Qatar met en garde contre un nouveau plan de Netanyahu visant à violer sa souveraineté

Le ministère des Affaires étrangères du Qatar a fermement condamné mercredi soir les déclarations qualifiées d’« irresponsables » du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui contenait selon lui des « menaces explicites de futures violations de la souveraineté de l’État », tout en dénonçant ses propos sur l’accueil par Doha d’un bureau du mouvement Hamas.
Le communiqué officiel affirme que le Qatar « travaillera avec ses partenaires afin de garantir que le Premier ministre israélien soit tenu pour responsable et que ses pratiques téméraires et irresponsables cessent ». Cette réaction intervient à la suite du discours de Netanyahu, qui a menacé le Qatar et d’autres pays hébergeant des dirigeants du Hamas, les appelant à les expulser ou à les livrer, faute de quoi Israël « agirait elle-même ».
Doha a rappelé que l’ouverture du bureau du Hamas sur son sol s’inscrivait exclusivement dans le cadre de missions de médiation qui avaient été demandées par les États-Unis et Israël eux-mêmes. Le ministère a souligné que Netanyahu « sait pertinemment que ce bureau a joué un rôle crucial dans la réussite de nombreux échanges et accords de cessez-le-feu, salués par la communauté internationale, et qui ont contribué à réduire les souffrances des civils palestiniens ainsi que des prisonniers israéliens ».
Le communiqué insiste également sur le fait que les négociations étaient menées de manière officielle, publique, avec l’appui de délégations américaines et israéliennes. L’accusation de Netanyahu selon laquelle le bureau du Hamas aurait été hébergé en secret est qualifiée de « tentative désespérée de justifier une attaque condamnée par la communauté internationale ».
Le Qatar a par ailleurs rejeté la comparaison faite par Netanyahu entre l’accueil du Hamas à Doha et la traque d’Al-Qaïda après les attentats du 11 septembre 2001. Selon le ministère, « il s’agit d’une analogie fallacieuse et trompeuse », rappelant que le Hamas avait participé à des négociations officielles avec la médiation des États-Unis, ce qui n’a jamais été le cas pour Al-Qaïda.
Parallèlement, le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani, a averti que la tentative d’Israël d’assassiner des responsables du Hamas à Doha risquait d’avoir des conséquences graves sur le dossier des otages à Gaza. Dans une interview à CNN, il a déclaré : « Je pense que ce qu’a fait Netanyahu hier a détruit tout espoir pour ces otages », ajoutant qu’il venait de rencontrer une famille concernée qui ne comptait plus que sur la médiation qatarie.
Le ministère a enfin rappelé que le discours de Netanyahu reflète une stratégie politique interne, basée sur un langage extrémiste et électoraliste, cherchant à détourner l’attention de ses difficultés judiciaires et de son isolement croissant sur la scène internationale.
La diplomatie qatarie a assuré que Doha, malgré les attaques verbales et politiques, « continuera d’assumer son rôle de partenaire fiable et impartial pour consolider la sécurité et la stabilité régionales et internationales ». Elle a ajouté qu’elle « prendrait toutes les mesures nécessaires pour défendre sa souveraineté et son territoire » et qu’elle « œuvrera avec ses alliés à la mise en place de mécanismes de responsabilité internationale ».
Enfin, le ministère a réaffirmé l’engagement du Qatar envers le droit international et la Charte des Nations unies, appelant la communauté internationale à « rejeter le discours incitatif et islamophobe de Netanyahu et à mettre un terme aux tentatives de manipulation politique qui sapent les efforts de médiation et retardent la paix ».
L’armée israélienne a revendiqué mardi une frappe aérienne à Doha contre la direction du Hamas, sans en préciser le résultat. Le Qatar a dénoncé un « acte d’agression » qui a coûté la vie à un membre de ses forces de sécurité intérieure. De son côté, le Hamas a annoncé que son chef négociateur à Gaza, Khalil al-Hayya, avait échappé à la tentative d’assassinat, mais que son directeur de cabinet, Jihad Labad, son fils Hammam al-Hayya et trois autres compagnons avaient été tués.