L’avion qui ne meurt jamais : le F-117 reprend son envol 17 ans après sa mise à la retraite

Plus de dix-sept ans après son retrait officiel, le mythique chasseur furtif F-117 « Nighthawk » continue de remplir diverses missions au sein de l’armée de l’air américaine, confirmant que sa légende dans le monde de l’aviation militaire est loin d’être éteinte.
Bien que l’appareil ait été officiellement retiré du service en 2008, il n’a jamais totalement disparu des cieux. Le magazine spécialisé The Aviationist a récemment révélé l’apparition rare de deux F-117 en plein ravitaillement en vol par un Boeing KC-46 Pegasus au-dessus de Los Angeles au début de la semaine. Les avions se dirigeaient vers le sud-ouest, vraisemblablement en route vers les zones d’entraînement au tir situées au large des côtes de la Californie, probablement dans la zone maritime de Point Mugu.
Le photographe aérien indépendant Matt Hartman, connu pour immortaliser des appareils rares dans le ciel californien, a documenté la scène et publié les images sur son compte de la plateforme X (anciennement Twitter).
Les données de suivi des vols ont confirmé que l’avion ravitailleur avait décollé de la base aérienne de McConnell, au Kansas, avant de rejoindre les F-117 au nord de la base d’Edwards.
Une retraite… active pour un chasseur légendaire
Malgré son retrait officiel il y a plus de 17 ans, le F-117 n’a jamais cessé de voler de manière intermittente. Conçu dans les années 1970 pour les missions d’attaque furtive, cet avion monoplace bimoteur reste impliqué dans des tests et des missions spéciales au sein de l’US Air Force.
Certaines sources non confirmées affirment qu’il aurait participé secrètement à des opérations au Moyen-Orient en 2015, bien que le Pentagone n’ait jamais confirmé ces informations. En mars 2024, l’armée de l’air américaine a annoncé qu’elle expérimentait le ravitaillement en vol du F-117 avec son plus récent avion ravitailleur, le KC-46A Pegasus, ce qui explique probablement les observations récentes.
Ces essais visent principalement à maintenir la capacité opérationnelle de l’appareil pour des missions d’entraînement et de recherche, et non à le réintroduire dans des opérations de combat.
Bien qu’il soit officiellement « retraité », le F-117 continue d’occuper un rôle stratégique et technologique essentiel, notamment pour tester les radars et capteurs capables de détecter les avions furtifs adverses. Ces missions nécessitent des vols de longue durée et donc un ravitaillement en vol régulier.
Un design ancien, une valeur stratégique renouvelée
Malgré ses lignes angulaires qui lui donnent une allure futuriste, le F-117 est un produit de la guerre froide : il fut conçu dans les années 1970, à une époque dominée par les films de Star Wars et la mode du disco.
Entré en service dans les années 1980 dans le cadre d’un des programmes les plus secrets de l’histoire aéronautique, il fut le premier chasseur au monde conçu entièrement selon les principes de la furtivité.
Si ses technologies de dissimulation radar sont désormais dépassées par celles des chasseurs modernes F-22 Raptor et F-35 Lightning II, le F-117 reste encore difficile à détecter par de nombreux radars contemporains.
Il est donc utilisé aujourd’hui comme plateforme d’entraînement idéale pour tester les systèmes de défense antimissile et les capteurs de détection d’avions furtifs.
Selon l’analyste militaire américain Brandon Weichert, « les technologies de furtivité du F-117 peuvent paraître anciennes face à celles des chasseurs de cinquième génération, mais elles demeurent bien plus avancées que celles de nombreux avions conventionnels. C’est pourquoi l’US Air Force le considère toujours comme un outil d’entraînement précieux pour les pilotes destinés à opérer sur les avions furtifs les plus récents ».
De la “zone 51” à la “zone 52”
Les vols du F-117 sont désormais coordonnés depuis le site d’essais de Tonopah, dans le Nevada, surnommé la « zone 52 » en raison du secret qui l’entoure, comparable à celui de la célèbre « zone 51 », située à environ 110 kilomètres plus au sud-est.
Il est prévu que l’avion reste en « retraite partielle » jusqu’au milieu des années 2030, laissant aux passionnés d’aviation encore de nombreuses occasions d’apercevoir cette icône dans le ciel du sud-ouest des États-Unis.
Pour ceux qui n’auront pas cette chance, six exemplaires du F-117 sont actuellement exposés dans différents musées américains, témoignant de l’héritage durable d’un avion devenu symbole du secret et de la supériorité technologique américaine.