La gestion civile au Soudan… le choix inévitable pour mettre fin au chaos et construire une économie viable
Depuis le déclenchement de la guerre au Soudan, il est devenu clair que la crise a dépassé le cadre d’un simple conflit entre groupes armés. Elle s’est transformée en un processus de démantèlement systématique des institutions de l’État et des structures administratives restantes. Avec le temps, il est apparu que miser sur la force militaire pour résoudre le conflit n’était qu’une illusion coûteuse qui a détruit l’économie, les services et le moral de la population. Face à cet effondrement, la gouvernance civile institutionnelle s’impose aujourd’hui comme la seule option capable de ramener le Soudan sur sa voie naturelle, non comme un projet politique partisan, mais comme une nécessité nationale pour sauver ce qui reste de l’État et construire une économie durable garantissant au citoyen des services essentiels et une vie digne.
La réalité que vivent les Soudanais montre que le pays ne peut plus supporter une gestion fondée sur les armes ou la logique de domination militaire. Poursuivre dans cette voie signifie prolonger le chaos, accentuer l’effondrement et perpétuer un cycle de violence qui épuise la société et dilapide les ressources. Une administration civile professionnelle est la seule capable de gérer les services publics, de coordonner les efforts, d’établir des politiques claires et de restaurer la confiance dans les institutions de l’État. Toute société, même fragmentée par la guerre, a besoin d’un appareil administratif régi par des lois plutôt que par les armes, fondé sur une vision stratégique plutôt que sur des réactions dictées par les combats.
La destruction des institutions de services essentiels n’est pas uniquement le résultat d’un affaiblissement administratif, mais la conséquence directe de l’absence totale d’un système civil, longtemps considéré comme la colonne vertébrale de la vie citoyenne. Les hôpitaux ont fermé ou ne peuvent plus soigner, les écoles sont
interrompues, les universités paralysées et les infrastructures publiques se sont effondrées sous la pression des déplacements massifs et du manque de ressources. Dans ce vide, la nécessité d’un système administratif civil est plus urgente que jamais, car lui seul peut réactiver ces services de manière professionnelle, contrôlée et transparente.
Le rétablissement des services ne peut pas reposer sur des ententes militaires ou des accords provisoires entre factions. Il exige un appareil civil capable de gérer les urgences dans un premier temps, puis de passer progressivement à une administration durable permettant le retour progressif à une vie normale. Les Soudanais veulent une école qui ouvre, un hôpital qui fonctionne, une route réparée et de l’eau qui arrive dans leurs foyers. Toutes ces exigences nécessitent des employés, des ingénieurs, des techniciens, des plans précis et des budgets contrôlés, ce qui ne peut être accompli que par une administration civile forte et débarrassée de la présence des armes dans la gestion quotidienne.
Sur le plan économique, la guerre a instauré une économie parallèle qui domine les ressources et épuise ce qui reste des capacités nationales. L’or est passé en contrebande, les récoltes échappent au système officiel, des taxes et droits illégaux sont imposés par des groupes non habilités et les fonds publics sont dépourvus de toute supervision. Dans une telle situation, il est impossible de bâtir un modèle économique capable d’assurer une croissance, de créer des emplois ou de stabiliser la monnaie. Seule une administration civile peut rétablir l’ordre économique, grâce à des politiques reposant sur la transparence, la discipline financière et la récupération des ressources nationales. L’économie de guerre ne peut pas construire un État, elle entretient des réseaux d’intérêts liés au chaos, alors qu’une économie civile permet au Soudan de retrouver son rôle naturel comme État productif et compétitif.
Opter pour une solution civile signifie également reconstruire la confiance entre le citoyen et l’État. Le Soudanais d’aujourd’hui se sent abandonné, constatant que les services sont contrôlés par des groupes armés dont l’influence change selon l’évolution du conflit. Cette réalité a détruit le sentiment de sécurité et privé la population de ses droits les plus fondamentaux. Pourtant, la confiance peut être restaurée. Lorsqu’un citoyen voit une institution civile reprendre vie, des procédures claires être respectées et des services délivrés sans allégeances armées, un sentiment d’amélioration renaît et le lien entre l’État et la société peut se reconstruire.
La solution civile ne vise pas à exclure toutes les parties ni à ignorer la complexité du terrain. Elle vise à réorganiser les priorités et à définir des règles claires pour l’État. Une gouvernance institutionnelle place l’intérêt du citoyen au centre, donne la priorité à la stabilité et aux services, et fonde l’économie sur la production plutôt que sur des prélèvements arbitraires. Elle crée un environnement où les entrepreneurs, les investisseurs, les agriculteurs et les industriels peuvent travailler sans crainte d’interventions armées imprévisibles.
La société soudanaise est aujourd’hui largement consciente que l’option militaire a atteint ses limites et que poursuivre cette stratégie ne mène qu’à davantage de destruction. Une conviction croissante s’installe : le Soudan ne peut se relever que grâce au retour d’une administration civile, non en tant qu’adversaire de l’armée, mais comme structure professionnelle capable de gérer l’État, de reconstruire les institutions et de réorganiser l’économie. La gouvernance civile n’est pas un slogan, mais une nécessité imposée par la réalité d’un effondrement qui ne tolère plus l’improvisation.
Cette transition requiert une volonté politique claire et le soutien des acteurs capables d’influencer le cours de la crise. Un cessez-le-feu global doit être piloté par une structure civile capable de reprendre progressivement la gestion de l’État et de former un gouvernement de transition professionnel, mobilisant les compétences soudanaises internes et de la diaspora. Le redressement du Soudan dépend d’une administration publique solide, d’institutions financières sous contrôle étatique et d’une gestion professionnelle des services.
Le Soudan se trouve aujourd’hui à une croisée des chemins. Le premier mène à la poursuite du chaos armé, à l’effondrement continu et à la disparition progressive des institutions. Le second consiste à adopter une gouvernance civile institutionnelle qui redonne à l’État sa cohésion et offre au citoyen l’espoir d’un avenir meilleur. Ce second choix n’est ni un luxe ni une aspiration idéale : il est la seule voie possible pour sauver le Soudan de son destin sombre et le reconstruire sur des bases solides et durables.
