11 ans après la Nakba du Yémen : la chute des Houthis a-t-elle commencé ?

Onze ans après la « Nakba » du Yémen, marquée par la prise de Sanaa par les Houthis en septembre 2014, le mouvement semble aujourd’hui menacé d’effondrement.
Les milices houthis traversent leurs heures les plus sombres : la majorité de leurs dirigeants vivent cachés par crainte de frappes israéliennes, tandis que le groupe a échoué à former un gouvernement pour administrer les territoires sous son contrôle, après la mort de nombreux cadres lors de bombardements israéliens il y a environ un mois.
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La peur des raids israéliens, combinée aux frappes américaines antérieures et au classement du groupe comme organisation terroriste étrangère, a paralysé les capacités politiques et économiques des Houthis.
L’anniversaire de cette prise de pouvoir, le 21 septembre, coïncide avec un exode massif des banques et organisations vers les zones contrôlées par le gouvernement yéménite reconnu internationalement. À cela s’ajoutent des sanctions internationales sévères, autant de facteurs qui, selon des observateurs, menacent directement la survie du mouvement.
Certains analystes estiment que les Houthis pourraient connaître un « effondrement silencieux », marqué par une lente érosion de leur autorité, sous la pression économique et à la faveur d’une issue militaire.
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Le début de l’effondrement
L’expert militaire yéménite, le général Abdulsamad al-Majzafi, affirme que l’anniversaire de la « Nakba » du 21 septembre 2014 survient cette année alors que « les Houthis vivent le début de leur effondrement, particulièrement après que la communauté internationale, huit ans après leur ascension et leurs excès, a reconnu qu’ils représentent une menace pour la paix mondiale et a commencé à les combattre de différentes manières ».
Selon lui, ces moyens incluent le classement du groupe comme organisation terroriste, la réduction de ses financements, l’interdiction d’entrée des devises étrangères dans les zones qu’il contrôle, ainsi que le transfert des agences onusiennes et des ONG vers Aden, capitale provisoire du pays.
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Le général souligne que « l’isolement actuel des Houthis est manifeste et ses effets sont visibles », ajoutant que leur fin est proche : « Les Yéménites connaissent bien la réalité de ce mouvement, héritiers des idéaux de la révolution du 26 septembre 1962. Ils sont déterminés à préserver ces valeurs, par la guerre ou par la paix, jusqu’à ce que cette milice disparaisse. »
Il rappelle également que « le mouvement houthi a violé les droits, pillé les richesses, commis des meurtres et des exactions contraires à toutes les valeurs humaines, morales et religieuses, ce qui a nourri une colère populaire croissante à l’intérieur du pays ».
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Malgré onze années de guerre, souligne-t-il, les efforts internationaux pour amener les Houthis à la paix ont échoué, tandis que la milice a ouvert de nouveaux fronts, notamment en ciblant les voies de navigation internationales et en attaquant Israël sous prétexte de soutenir Gaza, plongeant davantage le Yémen dans le chaos et la destruction.
Vers une issue de terrain
De son côté, l’analyste politique yéménite Adonis al-Dukhayni considère que la milice attend désormais « une issue de terrain en cours de préparation au Yémen ».
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Il note que « sur le plan interne, toutes les banques ont migré vers Aden, le riyal yéménite a retrouvé une certaine stabilité face aux devises étrangères, et l’objectif est clair : asphyxier les Houthis économiquement, surtout après la destruction des ports de Hodeïda et l’imposition de lourdes sanctions contre des sociétés appartenant à leurs dirigeants ».
Il évoque également le renforcement des inspections des navires se dirigeant vers Hodeïda et l’escalade du mécontentement populaire, particulièrement dans les tribus. Face à cela, les Houthis n’ont pas caché leur inquiétude et ont tenté de la contenir par des menaces récurrentes contre les chefs tribaux.
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Sur le plan externe, l’analyste souligne que « la perception internationale des Houthis a changé, avec leur réinscription sur la liste des sanctions américaines et les appels croissants à mettre fin à la mission onusienne d’appui à l’accord de Hodeïda et à l’accord de Stockholm ».
Enfin, il conclut qu’« il existe une volonté locale, régionale et internationale de profiter du nouveau contexte géopolitique, marqué par la redéfinition du rôle de Téhéran au Liban, en Syrie et potentiellement bientôt en Irak et au Yémen, ainsi que par le repli iranien après les récentes opérations israéliennes et américaines. Tout cela offre une opportunité réelle d’accélérer l’effondrement de la milice houthie sur tous les plans ».