Politique

À quelques heures des sanctions… L’Iran proteste contre le mécanisme de déclenchement européen et rappelle ses ambassadeurs


À la veille de l’entrée en vigueur des sanctions onusiennes, l’Iran a convoqué ses ambassadeurs en Allemagne, en France et au Royaume-Uni pour consultations, en signe de protestation contre la décision européenne de réactiver le mécanisme de sanctions.

Selon les médias locaux, Téhéran a rappelé ses représentants diplomatiques dans ces trois pays après l’annonce par Londres, Paris et Berlin du recours à la procédure dite de « déclenchement » permettant de réimposer les sanctions des Nations unies.

Samedi, la télévision officielle iranienne a rapporté que « suite à la démarche irresponsable des trois pays européens visant à réactiver des résolutions annulées du Conseil de sécurité, les ambassadeurs d’Iran en Allemagne, en France et au Royaume-Uni ont été rappelés à Téhéran pour consultations ».

Le retour des sanctions

Le rétablissement des sanctions onusiennes contre l’Iran apparaît désormais inévitable, après le rejet par le Conseil de sécurité d’une proposition de report, malgré la reprise des inspections menées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur les sites nucléaires iraniens.

Vendredi, dans un dernier effort, le Conseil a voté un projet de résolution visant à prolonger de six mois l’accord de 2015, dit Plan d’action global commun (JCPOA), jusqu’au 18 avril 2026. Mais le texte, présenté par la Chine et la Russie, a été rejeté par neuf membres sur quinze, soutenu par quatre, tandis que deux se sont abstenus.

À l’issue du vote, la représentante britannique à l’ONU, Barbara Woodward, a confirmé que « les sanctions des Nations unies visant la prolifération nucléaire iranienne seront rétablies d’ici la fin du week-end ». L’ambassadeur français, Jérôme Bonnafont, a regretté que « l’Iran persiste dans son refus » et n’ait présenté « aucune initiative concrète et crédible ».

En conséquence, le Conseil de sécurité poursuit l’activation du mécanisme de « snapback », rétablissant l’ensemble des sanctions d’ici samedi minuit (GMT).

Une décision « illégale » selon Téhéran

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a jugé le rétablissement des sanctions « nul et non avenu sur le plan juridique ».

Devant le Conseil de sécurité, il a qualifié le recours au mécanisme de déclenchement de décision « illégale, politiquement irresponsable et entachée de vices de procédure ». À la presse, il a ajouté : « L’Iran ne cédera jamais à la pression. Nous ne répondons qu’au respect. Le choix est clair : escalade ou diplomatie ».

Le vice-ambassadeur russe Dmitri Polianski a dénoncé une « mascarade de mensonges et de tromperies », estimant qu’« il ne s’agit pas de diplomatie ». Moscou a déjà fait savoir qu’elle n’appliquerait pas ces sanctions.

Pas de retrait du TNP

Vendredi, le président iranien Massoud Pezeshkian a affirmé que son pays n’avait pas l’intention de se retirer du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), même en cas de rétablissement des sanctions.

En marge de l’Assemblée générale des Nations unies, il a accusé les grandes puissances de « chercher un prétexte superficiel pour enflammer la région », tout en reprochant à l’administration Trump d’avoir manqué de sérieux dans les négociations nucléaires avant l’attaque israélienne contre l’Iran.

Les Européens insistent cependant sur le fait que le retour des sanctions ne signifie pas la fin des efforts diplomatiques. La représentante britannique a évoqué la possibilité de les lever « dans l’avenir », si un accord solide et vérifiable était trouvé.

De son côté, Jérôme Bonnafont a souligné que ces sanctions devaient être perçues comme un « levier » pour parvenir à un « accord fort, durable et vérifiable » sur le programme nucléaire iranien.

Les discussions se sont multipliées en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, notamment lors d’une rencontre entre Emmanuel Macron et Massoud Pezeshkian, pour tenter de trouver une issue diplomatique.

Les Européens exigent de Téhéran un accès complet de l’AIEA aux installations nucléaires, la reprise des négociations incluant Washington, et la mise en place de garanties sur la sécurité des stocks d’uranium enrichi.

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