Politique

Destruction massive à Gaza lors du retour de milliers de déplacés


L’armée israélienne appelle les habitants de Gaza à éviter d’entrer dans les zones placées sous son contrôle.

Des milliers de Palestiniens déplacés ont commencé à retourner dans leurs maisons abandonnées et détruites à Gaza, après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le mouvement de résistance islamique palestinien Hamas, et le début du retrait partiel des forces israéliennes de certaines zones du territoire. Le secteur, ravagé par deux années de guerre implacable menée par l’État hébreu, compte environ 80 000 morts et des milliers de déplacés.

D’immenses foules de réfugiés ont afflué vers le nord, en direction de la ville de Gaza — la plus grande agglomération urbaine du territoire —, récemment ciblée par l’une des offensives israéliennes les plus violentes depuis le début de la guerre.

« Dieu merci, notre maison tient encore debout… mais tout autour, c’est la destruction totale. Les maisons de notre quartier sont démolies, des blocs entiers ont disparu », a déclaré Ismaïl Zaïda, 40 ans, dans le quartier de Cheikh Radwane à Gaza.

L’armée israélienne a confirmé l’entrée en vigueur du cessez-le-feu à midi, heure locale (09h00 GMT). Le gouvernement israélien avait approuvé l’accord avec le Hamas dans la nuit de jeudi à vendredi, ouvrant la voie à un retrait partiel des troupes et à la suspension des hostilités dans les 24 heures.

Selon les termes de l’accord, le Hamas doit libérer vingt otages israéliens vivants dans les 72 heures, tandis qu’Israël s’engage à relâcher 250 prisonniers palestiniens purgeant de longues peines, ainsi que 1 700 autres détenus arrêtés à Gaza pendant la guerre.

Le représentant spécial américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a indiqué que l’armée israélienne avait ainsi achevé la première phase de son retrait, déclenchant le décompte du délai fixé pour la libération des otages.

Dès la mise en œuvre de l’accord, des camions chargés d’aide alimentaire et médicale doivent entrer dans le territoire pour secourir les habitants, dont des centaines de milliers vivent désormais sous des tentes après la destruction de leurs maisons et la réduction de villes entières en ruines.

La première phase du plan du président américain Donald Trump visant à mettre fin à deux années de guerre à Gaza prévoit le retrait des troupes israéliennes de plusieurs zones urbaines clés, tout en maintenant le contrôle sur environ la moitié du territoire.

Dans une allocution télévisée, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a affirmé que les forces israéliennes resteraient dans la bande de Gaza afin d’assurer son désarmement et de priver le Hamas de ses armes lors des prochaines étapes du plan Trump. « Si cela se fait par la voie facile, tant mieux. Sinon, ce sera par la voie difficile », a-t-il déclaré.

Le porte-parole de l’armée israélienne, le général de brigade Evi Dvieren, a exhorté vendredi les habitants de Gaza à éviter les zones toujours sous contrôle israélien.

Des habitants de Khan Younès, au sud du territoire, ont rapporté à Reuters que certaines unités israéliennes s’étaient retirées de la zone orientale proche de la frontière, bien que des tirs de chars aient encore été entendus.

Dans le camp de Nuseirat, au centre de la bande, des soldats israéliens ont démonté leurs positions et se sont dirigés vers la frontière, mais d’autres unités sont restées en place après des échanges de tirs survenus à l’aube.

Des troupes se sont également retirées d’une route reliant la côte méditerranéenne à la ville de Gaza. « Dès que nous avons entendu parler de la trêve et du cessez-le-feu, nous avons été heureux et nous nous sommes préparés à rentrer chez nous », a confié Mahdi Saqallah, 40 ans. « Mais il n’y a plus de maisons… tout est détruit. Pourtant, revenir sur les ruines reste une grande joie. Nous avons souffert deux ans, fuyant d’un endroit à l’autre. »

La guerre a aggravé l’isolement international d’Israël, bouleversé les équilibres au Moyen-Orient et élargi le conflit à d’autres pays de la région, notamment l’Iran, le Yémen et le Liban. Elle a aussi mis à l’épreuve les relations entre les États-Unis et Israël, Donald Trump ayant exprimé son impatience face à Netanyahou et exercé une pression pour parvenir à un accord.

Israéliens et Palestiniens ont salué l’annonce de l’accord, considérée comme la plus importante avancée vers la fin du conflit, qui a coûté la vie à plus de 67 000 Palestiniens et visait également à libérer les otages capturés par le Hamas lors de son attaque surprise du 7 octobre 2023, à l’origine de la guerre.

Si l’accord est pleinement exécuté, il pourrait rapprocher les deux parties d’un arrêt durable des hostilités plus que toute tentative antérieure. Toutefois, des incertitudes demeurent, notamment l’absence de publication de la liste des prisonniers palestiniens que doit libérer Israël en échange des otages.

Le Hamas cherche à obtenir la libération de plusieurs figures emblématiques de la résistance palestinienne, ainsi que de centaines de détenus arrêtés durant la campagne militaire.

Aucune décision n’a encore été prise concernant les autres étapes du plan Trump, composé de vingt points, notamment sur la future gouvernance de Gaza après la guerre et le sort du Hamas, qui refuse toujours de se désarmer.

Le ministère de l’Intérieur, dirigé par le Hamas, a annoncé vendredi le déploiement de forces de sécurité dans les zones évacuées par l’armée israélienne, précisant que « les membres de la police commenceront à se déployer dans toutes les zones évacuées afin de servir les citoyens, les assister et protéger les biens publics et privés ».

On ignore encore si les combattants du Hamas reviendront massivement dans les rues comme lors des précédentes trêves, ce qu’Israël considérerait comme une provocation.

Netanyahou fait également face à des doutes au sein de sa coalition gouvernementale, dont plusieurs membres s’opposent depuis longtemps à tout accord avec le Hamas.

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