La sécheresse financière met Kiev sous pression et l’Europe étudie un plan de sauvetage provisoire
Les responsables européens envisagent de contracter un prêt temporaire au nom de l’Union afin d’aider Kiev à tenir le coup après l’échec du plan relatif aux avoirs russes.
Les États européens travaillent à une alternative d’urgence pour éviter que l’Ukraine ne perde ses sources de financement au début de l’année prochaine en cas d’absence d’accord sur l’utilisation des avoirs russes gelés pour soutenir l’effort de guerre de Kiev.
Lors d’un sommet tenu il y a un mois, les dirigeants de l’Union européenne espéraient s’entendre sur une proposition visant à utiliser les réserves gelées de Moscou pour garantir un prêt d’indemnisation de 140 milliards d’euros destiné à l’Ukraine. Mais l’idée s’est heurtée à une forte opposition de la part du Premier ministre belge, Bart De Wever, dont le pays abrite ces fonds.
Aujourd’hui, alors que les discussions de paix s’intensifient et que Kiev manque de ressources, la question du sort des avoirs russes est devenue plus urgente.
Dans ce contexte, un responsable européen a confié au magazine Politico que « si nous ne bougeons pas, d’autres le feront avant nous ».
Des responsables européens estiment que les nouvelles initiatives du président américain Donald Trump en faveur de la paix pourraient renforcer le soutien au projet d’utiliser les fonds gelés comme garantie d’un prêt compensatoire.
Selon ce plan, les fonds ne pourraient être restitués à Moscou que dans un scénario jugé peu probable, où la Russie accepterait de payer des réparations pour les dommages causés par la guerre.
Des diplomates de l’Union européenne s’attendent à ce que la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, demande à ses services de présenter un projet de texte juridique sur ce prêt compensatoire dans les prochains jours, alors que le momentum pour trouver une issue au conflit s’accroît.
Cependant, malgré des discussions intensives entre la Belgique et la Commission ces dernières semaines, De Wever demeure préoccupé par les responsabilités juridiques et par les risques de représailles de Moscou si les fonds russes sont utilisés pour le prêt.
Option transitoire
Face à ces incertitudes, les experts politiques à Bruxelles examinent la manière de soutenir l’Ukraine si aucun accord n’est trouvé sur la proposition de prêt compensatoire lors du sommet de l’Union prévu le 18 décembre.
Selon quatre responsables, une option bénéficiant d’un soutien grandissant consiste à mettre en place un prêt transitoire, financé par les emprunts de l’Union européenne, permettant à l’Ukraine de rester solvable durant les premiers mois de 2026.
Cela offrirait davantage de temps pour élaborer le prêt compensatoire complet reposant sur les avoirs russes, dans un cadre susceptible d’être acceptable pour la Belgique, ouvrant ainsi la voie à une solution durable, selon Politico.
Deux diplomates ont indiqué au magazine que l’Ukraine pourrait être tenue de rembourser le prêt temporaire une fois qu’elle recevra les financements issus du prêt compensatoire à long terme.
Les représentants des États membres ont discuté des options avec la Commission lors d’une réunion à Bruxelles mardi. Des pays tels que la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Lituanie et le Luxembourg ont exhorté la Commission à poursuivre ses travaux sur les propositions de financement de l’Ukraine, selon une source informée des échanges.
Valdis Dombrovskis, commissaire européen à l’économie, avait déjà évoqué le 4 novembre l’idée d’un modèle de financement temporaire, rappelant que « plus nous tardons, plus les difficultés augmentent ».
La Commission européenne reconnaît l’urgence de la situation, Kiev ayant averti qu’elle pourrait manquer de liquidités dans les premiers mois de l’année prochaine.
Mardi, le président français Emmanuel Macron a déclaré que les alliés européens finaliseraient « dans les prochains jours » une solution permettant de « sécuriser le financement » et d’offrir « une vision claire à l’Ukraine ».
Dans le même temps, un plan élaboré par l’administration américaine, reposant sur le gel des lignes actuelles du conflit, gagne du terrain dans le cadre des efforts visant à régler la guerre entre la Russie et l’Ukraine.
