Politique

Madagascar en crise : une unité militaire rebelle annonce la prise de contrôle de l’armée


Madagascar connaît une escalade inquiétante de sa crise politique, après qu’une unité rebelle de l’armée a annoncé dimanche avoir pris le contrôle de l’ensemble des forces armées du pays.

Le président Andry Rajoelina a qualifié les événements de « tentative en cours de s’emparer illégalement du pouvoir par la force ».

Ce mouvement militaire inattendu s’est produit après que l’unité « Capsat » – un corps spécialisé dans les services administratifs et techniques – a rejoint des milliers de manifestants réclamant la démission du gouvernement dans la capitale Antananarivo. Cette situation évoque le souvenir du soulèvement de 2009, qui avait conduit Rajoelina lui-même au pouvoir.

Déclaration militaire

Dans une déclaration filmée diffusée par les officiers de l’unité, ceux-ci ont annoncé que « toutes les décisions militaires, qu’elles concernent les forces terrestres, aériennes ou navales, émaneront désormais du quartier général de Capsat ».

Les officiers ont également affirmé leur refus d’exécuter tout ordre de tirer sur les manifestants, une allusion directe aux accusations d’usage excessif de la force par la gendarmerie ces derniers jours.

Cette évolution est intervenue après des affrontements entre les soldats rebelles et les forces de gendarmerie près d’une caserne, avant que les militaires insurgés ne pénètrent dans la capitale à bord de véhicules blindés, accueillis par des applaudissements et des signes de soutien populaire.

Appel du président à l’unité nationale

En réponse, le président Rajoelina a publié un communiqué appelant à « l’unité nationale » et à la fin des violences, soulignant que « le dialogue demeure la seule voie pour avancer et résoudre la crise actuelle ». Il a averti qu’une prise de pouvoir par la force « serait contraire à la Constitution et aux principes démocratiques ».

Reconnaissance d’erreurs par la gendarmerie

Dans une déclaration vidéo, plusieurs officiers de la gendarmerie ont reconnu avoir commis « des erreurs et des abus lors des interventions », affirmant qu’ils étaient « là pour protéger le peuple et non pour l’intimider ». Cette prise de position vise visiblement à apaiser la colère populaire et à éviter une fracture plus profonde au sein des forces de sécurité.

Le gouvernement a, de son côté, affirmé que le président Rajoelina « demeure sur le territoire national et continue de diriger les affaires du pays ». Le nouveau Premier ministre a insisté sur le fait que l’exécutif « reste solide, ouvert au dialogue et prêt à coopérer ».

Un contexte social explosif

Ces événements surviennent après plus de deux semaines de manifestations déclenchées par le mécontentement populaire face aux coupures d’eau et d’électricité, lesquelles se sont transformées en un vaste mouvement de contestation, le plus important depuis 2009.

Selon les Nations unies, au moins 22 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations le 25 septembre, tandis que les médias locaux ont rapporté deux morts supplémentaires et 26 blessés samedi.

Qui sont les soldats de Capsat ?

L’unité Capsat est basée à Soanierana, dans la périphérie d’Antananarivo. C’est la même base qui avait conduit le soulèvement militaire de 2009, ouvrant la voie à l’arrivée au pouvoir de Rajoelina.

Aujourd’hui, l’histoire semble se répéter, mais dans le sens inverse, alors que Madagascar se retrouve au bord d’un nouveau vide politique, menacée par un risque de division interne au sein de l’armée et d’instabilité durable dans cette île stratégique de l’océan Indien.

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