Syrie après al-Assad : l’armée nouvelle deviendra-t-elle une autre version de Daech ?

La Syrie a connu cette semaine un nouvel épisode de violence confessionnelle, après la diffusion d’une vidéo montrant l’assassinat d’un secouriste bénévole dans l’hôpital de Soueïda par des hommes armés liés au gouvernement intérimaire dirigé par Ahmed al-Charaa.
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La séquence, publiée par la chaîne « Soueïda 24 », documente l’irruption de combattants dans l’hôpital principal de la province, où des dizaines de corps ont ensuite été découverts à l’intérieur du bâtiment.
Ce massacre sanglant a ravivé le débat sur la nature du régime en place depuis la chute du régime d’al-Assad en décembre 2024, désormais dominé par des forces islamistes sunnites, selon un rapport détaillé du Centre arabe de recherches.
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Le rapport souligne que les événements de Soueïda ne sont pas un cas isolé mais constituent la troisième vague de violences confessionnelles massives en seulement huit mois : la première en mars dernier, où plus de mille personnes ont été massacrées dans des zones alaouites du littoral ; la seconde en avril, avec une centaine de victimes druzes à Damas après la diffusion d’un message insultant attribué faussement à un religieux druze.
Les schémas récurrents sont clairs : les cibles sont toujours des minorités, et les auteurs appartiennent à des groupes islamistes sunnites liés directement ou indirectement au gouvernement de Damas.
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Cette réalité soulève des interrogations fondamentales sur la différence réelle entre l’expérience d’Ahmed al-Charaa et de Hayat Tahrir al-Cham et celle des précédents régimes jihadistes, telle que la « califat de Daech », qui s’était effondré rapidement sous le poids de sa brutalité et de son incapacité à bâtir des alliances.
Plus inquiétant encore, Hayat Tahrir al-Cham, malgré des différences tactiques, a intégré dans l’ossature de la nouvelle armée des factions islamistes et jihadistes moins disciplinées et plus sanguinaires.
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Des rapports académiques ont révélé la nomination à des postes de commandement de figures connues pour leur passé confessionnel violent, telles que Mohammad al-Jassem et Sayf Abu Bakr, ainsi que vingt-deux autres chefs issus de milieux jihadistes. Ces choix nourrissent la crainte de voir l’armée se transformer en instrument institutionnalisé de reproduction de la violence confessionnelle sous couvert étatique.
En réaction, le Conseil démocratique syrien a organisé à Hassaké une conférence réunissant Kurdes, Druzes et Alaouites, afin de tenter de créer un front politique transcommunautaire.
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Si aucune dimension sécuritaire n’a été officiellement annoncée, certains analystes y voient une première étape vers une coalition de contrepoids, au cas où les exactions confessionnelles du nouvel appareil militaire se poursuivraient.
Ainsi, la Syrie post-Assad semble piégée entre un système jihadiste qui cherche à consolider son autorité par la force et le sang, et des forces locales qui s’efforcent de construire une alternative capable de préserver l’État d’une dérive vers un bain de sang généralisé.
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