Politique

Carte mondiale de la confrontation avec les Frères musulmans : interdictions, classifications et diverses mesures


Des mesures de sévérité croissante ont visé le groupe des Frères musulmans au cours des douze dernières années, écrivant les derniers chapitres d’une histoire de terrorisme et d’extrémisme qui dure depuis près d’un siècle.

Dans ce contexte, l’annonce de la Maison-Blanche selon laquelle le président américain Donald Trump a entamé une procédure pour classer certaines branches du groupe comme organisations terroristes étrangères n’est pas une initiative inédite. Elle constitue plutôt l’aboutissement des efforts menés, de l’Afrique à l’Europe en passant par l’Asie et l’Amérique latine, pour mettre un terme à ce courant extrémiste.

Dans ce rapport, on recense les principaux mouvements internationaux contre les Frères musulmans, répartis en trois catégories : les pays qui ont classé le groupe comme organisation terroriste, ceux qui envisagent de l’interdire ou ont pris des mesures préliminaires et punitives, et enfin, les pays qui placent le groupe sous surveillance.

Pays ayant officiellement interdit et classé les Frères musulmans comme organisation terroriste

Au cours des dernières décennies, le bannissement des branches du groupe a été appliqué dans onze pays s’étendant de l’Asie aux Amériques, en passant par l’Afrique.

Syrie : le régime du parti Baas a interdit les Frères musulmans dans les années 1960 et 1980.

Russie (2003) : la Cour constitutionnelle suprême a criminalisé les activités du groupe et l’a déclarée organisation terroriste, devenant ainsi le premier pays étranger à le faire à la suite d’actes de sabotage commis par le groupe dans le Caucase du Nord.

Kazakhstan (2006) : deuxième pays étranger à classer le groupe comme organisation terroriste à travers une décision de la Cour constitutionnelle suprême.

Égypte (2013) : les Frères musulmans ont été classés en vertu de l’article 86 du Code pénal ; plus de 1 400 membres ont été condamnés sur la base d’archives internes montrant la structure hiérarchique de ses unités secrètes.

Émirats arabes unis (2014) : 83 organisations ont été classées entités terroristes selon la loi fédérale n°7 de 2014 sur la lutte contre les crimes terroristes, incluant les Frères musulmans et l’organisation Daech.

Arabie saoudite (2014) : le groupe a été désigné organisation terroriste dans la première liste officielle du genre, regroupant plusieurs organisations nationales et étrangères.

Libye (2019) : la Chambre des représentants a interdit les Frères musulmans et les a classés comme organisation terroriste.

Comores (2023) : le mouvement a été désigné organisation terroriste par un décret du ministre de l’Intérieur.

Paraguay (2023) : la commission permanente du Congrès a approuvé une motion reconnaissant le groupe comme organisation terroriste menaçant la sécurité et la stabilité internationales.

Jordanie (2025) : le ministère de l’Intérieur a interdit toutes les activités du groupe et l’a déclarée association illégale.

Kenya (2025) : les autorités ont inscrit les Frères musulmans et le parti Hizb ut-Tahrir, issu d’une scission, sur les listes des entités terroristes en vertu de la loi de lutte contre le terrorisme.

Pays en voie de classification ou ayant pris des mesures préliminaires ou punitives

États-Unis (2025) : le président Donald Trump a lancé une procédure visant à classer certaines branches du groupe comme organisations terroristes étrangères. Au niveau des États, le Texas a récemment classé les Frères musulmans et le Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) comme organisations terroristes étrangères.

Autriche : les autorités étudient l’interdiction des organisations de l’islam politique, dont le groupe. En 2019, elles ont interdit les symboles du groupe et ont ouvert des enquêtes judiciaires en 2020.

Allemagne : elle interdit plusieurs associations liées au groupe, comme Muslim Interaktiv, mais place sous surveillance d’autres structures importantes, telles que la Communauté musulmane d’Allemagne, sans les interdire.

Mauritanie : les autorités ont pris plusieurs mesures punitives, dont l’interdiction en 2014 de la plus grande association affiliée au groupe, l’Association Al-Mustaqbal.

Bahreïn : les autorités ont affirmé en 2017 que le groupe avait nui à l’Égypte et aux pays du Golfe, considérant le mouvement comme organisation terroriste, sans toutefois émettre de classification officielle.

Oman : premier pays du Golfe à signaler la menace du groupe. En 1994, les autorités ont arrêté un groupe d’Omanis affiliés au groupe pour tentative de renversement du régime par la force. Des peines allant de la perpétuité à la peine capitale avaient été prononcées avant qu’un pardon royal ne soit accordé en 1995. Depuis, le groupe s’y est limitée à un courant intellectuel sans présence officielle.

France : en juin dernier, les autorités ont dissous l’Institut européen des sciences humaines (IESH), lié au groupe, et ont mené la même année une réévaluation des activités du mouvement, sans toutefois l’inscrire sur la liste des organisations terroristes.

Tunisie : les autorités ont mis fin au pouvoir des Frères musulmans en 2021 et ont engagé des poursuites judiciaires contre certains dirigeants. Le mouvement reste placé sous surveillance étroite, sans interdiction totale.

Canada : une recommandation du Sénat en 2015 a ouvert une révision du dossier du groupe susceptible d’aboutir à son interdiction. Les appels en faveur de sa classification comme organisation terroriste sont en augmentation.

Pays plaçant le groupe sous surveillance

Selon une étude publiée en 2023 par le Centre d’étude de l’extrémisme de l’Université Georgetown, menée par l’un des principaux spécialistes du dossier, Lorenzo Vidino, l’Union européenne et l’ensemble de ses vingt-sept États membres placent le groupe et ses organisations affiliées sous une surveillance étroite et portent un jugement négatif sur ses activités.

Royaume-Uni : les autorités ont effectué en 2014 une révision complète des activités du mouvement sans le classifier comme organisation terroriste.

Ces mesures transcontinentales poursuivent le groupe et ses dirigeants à travers le monde, écrivant l’épilogue de leur histoire, marquée par l’extrémisme et par l’émergence, tout au long d’un siècle, de multiples groupes terroristes.

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