Washington propose de résoudre la crise des combattants du Hamas à Rafah en éloignant ses dirigeants
L’administration Trump exerce une pression sur Israël pour qu’il approuve la proposition des médiateurs visant à accorder aux combattants retranchés dans l’un des tunnels de Rafah un « passage sûr ».
L’administration américaine tente de lier la résolution de la crise des combattants du Hamas encerclés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, aux discussions en cours concernant l’éloignement de certains dirigeants du mouvement hors du territoire, dans le cadre du plan du président américain Donald Trump, selon ce qu’a rapporté dimanche l’Autorité israélienne de radiodiffusion.
Selon l’autorité, citant des sources informées non identifiées, Washington fait pression sur Israël pour qu’il accepte la proposition des médiateurs d’accorder aux combattants un « passage sûr » leur permettant de quitter les zones placées sous contrôle de l’armée à l’intérieur de la « ligne jaune », malgré l’opposition officielle israélienne.
La ville de Rafah se situe en effet dans les zones que l’armée israélienne contrôle à l’est de ce qui est appelé la « ligne jaune », définie par l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre dernier.
D’après le site Kan, rattaché à la même autorité, les médiateurs proposent que les combattants du Hamas encerclés à l’est de Rafah puissent être transférés par un « couloir sécurisé » vers des zones du territoire non contrôlées par l’armée, ce qui constituerait ensuite un modèle pour la sortie de certains dirigeants du mouvement dans le cadre d’un accord politique plus large.
La même source rapporte qu’aucun progrès n’a été réalisé jusqu’à présent dans ce dossier et qu’il existe encore trois poches armées du Hamas dans les zones tenues par l’armée israélienne, à Rafah, Khan Younès au sud, et Beit Hanoun au nord, sans chiffres précis sur le nombre de combattants.
Les sources ajoutent que les contacts entre les parties impliquées incluent un engagement à neutraliser les tunnels autour de Rafah après l’évacuation des combattants, puis à « établir un modèle expérimental d’une ville de Gaza sans le Hamas dans la zone, accueillant les habitants non affiliés au mouvement, avec une force internationale assurant la supervision sécuritaire et administrative ». Des sources israéliennes estiment qu’Israël pourrait faire preuve de plus de souplesse après que le Hamas aura rempli ses engagements dans le dossier des otages détenus à Gaza.
La crise des combattants coincés à Rafah a éclaté à la suite de deux incidents sécuritaires survenus après l’accord, le premier le 19 octobre dernier, le second le 28 du même mois, Israël affirmant avoir été impliqué dans des affrontements avec des combattants palestiniens et accusant le Hamas d’avoir violé l’accord.
De son côté, la branche armée du Hamas, les Brigades Al-Qassam, a déclaré dans sa première réaction que « le contact est rompu avec les groupes restants à Rafah depuis la reprise de la guerre en mars dernier ».
Un rapport de la chaîne Cairo News avait indiqué précédemment qu’Israël cherche à exploiter cette crise pour faire échouer l’accord.
Mardi dernier, l’autorité a également fait état d’un « désaccord entre les États-Unis et Israël » concernant la résolution de la crise des combattants coincés à Rafah.
L’autorité a mentionné que l’envoyé américain Jared Kushner « a envoyé un message à Israël soulignant la nécessité de permettre à tous les combattants de se déplacer » vers des zones situées à l’ouest de la « ligne jaune » où les Palestiniens exercent leur contrôle. Selon lui, ils seraient libérés sans armes, ce qui constituerait une étape vers le désarmement de la bande de Gaza.
Selon l’autorité, Israël a rejeté cette proposition, un responsable israélien non identifié affirmant : « C’est une proposition naïve ; leurs armes les attendront chez eux ».
L’autorité a également évoqué la possibilité d’un compromis entre les deux parties, compte tenu du souhait américain d’éviter qu’Israël ne provoque l’effondrement de l’accord « en faisant exploser le tunnel ou en l’inondant ».
Des responsables israéliens appellent à la reddition de ces combattants et à leur transfert en Israël pour interrogatoire, ou à leur élimination s’ils refusent de se rendre. Pour leur part, les Brigades Al-Qassam ont réaffirmé dimanche qu’elles « ne reconnaissent pas le principe de reddition ou de capitulation face à l’ennemi ».
