Politique

Le char T-95… Des fuites ravivent le rêve perdu des Soviétiques


La fuite d’un ensemble original de plans du char de combat principal soviétique « Object 195 » a relancé un large débat autour de l’un des projets les plus révolutionnaires.

L’artiste spécialisé dans les conceptions tridimensionnelles « Ghostiez 3D » a publié de nouvelles illustrations numériques affirmant qu’elles sont « basées sur un véritable album de plans récemment divulgués », révélant ainsi des détails plus profonds sur le char connu populairement sous le nom de T-95.

Ce char devait être la première plateforme blindée conçue entièrement à partir de zéro et destinée à rejoindre l’armée soviétique depuis l’entrée en service du T-64 en 1964.

Le T-64 avait acquis sa place historique en devançant les chars occidentaux d’environ vingt ans : il était équipé d’un canon puissant, de munitions perforantes avancées, ainsi que de blindages composites que les chars occidentaux n’ont pu égaler qu’après quinze à vingt ans.

Avec l’évolution du T-64 durant les années 1970 et 1980, ses célèbres dérivés virent le jour : le T-72, moins coûteux et plus simple, et le T-80, plus onéreux mais doté d’une mobilité supérieure. Les deux modèles entrèrent en service dans des versions modernisées à partir de 1973 et 1975.

Bien que le T-72 ait été moins performant que les T-64 et T-80, ses versions d’exportation allégées ont montré une supériorité notable au cours des conflits des années 1980, que ce soit durant la guerre du Liban ou la guerre Iran-Irak.

Cependant, l’arrivée de nouveaux chars occidentaux, tels que le Leopard 2 allemand et l’Abrams M1A1 américain, a réduit l’écart en termes de capacités. Cela a poussé Moscou à lancer le projet « Object 195 » pour rétablir une supériorité complète et durable dès la fin des années 1990 ou au début des années 2000, tout comme le T-64 l’avait fait dans les années 1960.

Tout comme le T-64 avait introduit un changement radical avec son canon de 152 mm, incomparable aux canons occidentaux de 105 mm, le T-95 était censé adopter un canon principal de 152 mm extrêmement puissant, lui offrant une capacité de pénétration sans précédent.

Le nouveau char devait également offrir des niveaux de protection exceptionnels, avec des estimations indiquant que l’épaisseur de son blindage frontal aurait pu atteindre 1000 mm face aux munitions antichars.

Le projet reposait sur une architecture révolutionnaire isolant les trois membres d’équipage dans une capsule blindée entièrement protégée, tandis que la tourelle et le canon étaient opérés à distance, prolongeant ainsi l’héritage du T-64, premier char à intégrer un système de chargement automatique.

Grâce à cette configuration, le char aurait bénéficié d’un profil extrêmement bas, encore plus réduit que celui du T-64, pourtant déjà réputé pour sa faible hauteur.

Malgré son potentiel pour devenir le projet le plus novateur depuis la Seconde Guerre mondiale, et bien qu’il ait atteint le stade des prototypes, l’effondrement de l’Union soviétique et le déclin drastique de l’économie, de l’industrie et de la technologie russes ont empêché son aboutissement.

Après l’annulation du programme dans les années 2000, le projet T-14 Armata apparut en 2015 comme une tentative de ressusciter de nombreux concepts de l’« Object 195 », mais dans une version « moins ambitieuse » adaptée aux capacités limitées de la Russie post-soviétique, selon des analystes militaires.

Cependant, les retards importants subis par le programme T-14 Armata ont jeté le doute sur son avenir au milieu des années 2020, soit près de vingt-cinq ans après la date initialement prévue pour l’entrée en service du T-95.

La Chine a profité de cette lacune pour avancer avec force grâce au nouveau char « Type 100 », déjà en service, tandis que les États-Unis et la Corée du Sud se préparent à suivre avec les programmes « M1E3 » et « K3 ». L’aboutissement de ces projets pourrait placer les blindés russes dans une position relativement en retrait.

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