Tombeau flottant : les mines houthis font des victimes parmi les pêcheurs yéménites

Des côtes aux eaux ouvertes, la mer Rouge se transforme en « tombeau flottant » pour les pêcheurs yéménites : depuis 2015, les mines marines répandues par les milices houthises tuent régulièrement des marins et plongent des familles entières dans le deuil. Leurs petites embarcations heurtent parfois, sans avertissement, des engins piégés à la dérive ; en un instant, le rêve d’une journée de pêche permettant de nourrir la famille sombre avec le bateau. Le dernier drame en date, près de l’île de Kamaran, illustre une fois de plus le lourd tribut payé par ces pêcheurs au conflit qui ravage le Yémen.
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Que s’est-il passé lors du dernier accident ?
La tragédie la plus récente a coûté la vie à trois pêcheurs d’une même famille vendredi : un engin explosif marin, planté par les milices houthis soutenues par l’Iran, a explosé au large de l’île de Kamaran, au nord du gouvernorat d’Al-Hudaydah, dans l’ouest du Yémen. Selon une source gouvernementale, la mine, entraînée par le vent, a été rejetée sur une plage exposée de l’île et a explosé de manière retentissante alors que les pêcheurs fouillaient les eaux à la recherche de leur subsistance. L’agent administratif principal du gouvernorat, Walid Al-Qudaimi, a identifié les victimes comme étant : Naeim Abdo Dom, Aslam Abdo Dom et Issa Basili, tués alors qu’ils exerçaient la pêche près de l’île.
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Première victime depuis la trêve
Il s’agit du premier décès enregistré dû à une mine marine depuis l’entrée en vigueur de la trêve onusienne en avril 2022, un rappel dramatique que la menace flottante perdure. Il n’existe pas de bilan exhaustif des victimes des mines marines ; des sources de défense des droits humains estiment qu’environ 100 pêcheurs ont été tués au cours des trois premières années suivant le déploiement par les Houthis de tels engins — déploiement qui a débuté en 2015 et a affecté la mer Rouge, les ports, les îles et les zones de pêche.
Depuis lors, les forces conjointes et la coalition arabe ont mis au jour des dizaines de mines marines, certaines artisanales et défectueuses, si mal conçues qu’elles ne restent pas ancrées et dérivent, devenant ainsi des bombes flottantes.
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Qu’est-ce qu’une « mine flottante » ?
Au cours des dernières années, les opérations de neutralisation menées par la coalition arabe, les forces conjointes et l’armée yéménite ont mis en évidence l’utilisation par les Houthis d’au moins trois types de mines marines, disposées au hasard dans la mer Rouge. Le type le plus répandu, dit « mine primitive », a la taille d’une bouteille de gaz domestique et se décline en plusieurs dimensions ; les Houthis lui ont donné divers noms locaux. À côté de cette fabrication rustique existent deux modèles d’origine iranienne, parfois désignés « Sadaf » et « Qa‘a » (ou « Qaa’ »).
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La « mine primitive » est particulièrement dangereuse : elle est lestée d’une base métallique et amarrée de manière à rester à environ deux mètres de profondeur, mais lorsque ses amarres se rompent elle devient un engin flottant. Ces mines pèsent selon des experts militaires entre 40 et 70 kilogrammes et sont équipées de deux à quatre détonateurs extrêmement sensibles, aptes à exploser au contact de n’importe quel objet marin. Le rendement et la dangerosité de ces engins dépendent de la qualité du métal et de la batterie qui les alimentent ; non désamorcées, elles peuvent rester actives six à dix ans, constituant une menace durable pour les pêcheurs et les axes de navigation.
L’addition humaine et économique est lourde : au-delà des vies perdues, ces mines paralysent des communautés entières, bouleversent les moyens de subsistance et rendent périlleuse toute activité maritime dans la région.
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