Grand Maghreb

Al-Ghariani : la réunion de Rome a discuté de l’installation de déplacés de Gaza en Libye


Le mufti de Libye, Cheikh al-Sadeq al-Ghariani, a lancé un avertissement sévère au sujet de ce qu’il a décrit comme des « informations dangereuses » qui lui seraient parvenues. Celles-ci concernent une rencontre tenue à Rome, ayant réuni Ibrahim al-Dbeibah, conseiller à la sécurité nationale du gouvernement d’unité nationale, et Saddam Haftar, fils du maréchal Khalifa Haftar, en présence d’un responsable américain présenté comme Massad Boulos, conseiller du président des États-Unis. Selon al-Ghariani, au-delà de l’annonce officielle qui présentait cette réunion comme une discussion sur la « stabilité en Libye », il aurait été également question d’une demande américaine d’accueillir sur le sol libyen des Palestiniens déplacés de Gaza.

Dans une intervention sur la chaîne al-Tanasuh, affiliée à la Dar al-Ifta libyenne, al-Ghariani a affirmé que ces informations, si elles s’avéraient exactes, constitueraient un grave affront au peuple libyen. Il a exhorté le gouvernement d’unité nationale à clarifier publiquement sa position et à rejeter catégoriquement un tel scénario.

La déclaration du mufti, connu pour sa proximité avec les milieux islamistes et pour des positions alignées sur celles de la mouvance des Frères musulmans en Libye, intervient dans un contexte politique déjà tendu. Elle est interprétée par plusieurs observateurs comme une tentative de freiner un éventuel rapprochement politique entre l’est et l’ouest du pays, alors que des signaux de dialogue discret entre Abdelhamid al-Dbeibah et Khalifa Haftar circulent depuis plusieurs semaines sous médiation internationale.

Du côté des factions islamistes de Tripoli et de l’ouest libyen, une inquiétude grandissante se manifeste face à la perspective d’un accord politique qui pourrait redéfinir le partage du pouvoir et réduire leur influence. Dans ce cadre, certains analystes estiment que l’évocation de la cause palestinienne par al-Ghariani sert à mobiliser l’opinion publique et à fragiliser un processus de rapprochement menaçant pour les équilibres actuels.

Le mufti a insisté sur le fait que la Libye, déjà accablée par des crises économiques, sécuritaires et sociales, ne pouvait en aucun cas devenir un terrain d’implantation forcée pour les Palestiniens. Selon lui, la responsabilité morale et religieuse exige de soutenir le peuple palestinien dans sa lutte pour demeurer sur sa terre, et non de participer à son déplacement ou à son implantation loin de la Palestine.

Cette controverse surgit alors que la situation humanitaire à Gaza se dégrade rapidement et que circulent, à l’échelle internationale, des propositions controversées visant à reloger des réfugiés palestiniens dans d’autres pays de la région. En Libye, où la scène politique reste polarisée, de telles informations ravivent la méfiance et suscitent de vives réactions.

Aucune confirmation ni démenti officiels n’ont été publiés à ce stade par les parties directement concernées par la rencontre de Rome, laissant planer le doute et alimentant les spéculations au sein de l’opinion publique libyenne.

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