L'Europe

Un nouveau mouvement vise les réseaux affiliés aux Frères musulmans en Allemagne


L’Allemagne traverse une phase de transparence dans son action contre les Frères musulmans, à la suite d’une initiative parlementaire urgente visant à ouvrir une enquête sur le financement de structures liées au mouvement dans le pays.

Dans ce contexte, le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), deuxième plus grand groupe du Bundestag, a soumis une interpellation urgente au gouvernement concernant des financements publics accordés à certains projets gérés par des entités associées aux Frères musulmans.

Dans l’introduction de l’interpellation, le groupe parlementaire de l’AfD a déclaré que le gouvernement fédéral soutient depuis des années des organisations actives dans la promotion de la démocratie, de l’intégration et de la lutte contre la discrimination. Parmi ces organisations figurent l’Alliance contre l’hostilité envers l’islam et les musulmans (CLAIM), le Réseau des nouvelles organisations allemandes, ainsi que des partenaires régionaux tels que l’association Teilseiend e. V. et l’Académie islamique de Heidelberg.

Le groupe parlementaire a ajouté que des subventions publiques ne peuvent être accordées à un projet privé que s’il présente un intérêt fédéral majeur, conformément à l’article 23 de la loi budgétaire fédérale. Le financement de ces organisations nécessite donc des investigations parlementaires approfondies.

La première question posée au gouvernement porte sur les subventions fédérales reçues depuis 2015 par l’Alliance CLAIM, le Réseau des nouvelles organisations allemandes, l’Académie islamique de Heidelberg ou toute structure qui leur est directement ou indirectement affiliée.

Une autre question demande quelle est l’importance fédérale justifiant ces subventions selon l’article 23 de la loi budgétaire fédérale.

L’interpellation questionne également le gouvernement sur d’éventuels financements européens reçus depuis 2015 par ces organisations.

Cette initiative rouvre un dossier sensible en Allemagne : celui du financement d’organisations positionnées dans une zone grise, n’ayant pas de liens directs officiels avec les Frères musulmans mais opérant dans leur réseau et appliquant leur stratégie grâce à des fonds publics destinés à des programmes liés à la démocratie et à l’intégration.

Traçabilité antérieure des financements

Le gouvernement avait indiqué dans une note envoyée précédemment au Parlement que l’Alliance CLAIM, la plus importante des organisations mentionnées, avait obtenu des financements fédéraux entre janvier 2017 et septembre 2022 dans le cadre de plusieurs projets, tels que le projet MoTech visant à renforcer la culture scolaire, ou encore le programme « Démocratie vivante ».

Selon cette note, l’Alliance CLAIM a reçu en 2021 un financement d’environ 70 000 euros du ministère allemand de l’Intérieur dans le cadre d’un projet de lutte contre l’hostilité envers l’islam.

Le Commissariat fédéral aux migrations et à l’intégration a également soutenu en 2022 un projet de CLAIM intitulé « Ceci est un racisme anti-musulmans » à hauteur de 55 000 euros.

Concernant le programme « Démocratie vivante », la note précise qu’il finance des événements entrant dans ses objectifs de promotion de la démocratie, ce qui rend difficile l’identification de dépenses précises.

De plus, un rapport du journal Die Welt indiquait que CLAIM avait reçu 728 000 euros du ministère de la Famille entre 2017 et 2019.

L’Alliance a également perçu un total de 960 000 euros en 2020 et 2021 dans le cadre du réseau de lutte contre l’islamophobie du même ministère.

Selon une précédente enquête, CLAIM a reçu en 2022 un financement estimé à 555 000 euros dans le cadre du programme « Démocratie vivante ».

Origine de CLAIM

Une enquête avait montré comment les Frères musulmans dirigent CLAIM en coulisse afin de promouvoir leurs idées en Allemagne.

Le réseau doit notamment son émergence à l’association Insan, une organisation de la société civile très liée aux Frères musulmans.

Mohammed Hajjaj, directeur exécutif d’Insan, est également vice-président du Centre culturel Taiba, identifié par le renseignement intérieur allemand comme faisant partie du réseau des Frères musulmans.

Une autre personnalité influente reliant Insan et CLAIM est Nina Mouhe, membre du conseil d’administration d’Insan et coordinatrice principale de CLAIM, considérée comme un visage « adouci » du mouvement en Allemagne.

Le réseau CLAIM est utilisé pour attaquer les critiques des Frères musulmans, pour influencer le gouvernement en invoquant un discours victimaire et en dénonçant des discriminations présumées.

Les enquêtes menées sur CLAIM et ses liens avec les Frères musulmans ont conduit à trois demandes officielles d’information déposées au Parlement de Rhénanie-du-Nord–Westphalie entre juillet 2020 et février 2021.

Dans sa réponse, le gouvernement régional avait confirmé que trois organisations membres de CLAIM avaient des liens avec les Frères musulmans, sans préciser lesquelles.

Outre Insan, il s’agissait de l’organisation German Muslim Youth, identifiée comme partie du réseau des Frères musulmans et affiliée à FIMESO, leur structure faîtière en Europe, ainsi que du Centre islamique pour filles, femmes et familles, connu sous le nom de Rahma.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page