Exportation de drones marins : l’arme de Kiev pour étendre son influence internationale

Dans une nouvelle étape de son développement industriel et de son renforcement diplomatique, l’Ukraine a annoncé sa volonté de commencer à exporter certains de ses armements, en particulier des drones marins qui ont démontré leur efficacité pour neutraliser une partie de la flotte russe en mer Noire.
Singulière en temps de guerre, cette initiative — rapportée par Business Insider — est perçue à Kiev comme un levier simultané de renforcement militaire, économique et diplomatique.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a précisé que ces exportations ne concerneraient que les équipements produits en surplus par rapport aux besoins nationaux, citant notamment des vedettes marines télépilotées et des armes antichars. Il a ajouté que les recettes tirées de ces ventes seraient réinvesties dans le développement et la production de drones aériens, qualifiés par l’armée ukrainienne d’« armes les plus demandées sur les fronts ».
Zelensky a insisté sur le fait que la priorité resterait l’approvisionnement des combattants et le maintien de stocks suffisants à l’intérieur du pays, tout en prenant des mesures pour empêcher que la technologie ukrainienne ne tombe entre les mains de l’ennemi : « En temps de guerre, personne ne veut prendre de risques, mais nous avons besoin de ressources pour produire les armes essentielles pour le front, en tête desquelles les drones. »
De nouvelles plates-formes d’exportation
Le président a annoncé le lancement prochain de trois plates-formes d’exportation ciblant les États-Unis, l’Europe et d’autres partenaires. Il a souligné que Kyiv n’entendait pas offrir des « mains tendues gratuites », mais collaborer avec les États qui ont soutenu son indépendance et aidé son effort face à la Russie.
Ce tournant représente une évolution importante de la politique ukrainienne d’exportation, auparavant très restrictive. Les responsables de l’industrie de défense estiment que l’ouverture à l’export favorisera l’innovation, optimisera les capacités de production et réduira les coûts, avec un impact direct sur la puissance opérationnelle des forces armées.
Une montée en puissance de la production locale
Selon le rapport, l’industrie de défense ukrainienne a connu une accélération pendant le conflit : la part d’équipements fabriqués localement est passée à 30 % du matériel utilisé par l’armée l’année dernière, et Zelensky vise 50 % d’ici la fin 2025.
Les autorités reconnaissent cependant que la capacité de production excède les limites imposées par le budget de la défense, rendant l’exportation une option logique pour rentabiliser ces capacités.
Les drones marins : un changement d’équation
Les vedettes marines télépilotées « suicidaires » ont joué un rôle décisif contre la flotte russe : attaques directes, lancement de missiles, collecte de renseignements, pose de mines — autant de missions qui ont permis à l’Ukraine d’exercer une pression offensive en mer malgré l’absence d’une flotte conventionnelle.
Associés à des missiles et autres systèmes, ces drones ont contraint la Russie à retirer une part notable de ses forces navales du littoral de la mer Noire, une évolution stratégique majeure obtenue à un coût nettement inférieur à celui d’un engagement de navires de guerre.
Un intérêt croissant au sein de l’OTAN
Les succès ukrainiens ont attiré l’attention des alliés de l’OTAN. Des entreprises occidentales développent des technologies comparables, des marines européennes testent des drones marins dans la mer Baltique, et l’armée américaine évalue leurs potentialités offensives tout en formant ses bâtiments à contrer ce type de menaces.
Le général Christopher Cavoli, commandant suprême allié en Europe, a décrit l’emploi par l’Ukraine de ces vedettes comme « un indicateur de la nature des conflits à venir », soulignant que les systèmes sans pilote joueront un rôle majeur dans les batailles navales futures.