Réunion du cabinet sans trêve… escalade à Gaza et projets d’annexion en Cisjordanie

De Gaza à la Cisjordanie, la dernière réunion du « cabinet » israélien trace une feuille de route dominée par des choix militaires et coloniaux, au détriment de toute perspective politique.
Malgré les pressions internationales et les options de négociation disponibles, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et son conseil de sécurité restreint ont choisi de concentrer leurs efforts sur l’élargissement des opérations militaires à Gaza et sur la discussion d’une possible annexion de parties de la Cisjordanie, en ignorant totalement la question de la trêve et de l’échange de prisonniers.
Selon ce qu’a rapporté le site « Times of Israel », la réunion a abordé la prise de contrôle imminente de la ville de Gaza et l’éventualité d’imposer la souveraineté israélienne sur la Cisjordanie, en laissant de côté la proposition de cessez-le-feu et l’accord d’échange de prisonniers que le Hamas avait approuvé il y a environ deux semaines.
Un absent qui suscite des interrogations
Des médias israéliens ont indiqué que le général de réserve Nitzan Alon, principal responsable des négociations sur la libération des otages et chef de l’unité du renseignement militaire concernant les prisonniers et disparus, n’a pas été convié à la réunion. Le conseil avait décidé de ne pas discuter des négociations sur l’accord, rendant sa présence inutile.
À la place, les discussions se sont concentrées sur l’élargissement de l’opération militaire à Gaza et sur la recherche d’un accord global qui mettrait fin à la guerre selon les conditions israéliennes et garantirait la libération de tous les otages.
La chaîne publique « Kan » a néanmoins rapporté qu’au milieu des inquiétudes sur le sort des otages dans le cadre de l’opération planifiée pour prendre le contrôle de la ville de Gaza ce mois-ci, des équipes de la direction des prisonniers et disparus participeront à l’offensive.
Avant la réunion, la chaîne 12 a cité des sources anonymes affirmant que le président américain Donald Trump accentuait sa pression sur Netanyahou pour accélérer la défaite du Hamas, ayant perdu confiance dans l’efficacité des négociations sur la trêve et la libération des otages.
Des analystes estiment que cette position américaine est l’un des principaux facteurs poussant Netanyahou vers un choix de victoire militaire totale ou vers un accord global exclusivement aux conditions israéliennes, malgré l’opposition de certains responsables sécuritaires qui préfèrent accepter l’accord partiel actuellement sur la table.
Parallèlement, des médias israéliens ont rapporté dimanche que les autorités avaient commencé à démonter les murs de béton de protection dans le kibboutz Nahal Oz, signe d’une réduction significative de la menace venant de Gaza vers les localités frontalières.
Il est également prévu de rouvrir une partie de la route 25 menant au kibboutz, fermée depuis cinq ans.
Le député Zeev Elkin, chargé de la réhabilitation des zones frontalières touchées par la guerre, a déclaré que « l’ouverture de la route 25 vers Nahal Oz ne représente pas seulement une rénovation des infrastructures, mais aussi le retour à une vie normale ». Il a ajouté que cette étape « renforce la confiance des habitants dans leur retour et dans l’avenir de la région ».
La question de l’annexion
Avant la réunion, plusieurs ministres de l’extrême droite avaient appelé à l’annexion de parties de la Cisjordanie.
Le site américain « Axios » a révélé que l’ampleur et le sort de ce projet dépendaient largement de la position de l’administration américaine de Donald Trump.
L’ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, a déclaré : « Je ne sais pas à quel point le plan d’annexion sera global. Je ne suis pas sûr non plus qu’il existe une vision commune au sein du gouvernement israélien concernant les zones à annexer ou leur étendue ».
Il a ajouté : « Ce que prévoient de faire les Européens pousse de plus en plus d’Israéliens à penser qu’ils devraient commencer à parler de l’annexion de certaines parties de la Judée-Samarie », utilisant le terme biblique pour désigner la Cisjordanie.
Selon un responsable européen cité par le site, le ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, a indiqué à une conseillère du président français Emmanuel Macron que le plan consistait à annexer la zone C dans son intégralité, soit environ 60 % de la Cisjordanie, où Israël contrôle la sécurité et les affaires civiles et où se trouvent toutes les colonies.
Il s’agirait de l’option la plus extrême, selon un haut responsable israélien, tandis que d’autres scénarios incluraient seulement l’annexion des colonies et de la vallée du Jourdain (30 % de la Cisjordanie), ou uniquement des colonies et des routes d’accès (10 % du territoire).
Récemment, Israël a également approuvé un projet de colonisation présenté par le ministre des Finances Bezalel Smotrich, prévoyant la construction de 3 400 logements dans la zone sensible dite E1, entre Jérusalem et la colonie de Maale Adumim, avec l’objectif déclaré d’empêcher la création d’un État palestinien.
Depuis des années, la pression internationale avait gelé tout projet dans cette zone, les critiques estimant qu’une telle expansion couperait la Cisjordanie en deux, la séparant de Jérusalem-Est, et annihilerait ainsi toute perspective de solution à deux États.