l’Afrique du Sud à cette démarche reflète une prise de conscience croissante qu’il est temps de clore ce conflit artificiel et que l’investissement dans la stabilité régionale constitue l’option la plus bénéfique pour les pays du continent.
Les observateurs estiment que la nouvelle position de Pretoria témoigne également du succès de la diplomatie marocaine, basée sur un discours élevé, une politique de main tendue et l’évitement des confrontations médiatiques avec le régime algérien. Cette approche calme, conduite par le roi Mohammed VI depuis plusieurs années, a progressivement permis de gagner le soutien de pays traditionnellement alignés sur les positions hostiles à l’intégrité territoriale du Maroc.
Grâce au renforcement des investissements conjoints et à l’élargissement des relations politiques avec des pays influents du continent, le Maroc a réussi à établir de nouvelles relations solides basées sur des intérêts communs et le respect mutuel, reléguant ainsi les discours idéologiques du Polisario à une époque révolue.
Avec ce tournant, le dossier du Sahara marocain entre dans une nouvelle phase qui pourrait redéfinir les équilibres du conflit. La position d’un pays de la taille et du poids de l’Afrique du Sud influence directement d’autres pays africains qui adoptaient une posture neutre ou pro-Algérie. Elle pourrait conduire à un réarrangement de la scène africaine concernant le Sahara, en accord avec la tendance internationale générale soutenant la solution politique réaliste proposée par le Maroc.
Ce changement aura un impact direct sur le déroulement des négociations et réduira la marge de manœuvre restante pour le Polisario. Il met également l’Algérie face à une réalité qui affaiblit sa capacité à promouvoir son discours isolé sur le continent.
La nouvelle position sud-africaine sur le Sahara marocain dépasse une simple modification diplomatique : elle ouvre la voie à une transformation plus large de la relation avec Rabat, avec d’importantes perspectives politiques et économiques. L’éloignement de Pretoria de l’alignement traditionnel et son rapprochement d’une approche pragmatique cohérente avec les dynamiques régionales lui permettent de se repositionner en tant qu’acteur pragmatique capable de collaborer avec les initiatives stratégiques marocaines, notamment les projets liés à l’intégration africaine.
Ce nouveau climat permet à l’Afrique du Sud de tirer parti des initiatives royales marocaines visant à construire des partenariats équilibrés sur le continent, en particulier dans les domaines géo-économiques. Dans ce cadre, l’initiative d’accès à l’Atlantique constitue l’un des projets majeurs par lesquels Pretoria pourrait connecter son économie aux corridors maritimes et aux investissements que le Maroc restructure en Afrique de l’Ouest. L’engagement des deux parties dans cette dynamique pourrait inaugurer un nouveau chapitre de coopération, transformant une relation historiquement tendue en un partenariat stratégique plus large, redéfinissant leurs rôles sur le continent africain.
