Politique

Matin de trêve… Gaza fait ses adieux à la guerre


Un matin calme, d’une rare sérénité, se lève sur Gaza. La trêve n’est pas encore officiellement entrée en vigueur, mais ses premiers souffles apaisants semblent déjà se répandre sur un territoire meurtri. Épuisés par des mois de bombardements et de pertes, les habitants n’ont pas attendu les démarches officielles pour laisser éclater leur soulagement et goûter à une paix qu’ils n’osaient plus espérer.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, le gouvernement israélien a approuvé la première phase du plan de paix proposé par le président américain Donald Trump pour Gaza. Cette étape prévoit notamment la libération par le Hamas de tous les otages — vivants et morts — retenus dans le territoire, la libération de prisonniers palestiniens par Israël, un cessez-le-feu, et l’acheminement d’une aide humanitaire massive vers le secteur dévasté.

Le bureau du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a annoncé : « Le gouvernement vient d’approuver un cadre visant à assurer la libération de tous les otages — qu’ils soient vivants ou morts. » Cette décision marque un tournant majeur vers la fin d’un conflit de deux ans entre Israël et le Hamas, qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué une crise humanitaire d’une ampleur sans précédent.

Selon la porte-parole du gouvernement israélien, Shosh Berdsian, l’accord entrera en vigueur dans un délai de 24 heures après son adoption officielle. Le Hamas aura ensuite 72 heures pour libérer l’ensemble des otages, avant lundi. De son côté, l’armée israélienne commencera à se retirer de certaines zones tout en maintenant le contrôle d’environ 53 % du territoire de Gaza.

La signature de l’accord a eu lieu en Égypte, où toutes les parties concernées ont paraphé la première phase du plan. Berdsian a confirmé que la version finale du texte avait été signée au Caire et qu’elle portait principalement sur la libération de tous les otages enlevés lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a déclaré que « la libération des otages doit mettre un terme à la guerre ». Toutefois, certains ministres ultranationalistes du gouvernement israélien, comme Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, ont rejeté l’accord, s’opposant catégoriquement à la libération de prisonniers palestiniens condamnés à perpétuité.

Du côté du Hamas, Khalil al-Hayya, chef des négociateurs et rescapé d’une récente tentative d’assassinat israélienne à Doha, a affirmé que le mouvement avait reçu des garanties de la part des médiateurs et de l’administration américaine que la guerre « est définitivement terminée ».

Cet accord a été le fruit de quatre jours de négociations indirectes tenues à huis clos à Charm el-Cheikh, avec la participation de médiateurs américains, égyptiens, turcs et qataris.

Pendant ce temps, Donald Trump a annoncé son intention de se rendre au Moyen-Orient dimanche, déclarant depuis le Bureau ovale : « Les otages rentreront lundi ou mardi. J’espère être sur place. Nous prévoyons de partir dimanche et j’ai hâte d’y être. » Il a précisé qu’aucun Palestinien ne serait « forcé de quitter Gaza » dans le cadre de son plan.

À Washington, des responsables américains ont indiqué que 200 militaires seraient déployés au Moyen-Orient pour superviser l’application de l’accord. L’amiral Brad Cooper, nouveau commandant du CENTCOM, dirigera cette mission, mais aucun soldat américain ne sera envoyé à Gaza. Leur rôle consistera principalement à surveiller et à garantir le respect du cessez-le-feu, ainsi qu’à coordonner la création d’une force internationale de stabilisation.

À Gaza, la population a accueilli la nouvelle dans une atmosphère de liesse. Dès les premières heures du jour, des centaines de jeunes se sont rassemblés devant l’hôpital Nasser à Khan Younès, chantant et dansant pour célébrer la fin d’un cauchemar. « Malgré nos blessures et nos pertes, nous sommes heureux. C’est une joie immense après deux ans de guerre », a déclaré Ayman al-Najjar à un journaliste de l’AFP.

À Tel-Aviv, des milliers d’Israéliens se sont réunis dans la « place des otages », espérant le retour de leurs proches. « Nous n’avons pas pu travailler aujourd’hui. C’est un moment que tout le pays attendait depuis deux ans », confiait Rachel Perry, émue.

Selon l’armée israélienne, sur les 251 personnes enlevées lors de l’attaque du 7 octobre 2023, 47 sont encore retenues à Gaza, dont au moins 25 seraient mortes.

L’offensive israélienne sur la bande de Gaza a fait des dizaines de milliers de victimes palestiniennes et plongé le territoire dans une catastrophe humanitaire. Dans une rare interview accordée à une chaîne israélienne, le président palestinien Mahmoud Abbas a salué un « grand jour » et exprimé son espoir de voir « la paix et la stabilité » régner à nouveau.

Avant même la validation de l’accord, des explosions et des tirs d’artillerie ont encore retenti jeudi soir dans le centre et le sud de Gaza. Le président égyptien

Abdel Fattah al-Sissi a exhorté Israël à « cesser le feu jusqu’à la signature officielle de l’accord », estimant que la poursuite des frappes « contredit l’esprit de la trêve ».

Selon un responsable palestinien, les otages vivants seront échangés contre environ 2 000 prisonniers palestiniens, parallèlement à un retrait militaire progressif et à l’ouverture du territoire à l’aide humanitaire.

Lors d’un appel téléphonique, Benyamin Netanyahou a remercié Trump pour son rôle « déterminant » dans l’obtention de la trêve, affirmant qu’il « mériterait le prix Nobel de la paix ».

Une deuxième phase du plan Trump sera engagée immédiatement après la mise en œuvre de la première. Elle prévoit notamment la création d’un comité technocratique palestinien pour administrer Gaza, sous la supervision d’un « Conseil pour la paix » présidé par Trump et incluant Tony Blair, mais sans participation du Hamas. Ce dernier a déjà rejeté cette proposition.

Trump a ajouté que le désarmement du Hamas serait une condition essentielle de la deuxième phase. Le mouvement islamiste, tout en acceptant le principe d’un cessez-le-feu et la libération des otages, refuse pour l’instant toute discussion sur la remise de ses armes.

Deux trêves précédentes, en novembre 2023 et début 2025, avaient déjà permis des échanges limités de prisonniers et d’otages. Celle-ci, plus structurée, pourrait enfin marquer la fin de l’un des conflits les plus longs et les plus meurtriers de la région.

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