Grand Maghreb

Dbeibah promeut la transformation de la Libye en un hub régional du gaz malgré les défis sécuritaires


Le ministre libyen du Pétrole et du Gaz appelle les partenaires africains du secteur énergétique à investir en Libye, la présentant comme un centre et un corridor pour l’exportation du gaz africain vers l’Europe, tout en ignorant les risques sécuritaires liés à la domination des milices dans l’ouest du pays.

Le ministre libyen du Pétrole et du Gaz, Khalifa Abdussadiq, a lancé samedi une invitation aux partenaires africains du secteur de l’énergie à travailler en Libye, la considérant comme un centre et un pont pour exporter le gaz africain vers l’Europe. Il a déclaré que la position géographique de la Libye lui offre la responsabilité et l’opportunité de devenir, à l’avenir, un point central des flux gaziers africains. Cependant, cette vision passe sous silence la situation sécuritaire et politique instable du pays.

Dans son discours d’ouverture de la première édition du Forum Libye-Afrique du gaz, Abdussadiq a affirmé que la Libye se situe « à l’un des carrefours géostratégiques les plus importants du monde, entre l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique », un emplacement présentant une importance économique, commerciale et opérationnelle majeure.

Mais le ministre ignore l’impact de la division politique et de l’emprise des milices sur l’ouest libyen, lesquelles contrôlent les réseaux de contrebande pétrolière. Plusieurs rapports accusent ces groupes de s’emparer illégalement des voies de transport du pétrole et du gaz et de leurs revenus.

Il a poursuivi : « Notre message à nos frères africains : unissez-vous à nous, coopérez avec nous et utilisez la Libye comme une voie pour exporter votre gaz vers l’Europe et au-delà », précisant que les entreprises libyennes sont prêtes pour de tels partenariats.

Lors du premier jour du forum, organisé à l’hôtel Lancaster – Burj Al-Hayat à Tripoli sur deux jours, il a souligné : « Nous sommes au cœur de la rencontre entre la demande mondiale, l’offre régionale et les voies commerciales stratégiques. Nos partenaires européens ont un besoin urgent de gaz pour répondre à leurs impératifs de sécurité énergétique. »

Abdussadiq a assuré que la Libye est prête à « coordonner, regrouper, traiter et exporter les molécules de gaz africain à haute valeur ajoutée à travers la Méditerranée ». Il a ajouté que ce projet nécessite des financements plus intelligents, des technologies avancées, un transfert réel d’expertise, des cadres réglementaires adaptés et des infrastructures capables de relier les pays africains à la Libye.

La Libye dispose du gazoduc Greenstream, un projet conjoint entre la National Oil Corporation et la société italienne Eni (branche Afrique du Nord), qui transporte du gaz naturel vers l’Italie avec une capacité d’environ 11 milliards de mètres cubes par an.

Il a affirmé que son pays est capable d’exporter de grandes quantités de gaz vers l’Europe, une donnée cruciale qui peut permettre au producteur africain de devenir «le centre et le pont reliant l’Afrique à l’Europe, et nous sommes prêts pour cela ».

Avant la révolte de 2011 soutenue par l’OTAN contre Mouammar Kadhafi, la Libye, deuxième producteur de pétrole en Afrique et membre de l’OPEP, produisait 1,6 million de barils par jour.

Selon le ministre, le pays produit actuellement environ 1,4 million de barils par jour et près de 2,5 milliards de pieds cubes de gaz par jour.

Abdussadiq a indiqué que la Libye possède environ 200 000 milliards de pieds cubes de gaz potentiel, 70 000 milliards de pieds cubes de réserves prouvées et 129 sources non conventionnelles.

De son côté, Hussein Safar, membre du conseil d’administration de la National Oil Corporation, a déclaré que le forum représente un tournant dans la manière dont la Libye développe ses ressources gazières et dans le niveau de coopération transfrontalière entre les États africains pour exploiter leurs corridors d’exportation au maximum de leurs capacités.

Il a ajouté que la Libye « possède l’une des plus importantes ressources gazières d’Afrique, ainsi que l’un des corridors d’exportation les plus stratégiques, alors même que la majorité de ces ressources demeure sous-exploitée et non explorée ».

La National Oil Corporation avait annoncé en mars dernier un appel d’offres — le premier depuis plus de 17 ans — portant sur 22 zones d’exploration et de développement, dont 11 offshore et 11 onshore. Cette initiative intervient alors que la Libye cherche à augmenter sa production de pétrole, visant deux millions de barils par jour au cours des prochaines années.

En novembre, la compagnie a affirmé être sur le point de finaliser les étapes de l’appel d’offres public pour l’exploration, la présentation des offres et l’ouverture des dossiers étant prévue pour février 2026. Environ 40 entreprises ont exprimé leur intérêt à participer à la procédure.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page