Violation grave de la trêve : Israël bombarde Rafah après une attaque contre un véhicule à Gaza

Dans ce qui constitue la première attaque depuis l’entrée en vigueur de l’accord de trêve il y a quelques jours, l’armée israélienne a mené des frappes aériennes sur la ville de Rafah.
Cette offensive est survenue après ce que Tel-Aviv a qualifié de « violation grave du cessez-le-feu », consistant en le tir d’un missile antichar visant un engin de travaux publics de l’armée israélienne à Rafah.
Selon des sources israéliennes, l’attaque aurait été menée par des combattants du mouvement Hamas, tandis que l’armée israélienne affirme enquêter sur les circonstances de l’incident.
Dans un communiqué succinct, l’armée a précisé que « le véhicule opérait à l’intérieur de la zone de sécurité lorsqu’il a été touché par un missile antichar tiré depuis une zone habitée de Rafah ».
En réponse à cette attaque, des avions de combat israéliens ont mené une série de frappes sur plusieurs cibles dans la ville, que Tel-Aviv a décrites comme des « positions appartenant au Hamas ».
De fortes explosions ont retenti dans la ville surpeuplée du sud, alors que les avions israéliens survolaient intensément la région.
Des sources militaires israéliennes ont qualifié l’incident de « violation la plus grave » depuis le début du cessez-le-feu, estimant qu’il « met la médiation internationale à l’épreuve ».
Avertissement américain sans précédent
Cette escalade est intervenue seulement quelques heures après un communiqué inhabituel du département d’État américain, qui a mis en garde contre des « rapports crédibles » faisant état d’une intention du Hamas de reprendre les hostilités en violation de la trêve.
Le communiqué précisait : « Les États-Unis ont informé les pays garants de l’accord de paix à Gaza qu’ils disposaient de preuves confirmant l’intention immédiate du Hamas de violer le cessez-le-feu contre la population de Gaza. Une telle attaque constituerait une violation directe des termes de l’accord et compromettrait les progrès obtenus grâce aux efforts de médiation. »
Le département d’État a ajouté : « Si le Hamas persiste dans cette voie, plusieurs mesures seront prises pour protéger les habitants de Gaza et préserver la stabilité
de la trêve. Les États-Unis et les pays garants sont déterminés à assurer la sécurité des civils et à renforcer la paix à Gaza et dans l’ensemble de la région. »
Médiation d’urgence et inquiétudes croissantes
Cette montée des tensions coïncide avec la préparation d’une mission américaine en Israël, menée par l’envoyé spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le vice-président J.D. Vance. Leur déplacement, décrit comme « critique », vise à éviter l’effondrement du cessez-le-feu.
Des sources diplomatiques ont indiqué que la visite a pour but de « prévenir l’escalade et maintenir ouverte la voie de la négociation », notamment dans un contexte de désaccord entre la Maison-Blanche et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou sur la gestion de l’après-trêve à Gaza.
Les envoyés devraient rencontrer Netanyahou et le ministre de la Défense Yoav Gallant afin de discuter de « mécanismes de contrôle sur le terrain garantissant le respect mutuel des engagements de l’accord ».
Tournant au sein du cabinet israélien
En Israël, cette attaque a provoqué une vague de réactions politiques réclamant la fin de la politique de « retenue » envers le Hamas.
Alors que le gouvernement avait jusqu’ici privilégié une approche de désescalade, un changement de ton se dessine au sein du cabinet de sécurité.
Arie Deri, jusque-là partisan de la modération, a appelé à une « riposte ferme garantissant la dissuasion ».
Gideon Saar a, pour sa part, affirmé que « le mépris des engagements doit être traité avec fermeté ».
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a exhorté Netanyahou à « ordonner une reprise totale de l’offensive militaire à Gaza pour écraser le Hamas ».
Visite à un moment critique
La visite de Witkoff et Vance intervient à un moment d’extrême sensibilité, alors que Washington tente d’empêcher l’effondrement des accords conclus grâce à la médiation internationale.
Malgré les déclarations diplomatiques prônant « la stabilité et la coordination sécuritaire », des sources politiques israéliennes ont révélé que « l’objectif réel de la visite est d’éviter une explosion sur le terrain avant la mise en place d’un mécanisme durable de gestion de la situation à Gaza ».