Vie précaire et spectre de la guerre : la souffrance ininterrompue des habitants épuisés de Gaza
Si la trêve a redonné aux habitants de Gaza un mince espoir de survie, elle n’a pas dissipé le sentiment amer de besoin, de faim, ni apaisé la peur persistante d’un retour de la guerre. Deux ans après le début du conflit entre le Hamas et Israël, la population, déjà épuisée par la destruction et le manque, tente tant bien que mal de survivre dans des conditions de vie extrêmement précaires. Les bombardements ont cessé, mais, deux semaines après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, l’ombre de la guerre plane toujours sur le territoire palestinien. Les habitants continuent de lutter quotidiennement pour se procurer de l’eau et de la nourriture, dans un environnement marqué par la ruine et l’incertitude.
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Oum Mohammad Mohareb, 45 ans, réfugiée installée dans une tente à Mawasi Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, confie : La situation est plus calme qu’avant, nous n’entendons plus les bombardements, mais la peur reste dans nos cœurs. Nous ne savons jamais quand les choses peuvent à nouveau s’aggraver. Dimanche dernier, Israël a mené une nouvelle série de frappes aériennes en réponse à la mort de deux soldats, ravivant la crainte d’un effondrement du cessez-le-feu. Ces frappes, qui ont fait plusieurs dizaines de victimes palestiniennes, ont conduit Tel-Aviv à annoncer la reprise de l’application de l’accord, sans toutefois dissiper les inquiétudes. Entrée en vigueur le 10 octobre, la trêve demeure fragile et ponctuée d’incidents meurtriers.
Jeudi, un Palestinien a été tué lors d’une frappe de drone à Khan Younès. L’armée israélienne a déclaré à l’Agence France-Presse avoir identifié dans la zone « un terroriste traversant la ligne jaune », une zone de retrait israélien, et s’approchant des troupes. Les soldats ont alors ordonné à un drone de « neutraliser la menace ». Dans la même région, les forces israéliennes ont également ordonné à des civils de se déplacer vers l’ouest, hors de leur zone de contrôle. Des images de l’AFP montrent des habitants traversant les ruines, portant des seaux, des balais et des sacs à dos, témoignant de l’ampleur des dégâts et de la détresse.
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Malgré la réduction des violences, la situation humanitaire demeure dramatique. Les Nations unies ont averti que les livraisons d’aide restaient insuffisantes pour répondre aux besoins essentiels. Mercredi, la Cour internationale de justice a rappelé qu’Israël était légalement tenue de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza. « Chaque jour, nous pensons seulement à trouver de quoi nourrir nos enfants », déplore Oum Mohammad.
À Gaza-Nord, Abu Rafiq Zaqout, 47 ans, décrit « une vie insoutenable ». Il parle d’une « zone sinistrée » où « les routes sont encore bloquées par les décombres » et où « l’eau reste rare ». Pour Ali Al-Ajrami, 26 ans, du quartier Cheikh Radwan, « la situation est extrêmement difficile, il n’y a aucune condition minimale de vie ici ». Il souligne que le marché du quartier a été entièrement détruit et qu’il doit désormais marcher plusieurs kilomètres pour se procurer le moindre bien essentiel, les routes étant impraticables et les transports inexistants.
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Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a confirmé jeudi que « la situation restait catastrophique, car les quantités d’aide qui entrent sont insuffisantes ». Il a alerté sur le fait que « la faim ne recule pas » malgré la trêve. La guerre a également anéanti le système de santé : environ 15 000 patients attendent encore une autorisation pour recevoir des soins hors de Gaza, selon l’OMS, qui a évacué 41 personnes en urgence.
Mercredi, 54 corps non identifiés de Gazaouis ont été enterrés dans une fosse commune à Deir al-Balah. Les cadavres, enveloppés dans des sacs blancs, ont été disposés côte à côte avant d’être recouverts de sable par une pelleteuse. Le Hamas a affirmé que plusieurs dépouilles présentaient des signes de mauvais traitements. Interrogée par l’AFP, l’armée israélienne a répondu qu’elle agissait « en totale conformité avec le droit international ».
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Gaza après la trêve : destruction totale et retour au milieu des ruines
Ainsi, malgré le silence relatif des armes, Gaza demeure prisonnière d’une crise humanitaire aiguë. La faim, la peur et la destruction façonnent le quotidien de civils qui, entre ruines et privations, continuent de porter le fardeau d’une guerre dont la trêve n’a offert qu’un répit fragile.
