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Khalifa Haftar lie la crise de vie des Libyens à la paralysie politique


Khalifa Haftar affirme que la résolution de la crise politique constitue la clé pour bâtir un État solide, soulignant que le mécontentement populaire croissant n’est que le résultat direct de la négligence, de la corruption et du désordre. Le commandant de l’Armée nationale libyenne a réaffirmé que la sortie de l’impasse politique demeure indispensable pour améliorer les conditions de vie et restaurer les services publics, estimant que la détérioration généralisée reflète la profondeur des déséquilibres structurels causés par la division institutionnelle. Il a indiqué que l’absence de projets de construction et de reconstruction, malgré l’existence de ressources naturelles importantes, nourrit la frustration des citoyens et empêche toute perspective de redressement tant que la crise politique perdure.

Les déclarations de Haftar ont été faites lors de sa rencontre avec une délégation élargie de cheikhs, notables et sages des tribus du Djebel occidental et de la région du Bas-Jebel, au siège du commandement à Benghazi, selon le bureau d’information de l’état-major. Cette réunion s’inscrit dans une série de rencontres menées ces derniers mois avec des représentants des tribus de l’est, de l’ouest et du sud, dans le cadre d’une tentative visant à mobiliser un large soutien social autour d’une initiative nationale destinée à sortir le pays de l’impasse actuelle.

Dans son discours, il a estimé qu’un État où la corruption guide les institutions, où les armes circulent hors du contrôle de l’autorité publique et où l’argent public n’est pas protégé, ne peut être qu’un État défaillant. Il a affirmé que la voie vers la restauration de l’État passe par une solution politique claire, permettant aux institutions de retrouver leur efficacité et garantissant au peuple de choisir ses dirigeants à travers des élections transparentes. Il a ajouté que seule la volonté populaire peut tracer le chemin du règlement et rendre à l’État son statut et son autorité.

Dans la majorité de ses récents discours, Haftar insiste sur le lien entre la détérioration des services et la poursuite de la division institutionnelle, considérant que la corruption généralisée et la prolifération des armes constituent une menace directe pour l’unité du pays et pour son avenir économique. Selon des observateurs, cette approche révèle une véritable inquiétude quant au risque de voir l’impasse politique engendrer une nouvelle vague de chaos, notamment dans l’ouest du pays, où se multiplient les centres de pouvoir armés et les rivalités entre structures sécuritaires.

Il a salué la délégation du Djebel occidental, soulignant le rôle des tribus qu’il a qualifiées de socle véritable de la nation et de principal soutien à la stabilité du pays dans les moments les plus difficiles. Il a rappelé que les tribus ont joué un rôle essentiel pour épargner à la Libye des scénarios plus dangereux, affirmant que leur participation est indispensable à toute démarche de réconciliation nationale.

Selon le bureau d’information, les cheikhs et notables présents ont exprimé leur appréciation pour le rôle des forces de l’état-major dans la préservation de la sécurité, la protection des frontières et la lutte contre les groupes criminels transfrontaliers. Ils ont réaffirmé leur soutien à l’armée, qu’ils considèrent comme la bouée de sauvetage des Libyens face à la propagation du désordre et à la persistance des menaces sécuritaires. Le chef du gouvernement désigné par la Chambre des représentants, Oussama Hamad, ainsi que le chef d’état-major général, le général Khaled Haftar, et plusieurs responsables et officiers, ont également assisté à la réunion.

Cette rencontre intervient alors que la Libye traverse une impasse politique sans précédent depuis l’échec des élections prévues en décembre 2021. Malgré les tentatives répétées d relancer le processus politique, qu’il s’agisse des réunions du Caire, de Bouznika, ou des pourparlers de Genève et de Tripoli, aucune initiative n’a permis de parvenir à une base constitutionnelle consensuelle ou à une unification des institutions, ni même à l’établissement d’un mécanisme stable pour gérer la richesse pétrolière, qui constitue le pilier de l’économie nationale.

Selon des sources proches du commandement général, Haftar cherche, à travers ses récents mouvements, à montrer que la crise politique est la source première des crises sécuritaires et économiques, et que toute tentative de la contourner maintiendra le pays dans une spirale de tensions et de rivalités. L’analyse de son discours indique que l’accent mis sur la corruption, la baisse des services et l’absence de projets d’infrastructure constitue un avertissement : le statu quo pourrait entraîner une explosion sociale ou de nouveaux affrontements, en particulier dans l’ouest libyen, où les milices renforcent leur influence au détriment des institutions.

Les propos de Haftar reflètent également une inquiétude quant à la possibilité que la prolifération des armes hors du contrôle de l’État puisse entraver tout processus électoral en cas d’accord sur sa tenue. Il estime que la reconstruction de l’État ne peut se faire dans un environnement instable et que la sécurité ainsi que l’unification des institutions doivent précéder toute échéance politique.

Les démarches du commandement général envers les tribus traduisent une volonté de former une large base sociale susceptible de soutenir une voie nationale alternative aux initiatives bloquées sous l’égide des Nations unies, dans un contexte où les acteurs politiques demeurent divisés quant à la nature du régime, à la répartition des pouvoirs et à l’unification du commandement militaire. Bien que Haftar répète que la solution appartient au peuple, les débats persistent sur les mécanismes permettant d’organiser des élections crédibles, acceptées et non sujettes à contestation.

Avec l’absence de progrès, les inquiétudes augmentent quant au risque que le vide politique conduise à de nouvelles tensions sécuritaires, semblables à celles qui ont menacé Tripoli et ses environs ces dernières années. Certains observateurs craignent que l’échec à trouver un compromis n’ouvre la voie à de nouveaux affrontements entre groupes armés, plongeant le pays dans une nouvelle phase d’instabilité.

Le dernier discours de Haftar met en lumière le fait que la crise libyenne ne se limite plus aux divergences politiques, mais affecte désormais la vie quotidienne des citoyens dans toutes les régions, où persistent les plaintes liées à l’arrêt des services, au recul de la reconstruction et à la dégradation des infrastructures, alors que le pays dispose pourtant de ressources financières pouvant permettre un véritable essor économique en présence d’un environnement politique stable.

Alors que le commandant de l’Armée nationale libyenne poursuit ses rencontres avec les tribus et les acteurs sociaux, la question fondamentale reste de savoir si ces démarches suffiront à créer une pression populaire capable de pousser les parties politiques vers un compromis mettant fin à la division et restaurant la stabilité d’une Libye affaiblie par des années de chaos et de délitement institutionnel.

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