Les États-Unis et la désignation des Frères musulmans comme organisation terroriste… Trois étapes nécessaires pour renforcer la démarche
Le dossier visant à classer les Frères musulmans comme organisation terroriste est entré au cœur de la politique américaine, après que le président Donald Trump a signé un ordre exécutif établissant une voie claire à cet égard.
Alors que l’administration américaine avance dans la désignation des branches du mouvement en Égypte, en Jordanie et au Liban comme organisation terroriste étrangère, la problématique dépasse la question de la nécessité pour se concentrer sur les modalités d’exécution en partenariat avec les alliés, de manière à obtenir les bénéfices sécuritaires les plus élevés, selon la revue américaine National Interest.
Les Frères musulmans constituent un réseau mondial interconnecté, étroitement lié à l’extrémisme violent. L’ancien directeur du FBI, Robert Mueller, avait déjà affirmé devant le Congrès que “des éléments du mouvement, aux États-Unis et à l’étranger, ont apporté un soutien au terrorisme”.
La récente découverte d’une cellule terroriste affiliée au mouvement en Jordanie a renforcé les preuves disponibles, révélant des détails sur le financement, la direction et les activités violentes menées dans divers pays de la région.
De plus, des États comme les Émirats arabes unis, l’Égypte, l’Arabie saoudite et la Russie ont déjà inscrit le mouvement sur leurs listes d’organisations terroristes, s’appuyant sur un large corpus de documents mettant en évidence son rôle dans le soutien et la facilitation du terrorisme, comme l’a confirmé un rapport gouvernemental britannique en 2015.
Ces pays partagent l’évaluation selon laquelle le mouvement a recours à la violence lorsqu’elle sert son agenda politique, tout en conservant un discours de “non-violence” comme façade.
L’efficacité de la désignation américaine en préparation dépendra de l’adoption d’une approche coordonnée, fondée non sur des mesures unilatérales, mais sur une coopération étroite avec les partenaires régionaux.
Dans ce contexte, une proposition émerge : adopter une démarche progressive proche d’une stratégie globale visant à affronter le mouvement à tous les niveaux, selon National Interest.
La première étape consiste à élaborer une compréhension commune avec les pays ayant déjà classé les Frères musulmans, afin d’identifier les entités et les individus devant être inscrits sur les listes terroristes, et de cibler les réseaux de financement, de recrutement et de soutien opérationnel aux groupes violents.
La deuxième étape porte sur l’élargissement de la coopération en matière de lutte contre le terrorisme pour inclure les pays entretenant des relations avec le mouvement.
La troisième étape insiste sur la nécessité d’accompagner la désignation d’efforts diplomatiques intenses afin d’éviter les conséquences non intentionnelles. Toutefois, cette flexibilité diplomatique doit s’appuyer sur une position américaine ferme fondée sur une “tolérance zéro” envers toute forme de soutien au terrorisme, afin d’envoyer un message clair à l’intérieur et à l’extérieur de la région.
Selon la revue, une approche coordonnée dans la désignation des Frères musulmans pourrait devenir un facteur d’unité au sein de l’architecture sécuritaire du Moyen-Orient, au lieu d’approfondir les divisions. Les pays qui considèrent le mouvement comme une menace existentielle, tels que l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, pourraient coopérer avec des États ayant une relation plus équilibrée avec le mouvement pour établir un cadre commun, selon National Interest.
Avec une mise en œuvre réfléchie, fondée sur la coordination, la définition claire des priorités et un engagement diplomatique continu, la désignation des Frères musulmans pourrait devenir une étape structurante dans la construction d’une architecture sécuritaire plus robuste pour la région.
