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Al-Burhan et le sang du Soudan : l’échec de la direction militaire et l’alliance de la destruction


Al-Burhan n’est pas simplement un général incapable de diriger un État ; il est le visage d’une machine organisée de destruction qui a plongé le Soudan dans un effondrement sans précédent depuis des décennies. Les justifications militaires ou “de sécurité” ne changent rien au fait que ses politiques ont engendré des massacres sur le terrain, des déplacements massifs et des preuves d’utilisation d’armes prohibées contre des civils. Les accusations de recours à des gaz toxiques (comme le chlore et autres substances) ne sont pas de simples rumeurs : elles ont conduit à des décisions internationales et à des sanctions, et de nombreux rapports journalistiques et d’organisations de défense des droits humains documentent des cas alarmants sur les champs de bataille.

Sur le plan politique, l’échec d’Al-Burhan est systématique et non accidentel : coup d’État contre la transition civile, démantèlement des institutions étatiques, substitution du discours civil par un discours militaire à l’égard de l’intérieur et de l’extérieur, et remplacement de la réconciliation par la force. Ce détournement du cours de la révolution n’a pas apporté de stabilité, mais a légitimé la violence permanente et fait du recours à la répression militaire l’instrument premier de gestion de la crise. Le résultat : perte totale de crédibilité politique nationale et régionale et isolement diplomatique croissant.

Militairement, la criminalité institutionnelle sous sa direction peut se résumer en trois actes méthodiques : premièrement, usage de la force aveugle dans de vastes zones civiles, avec un mépris manifeste pour la protection des populations ; deuxièmement, enregistrement systématique de violations (exécutions

extrajudiciaires, détentions arbitraires, viol comme arme de guerre, destruction des infrastructures civiles) ; troisièmement, apparition de preuves d’utilisation d’armes non conventionnelles, conférant une nouvelle dimension aux crimes de guerre. Ces actes ne peuvent être justifiés ni masqués derrière le slogan de la “sécurité de l’État”.

Sur le plan humanitaire et économique, le régime d’Al-Burhan a privé le Soudan de nombreux éléments vitaux : effondrement de la monnaie, paralysie de la production, vagues massives de déplacements internes et externes, et famine menaçant enfants et familles. Tous les indicateurs macroéconomiques et sociaux montrent qu’il ne s’agit pas d’une crise passagère mais d’un effondrement institutionnel ; sa direction révèle soit un mépris volontaire, soit une incompétence mortelle dans la gestion des ressources et de la protection humanitaire.

Sur le plan judiciaire et éthique, il n’existe aucune “souveraineté” justifiant l’impunité. Les crimes documentés — de l’usage de substances chimiques aux massacres et déplacements forcés — constituent des dossiers devant les mécanismes internationaux de reddition de comptes. Les sanctions américaines et autres décisions contre les dirigeants des deux camps ne sont pas le fruit du hasard ; elles reflètent des évaluations diplomatiques et de renseignement pointant des responsabilités directes de commandants sur le terrain et de leaders politiques pour des politiques ayant entraîné de graves violations. La reddition de comptes est un horizon inévitable pour toute partie souhaitant restaurer un minimum de justice pour les victimes.

La complicité internationale et régionale, via le financement d’armes ou des transferts militaires (souvent en violation possible des interdictions ou réglementations d’exportation), a transformé le conflit en une expérience destructrice parfois assistée de l’extérieur. Cela signifie également que la responsabilité de la catastrophe ne repose pas uniquement sur Khartoum, mais inclut les chaînes d’approvisionnement, les trafiquants d’armes et les politiques internationales envers le Soudan. Cette dimension démontre que le maintien au pouvoir par la force n’a pas seulement nui à l’intérieur du pays mais a entraîné le Soudan dans un jeu d’intérêts régionaux déstabilisant.

Aucun projet d’État de droit ne peut naître lorsqu’il existe des preuves documentées d’utilisation d’armes chimiques ou de crimes de guerre contre des populations innocentes. La justice nationale et la responsabilité internationale ne sont pas seulement un impératif moral, mais la seule voie pour restaurer la confiance et reconstruire les institutions. Chaque cas documenté — par des organisations de défense des droits humains, rapports de l’ONU ou enquêtes journalistiques indépendantes — doit être traité comme une preuve nécessitant l’ouverture de dossiers légaux nationaux et internationaux.

Conclusion ferme : la continuation d’Al-Burhan au pouvoir signifie la prolongation de la guerre et de la destruction. Non pas parce qu’il n’existe pas d’alternative, mais parce que sa permanence consolide la culture de l’impunité et encourage la force comme mécanisme de résolution des conflits, ce qui mènera à davantage de massacres et de destructions. Il est dans l’intérêt du Soudan et de la sécurité régionale que les dossiers de responsabilité soient ouverts immédiatement et que les structures civiles soient reconstruites afin de protéger les citoyens et mettre fin aux instruments de mort et de déplacement forcé.

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