Moyen-Orient

Gaza engloutie sous 68 millions de tonnes de décombres… et une période de reconstruction choquante


Circuler aujourd’hui dans la bande de Gaza revient à traverser un paysage de ruines, où les bâtiments effondrés et les rues dévastées se mêlent pour révéler l’ampleur de la destruction qui a frappé le territoire.

Au cours des deux années qui ont précédé l’accord de cessez-le-feu conclu en octobre dernier, la guerre à Gaza a transformé une grande partie du territoire en un amas de gravats, la majorité de ses bâtiments ayant été détruits ou endommagés.

À ce sujet, le journal américain Wall Street Journal indique que l’enlèvement des décombres, préalable à toute reconstruction, constituera une tâche colossale qui devrait s’étendre sur plusieurs années et coûter plus d’un milliard de dollars.

Dans son article intitulé « Gaza engloutie sous 68 millions de tonnes de décombres. Aperçu d’une mission épuisante à venir », le journal souligne que si ces gravats étaient répartis sur Manhattan, chaque pied carré en supporterait un poids de 215 livres.

Les milliers de frappes aériennes israéliennes, combinées aux combats terrestres et aux démolitions contrôlées, ont conduit à la destruction de plus de 123 000 bâtiments dans la bande de Gaza, ainsi qu’à des dommages supplémentaires affectant environ 75 000 autres, soit 81 % des structures du territoire, selon la dernière analyse d’images satellites des Nations unies.

À cela s’ajoute la présence de munitions non explosées mêlées aux dépouilles de milliers de victimes dont les corps restent ensevelis sous ce qui fut autrefois leurs maisons.

Des années de travail
Selon Jaco Cilliers, directeur des opérations du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) dans les territoires palestiniens, le retrait de cette immense masse de gravats « prendra des années », estimant que le processus pourrait durer entre cinq et sept ans dans le meilleur des scénarios.

Cette durée dépendra de plusieurs facteurs : le financement international, l’autorisation israélienne d’entrer les équipements nécessaires, et la stabilité du cessez-le-feu.

Gaza ne dispose aujourd’hui que de neuf excavatrices, 67 bulldozers, 75 camions et une seule concasseuse, en plus de quelques machines survivantes d’avant-guerre.

Pour atteindre le minimum requis dans le cadre du plan de déblaiement, le PNUD demande l’entrée de 120 camions supplémentaires, 80 bulldozers, 20 excavatrices et davantage de concasseuses.

Mais Israël classe ces équipements comme « à usage dual », craignant qu’ils ne soient exploités à des fins militaires, comme cela a été le cas pour la construction du réseau de tunnels du Hamas.

Les entreprises de construction de Gaza facturent environ 23 dollars pour l’enlèvement d’une tonne de décombres, tandis que le coût total de la reconstruction est estimé à environ 70 milliards de dollars.

La partie émergée de l’iceberg
Le PNUD a commencé, il y a un an, une opération limitée de déblaiement avec les moyens disponibles. À ce jour, seuls 209 000 tonnes ont été collectées, un chiffre que les responsables qualifient de « sommet de l’iceberg ».

Malgré cela, les efforts ont produit certains résultats tangibles : 270 routes ont été rouvertes, les commerçants ont repris l’installation de leurs étals, et le temps de trajet entre Deir al-Balah et Gaza est passé de 90 à 30 minutes.

Les munitions non explosées… un danger constant
Par ailleurs, un nombre croissant d’habitants de Gaza — notamment des enfants — subissent des blessures chaque semaine à cause des munitions non explosées dispersées dans les maisons et les rues.

Les estimations israéliennes suggèrent que 1 à 2 % des munitions utilisées pourraient ne pas avoir explosé, mais les experts estiment que le total se chiffre par milliers.

L’ONU chargée des opérations de déminage n’a pas pu neutraliser ces engins depuis deux ans, faute d’équipements spécialisés toujours en attente de l’autorisation israélienne pour entrer.

Une mission épuisante
Les Nations unies décrivent Gaza comme l’une des zones les plus détruites au monde et soulignent que la planification de chaque étape du long processus de redressement est essentielle.

Le PNUD estime que la reconstruction pourrait durer des décennies.

Le retrait des décombres constitue une condition préalable incontournable pour toute reconstruction à long terme. Il s’agit de la première étape pour restaurer les moyens de subsistance, relancer les marchés locaux, rouvrir les hôpitaux et les écoles, et permettre aux acteurs humanitaires d’accéder aux communautés locales afin de fournir une aide vitale.

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