L’attaque de Washington le remet en lumière… Que sait-on de la Garde nationale ?

La blessure de deux membres de la Garde nationale lors d’une fusillade à Washington a ravivé l’attention sur cette force militaire hybride, récemment au centre de l’actualité.
La fusillade a visé deux membres de la Garde nationale près de la Maison-Blanche à Washington, mercredi soir, et le président Donald Trump l’a qualifiée d’« acte terroriste ».
Kash Patel, directeur du FBI, a déclaré que les deux membres blessés étaient dans un état critique.
Plus tard, Trump a confirmé que le suspect arrêté était un citoyen arrivé d’Afghanistan aux États-Unis en 2021.
Le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, a ensuite annoncé que le président avait ordonné le déploiement de 500 soldats supplémentaires dans la capitale fédérale après la fusillade.
Au cours des derniers mois, la Garde nationale a été au centre d’une vive controverse aux États-Unis. En juin dernier, le président Donald Trump avait outrepassé l’autorité du gouverneur de Californie, Gavin Newsom, en ordonnant le déploiement d’environ deux mille soldats de la Garde nationale pour disperser des manifestations contre les autorités fédérales de l’immigration à Los Angeles.
Les autorités californiennes avaient rapidement répliqué par une action en justice, qualifiant la mesure de violation du dixième amendement de la Constitution américaine.
C’était la première fois depuis soixante ans qu’un président déployait la Garde nationale sans l’approbation du gouverneur. Le précédent remontait à 1965, lorsque le président Lyndon Johnson avait envoyé des troupes en Alabama pour protéger les militants des droits civiques.
En octobre, la décision de Trump d’envoyer des unités de cette force militaire dans les États du Texas et de Californie, ainsi qu’en Oregon et dans l’Illinois, pour assurer la sécurité, avait déclenché une vague de critiques politiques et juridiques.
Une juge fédérale avait alors qualifié cette démarche de « violation directe des décisions de justice et du principe de souveraineté des États ».
La Garde nationale, qui constitue un mélange de forces de réserve militaires et civiles, est généralement mobilisée pour répondre aux catastrophes naturelles ou maintenir l’ordre public dans un État, à la demande de son gouverneur.
Sa transformation en « force fédérale » sous le commandement direct du président n’intervient que dans des circonstances exceptionnelles, telles qu’une urgence nationale ou des troubles civils majeurs, et nécessite en principe une coordination avec les États, ce qui n’a pas été le cas dans les quatre États concernés, selon des observateurs.
Qu’est-ce que la Garde nationale ?
La Garde nationale fait partie des forces de réserve de l’armée américaine et se compose de deux branches : la Garde nationale terrestre et la Garde nationale aérienne.
Ses origines remontent aux « milices civiles » créées au XVIIe siècle dans les colonies britanniques d’Amérique du Nord. Les premières unités furent établies dans la colonie de la baie du Massachusetts en décembre 1636, formant trois régiments chargés de protéger la colonie, selon le Conseil des relations étrangères.
Au XXe siècle, la Garde nationale s’est transformée en pilier de l’armée américaine, évoluant pour devenir une force de combat essentielle à la sécurité nationale.
Cette évolution s’est accélérée après l’adoption par le Congrès du Dick Act en 1903, qui a unifié les milices au sein de forces de réserve organisées placées sous contrôle fédéral.
Chaque État possède sa propre Garde nationale, et les gouverneurs peuvent la mobiliser en cas d’urgence, notamment lors d’émeutes ou de catastrophes naturelles.
Le président des États-Unis peut également ordonner le déploiement de la Garde en service actif pour une durée allant jusqu’à deux ans en cas d’urgence nationale.
Selon le Centre des données sur le personnel du département américain de la Défense, la Garde nationale compte environ 430 000 réservistes, dont près de 9 500 stationnés dans des territoires américains tels que Porto Rico, Guam et les îles Vierges.
Commandement et déploiement
Le chef du Bureau de la Garde nationale est l’officier le plus haut gradé de cette force et siège au sein de l’état-major interarmées. Il peut être issu de l’armée de terre ou de l’armée de l’air. Quant aux unités de la Garde dans les États, elles sont généralement dirigées par un officier de grade supérieur à celui de commandant.
Lorsque les réservistes sont déployés à l’intérieur d’un État, c’est généralement le gouverneur qui les commande. En revanche, lorsqu’ils sont mobilisés au niveau fédéral, le président des États-Unis devient le commandant en chef.
Comme dans les autres branches des forces armées américaines, l’engagement dans la Garde nationale repose sur le volontariat.
La Garde nationale fait également partie intégrante du système de sécurité aux frontières reposant sur plusieurs agences. En janvier 2025, environ quatre mille membres étaient déployés à la frontière avec le Mexique, certains sous commandement fédéral sur ordre du président, d’autres sous contrôle des autorités des États.
Elle joue aussi un rôle clé dans le soutien aux opérations militaires extérieures. Depuis les attaques du 11 septembre 2001, plus d’un million de soldats de la Garde ont été déployés à l’étranger, notamment en Afghanistan, en Irak, en Europe et dans la région indo-pacifique.
