Première opération conjointe entre Damas et la coalition internationale contre Daech
Centcom affirme que l’opération conjointe a visé plus de quinze dépôts d’armes du groupe extrémiste dans le sud de la Syrie, afin d’empêcher celui-ci de réorganiser ses rangs.
Le Commandement central américain (Centcom) a annoncé avoir mené une opération conjointe contre l’organisation terroriste Daech en coopération avec le ministère syrien de l’Intérieur, dans le sud du pays, entre le 24 et le 27 novembre, dans la première opération commune depuis l’adhésion de Damas à la coalition internationale contre le groupe extrémiste.
Centcom a indiqué dans un communiqué que l’opération avait ciblé plus de quinze dépôts d’armes appartenant à l’organisation dans le sud de la Syrie, soulignant qu’elle représentait une étape importante pour contrer les tentatives du groupe de reconstituer ses forces dans la région.
L’opération a permis de détruire des munitions de mortier, des roquettes, des armes de différents calibres, des mitrailleuses, des mines antichars et des matériaux utilisés pour fabriquer des engins explosifs improvisés.
Le commandant du Centcom, Brad Cooper, a affirmé que ces opérations visent à empêcher Daech de regagner en puissance dans la région. Il a ajouté : « Cette opération réussie a encore affaibli la capacité offensive de l’organisation. Nous ne permettrons pas à ce groupe d’atteindre un niveau qui constituerait une menace pour les États-Unis et leurs alliés. »
Il est estimé que ce passage à une coordination sécuritaire directe avec les États-Unis n’a pas seulement une dimension militaire, mais représente également une opportunité politique et économique pour Damas. Une telle coopération pourrait ouvrir des canaux de dialogue plus larges et offrir au gouvernement une marge de
manœuvre accrue sur la scène internationale, en plus de possibles bénéfices économiques et politiques ou de la relance de certains cadres de coopération indirecte. Sur le plan sécuritaire, cette coordination conjointe permettrait une gestion plus efficace des dossiers sensibles liés à la lutte antiterroriste et au contrôle des frontières, renforçant ainsi la stabilité et donnant à Damas de nouveaux leviers dans ses relations régionales et internationales.
Le 11 novembre dernier, l’ambassade américaine à Damas avait annoncé l’adhésion de la Syrie à la coalition internationale contre Daech, créée sous la direction des États-Unis en 2014. La lutte antiterroriste figurait parmi les principaux dossiers abordés par le président syrien Ahmed Al-Shar’a lors de sa visite à Washington quelques semaines plus tôt.
Dans une publication sur X à l’époque, l’ambassade avait écrit : « C’est un moment charnière dans l’histoire de la Syrie et dans la lutte mondiale contre le terrorisme. La Syrie devient officiellement le 90ᵉ partenaire à rejoindre la coalition internationale pour vaincre Daech. »
La coalition internationale, fondée en 2014 et dirigée par les États-Unis, a mené depuis cette date des opérations militaires contre l’organisation État islamique en Syrie et en Irak, avec la participation de nombreux pays. Cependant, le gouvernement syrien n’en avait jamais fait partie jusqu’à récemment.
Le nouveau régime, issu d’un courant islamique et qualifié d’« extrémiste » avant son arrivée au pouvoir, cherche aujourd’hui à se distancer de l’héritage de l’ancien système, accusé d’avoir utilisé des groupes extrémistes comme outil de pression politique ou d’avoir fermé les yeux sur leur expansion pour obtenir des avantages tactiques. Il a également tenté de se rapprocher de l’Occident en menant des opérations contre des cellules de l’État islamique dans plusieurs provinces.
Ce mouvement peut aussi être interprété comme une tentative de la nouvelle Damas de reconstruire ses relations avec des acteurs régionaux et internationaux en démontrant un engagement sérieux dans la lutte antiterroriste, un dossier particulièrement sensible au Moyen-Orient.
Al-Shar’a avait rompu le lien entre Hayat Tahrir Al-Sham et Al-Qaïda en 2016, mené des combats violents contre l’État islamique pendant plus de dix ans, et lancé des campagnes d’arrestations et d’opérations militaires contre ses cellules dans le bastion de HTS, à Idlib. Washington avait œuvré à retirer le nom d’Al-Shar’a et celui de son ministre de l’Intérieur, Anas Al-Khattab, des listes internationales du terrorisme.
L’organisation État islamique a tenté de revenir en Syrie après la chute d’Al-Assad, cherchant à présenter le rapprochement d’Al-Shar’a avec l’Occident et son engagement à gouverner toutes les communautés religieuses du pays comme une contradiction avec l’islam.
